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Métronome

Métronome

Titel: Métronome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lorànt Deutsch
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chrétiens. Cette fois, le roi de Francie ne peut plus invoquer sa bourse plate, il faut payer. Cher. « Pour cette rançon, bien des trésors des églises, du royaume de Charles furent vidés sur l’ordre de celui-ci », écrit Prudence, évêque de Troyes, dans ses Annales de Saint-Bertin .
    Charles le Chauve, agacé par ces incursions sans fin, se met quand même en tête d’entreprendre des travaux. D’abord, il reconstruit les deux ponts détruits qui reliaient naguère l’île de la Cité aux berges du fleuve. Ensuite, pour mieux protéger le pont situé sur le grand bras de la Seine, à une centaine de mètres en aval il jette des piles de pierres sur lesquelles repose un tablier de bois. Cette « chaussée Charles le Chauve » deviendra le Pont-au-Change et changera la physionomie de la ville.
    Puis, pour assurer la défense de ce barrage sur la Seine, Charles le Chauve édifie à son extrémité, rive droite, une tour massive. Rive gauche, le Petit Pont aussi est également défendu par une massive tour de brique et de pierre entourée d’un fossé profond.
    Sur chacune de ces rives, les deux ensembles se dressent comme des portes d’entrée de Paris, prêtes à sauvegarder son cœur : l’île de la Cité. Ce sont de véritables forteresses, des petits châteaux, des châtelets… Le Grand Châtelet au bout du nouveau pont de Charles le Chauve, le Petit Châtelet au bout du Petit Pont.

Quel fut le destin du Châtelet ?
    Au XII e siècle, une impressionnante muraille fut bâtie pour protéger la ville : l’enceinte Philippe-Auguste. Le Grand Châtelet ; rendu inutile, devint alors le siège de la prévôté de Paris. L’édifice était traversé par un passage voûté : la ruelle Saint-l’Euffroy, ou Lieuffroy… Nom bien trouvé : le Grand Châtelet était un lieu sinistre – prison, morgue et salles de tortures –, le coin de Paris le plus redouté après le gibet de Montfaucon.
    La place n’était pas aussi large qu’aujourd’hui mais encaissée, parcourue de dédales de rues étroites et sinueuses, sombres et inquiétantes. Pour parfaire ce tableau, se tenait non loin la grande boucherie, haut lieu de l’abattage du bétail depuis le X e siècle… Les cris des bêtes égorgées se mêlaient aux hurlements des torturés, aux plaintes des prisonniers, l’odeur âcre de la morgue se confondait avec les relents de sang caillé. Sur ce cloaque s’étendait la terrifiante silhouette du Châtelet… Bref, un des endroits les plus horribles qui soient ! La tour Saint-Jacques de la Boucherie, qui date de 1509, et le tout proche quai de la Mégisserie – le quai du tannage des peaux – conservent le souvenir de ces temps anciens.
    Le Grand Châtelet fut démoli en 1804. On comprend aisément pourquoi on voulut que rien ne subsistât de ce monument de triste mémoire. Si l’on cherche tout de même à se figurer à quoi ressemblaient les entrailles du Châtelet, il suffit de passer la Seine pour visiter ; au 42, rue Galande, le Caveau des Oubliettes. Descendez dans les caves, les graffitis des anciens suppliciés vous y attendent : « Je seroi pendu », « À mort Marat »… Ici se trouvent conservés des cellules et autres culs-de-basse-fosse du Petit Châtelet, le pendant carcéral, rive gauche, du Grand Châtelet.
    En 885, une dizaine d’années après la construction des deux Châtelets, rien n’a vraiment changé : les Vikings menacent toujours. Certes, Charles le Chauve s’est éteint et a été pieusement enterré à Saint-Denis…
    À ce propos, une statue dite de Charlemagne, conservée au Louvre et qui date du IX e siècle, représenterait plutôt Charles le Chauve. Pour le Parisien que je suis, ça ne fait aucun doute : n’est-ce pas à Charles que nous devons une partie de notre histoire ?
    Après la mort du roi, la régence du royaume de Francie occidentale a été confiée à Charles III, dit le Gros, roi de Francie orientale, couronné empereur d’Occident. L’ancien empire de Charlemagne est momentanément reconstitué.
    Face au danger viking, les Grands de Francie espèrent que leurs forces réunies sous un commandement unique permettront de repousser les Barbares du Nord. Ils se trompent. Charles le Gros préfère négocier. Il achète la paix pour deux mille huit cents livres d’argent. Pour conserver sa tranquillité, il est prêt à tous les sacrifices financiers. La somme ne suffit pas ? Pour flatter l’ennemi et lui permettre de toucher

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