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Métronome

Métronome

Titel: Métronome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lorànt Deutsch
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bien supérieure à celle des autres villes du royaume : n’a-t-elle pas l’habitude, elle, de croiser sur le sol boueux des rues le roi Clotaire, la reine Bertrude et leur fils le prince Dagobert ? Cette proximité avec la grandeur royale grandit un peu tous les habitants de la ville, ou du moins ceux-ci le pensent-ils et le font-ils croire !
    D’ailleurs, d’autres régions se montrent envieuses et veulent aussi un roi à demeure. Il faut céder, et Clotaire envoie son fils Dagobert en Austrasie. Le jeune homme de vingt-trois ans connaît les affaires de l’État puisqu’il joue un rôle de conseiller efficace auprès de son père depuis plusieurs années. Mais maintenant tout change pour lui : il lui faut quitter Paris et gagner Metz, sa petite capitale, pour administrer les terres de l’Est. Durant sept ans, Dagobert occupe ainsi la fonction de roi en second, jusqu’à la mort de son père, qui s’éteint à l’âge de quarante-cinq ans, en octobre 629. Dès l’annonce de cette disparition, Dagobert quitte Metz pour venir assister aux funérailles royales en la basilique Saint-Vincent-Sainte-Croix, où reposent déjà le roi Childebert, arrière-grand-oncle du défunt, ainsi que le roi Chilpéric, son père.
    Sous le chœur de l’église, on a retrouvé de nombreux gisants gothiques de rois du XII e siècle. Celui de Childebert, mis au jour en superbe état, le plus ancien gisant conservé en France, a été déposé à Saint-Denis.
    Dagobert ne retournera pas en Austrasie. Il s’installe au palais de la Cité, et c’est tout naturellement lui qui ceint la couronne franque. Une couronne un peu rognée… car Dagobert a un demi-frère nommé Caribert II, un garçon légèrement débile, mais ce handicap n’empêche pas la maisonnée mérovingienne d’être, une fois de plus, divisée sur la succession. Brodulf, oncle maternel de Caribert, personnage retors et ambitieux, exige pour son cher neveu la moitié de l’héritage. D’ailleurs, prétend-il, c’est exactement ce que voulait le défunt Clotaire ! Tout le monde a un peu de peine à croire que le roi disparu souhaitait céder une partie de son royaume au simplet de la famille, alors Brodulf produit des témoignages. D’anciens conseillers sont censés avoir entendu leur maître tenir naguère des propos édifiants. Interrogés, ils bafouillent et se récusent. Au fond, non, ils ne savent rien, n’ont recueilli aucune confidence, ignorent tout des intentions réelles du trépassé.
    Son ignominie démasquée, Brodulf s’enfuit en Bourgogne, sur les bords de la Saône, où son épouse mobilise quelques alliés. Les débats sur l’héritage de Clotaire vont-ils s’éterniser ? Non, car le bon roi Dagobert fait assassiner le méchant Brodulf, ce qui met immédiatement un terme aux audacieuses revendications.
    Mais enfin Caribert est de sang royal, il faut bien lui donner un lot de consolation. On lui concède le royaume d’Aquitaine, avec Toulouse pour capitale. Un titre de roi fictif, en fait, car le chétif Caribert se soumet entièrement à son frère. Et puis, au bout de trois ans, il meurt sagement. Il s’efface des belles pages de l’Histoire, mais laisse un fils, on n’en sort pas. Ce bébé pourrait, un jour, réclamer sa part du royaume… Gouverner, c’est prévoir, dit l’adage. Au nom de l’unité du royaume franc, le nourrisson est promptement étouffé dans ses polochons. Voilà cette affaire réglée. Dagobert n’est pas du genre à se laisser ennuyer par un bambin !
    Désormais, Dagobert règne en maître absolu. Le palais de la Cité devient plus encore le centre du pouvoir. De Metz, Limoges, Rouen, Lyon ou Bordeaux, les nobles envoient certains de leurs enfants, garçons et filles, humer l’air de la cour parisienne. Ceux-ci viennent à Paris comme on va aujourd’hui en stage à New York ou à Londres : pour apprendre et se créer d’utiles relations. Où ailleurs peut-on se lier avec des jeunes gens venus de Neustrie, d’Austrasie, de Bourgogne ? Où ailleurs peut-on rencontrer de jeunes étrangers venus s’imprégner des bonnes manières de la capitale franque ? Ainsi, le roi Edwin, souverain de Northumbrie (au nord-est de l’Angleterre), fait éduquer ses deux fils à Paris, certain que ses héritiers trouveront auprès du roi Dagobert le modèle qui en fera des monarques puissants et respectés.

À Paris, les nobles provinciaux s’initient à toutes les disciplines indispensables. Un garçon

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