Métronome
septembre. Sur sa demande, sa dépouille est inhumée dans la partie la plus modeste de l’abbaye, sous le porche extérieur, face contre terre en signe d’expiation de ses fautes.
Deux semaines plus tard, Charles est sacré roi des Francs à Noyon. Son jeune frère Carloman prend le titre de roi d’Austrasie non loin de là, à Soissons, capitale de son royaume. Paris disparaît de la chronique royale. Et quand, trois ans plus tard, Carloman meurt prématurément, il est inhumé en l’église Saint-Remi de Reims. Charlemagne, lui, a entamé les lentes conquêtes territoriales qui le mèneront à ceindre la couronne d’empereur d’Occident. Finalement, il fixe sa capitale à Aix-la-Chapelle.
Pour Paris, le coup est rude : la ville n’est plus qu’un petit port sur la Seine, et sa population se réduit à quelques milliers d’habitants, peut-être cinq mille.
Charlemagne n’oublie pas tout à fait l’ancienne capitale. En 779, au retour d’un voyage à Rome, il a l’idée folle de fonder dans son empire des écoles destinées aux jeunes gens désireux de s’instruire dans les sciences humaines. Par son ordre, plusieurs centres d’études sont établis à Paris : dans le palais de l’évêque, dans l’abbaye Sainte-Geneviève et dans celle de Saint-Germain-des-Prés. On s’instruit à Paris, mais les grands courants de l’Histoire ne passent plus par le palais de la Cité, abandonné aux quatre vents.
Abandonnée aussi, l’idée de nécropole carolingienne initiée essentiellement avec Pépin le Bref. L’abandon ne sera pas éternel, il est vrai, puisque le héros de Paris du siècle suivant, le comte Eudes, bientôt roi des Francs, puis le premier des Capétiens, Hugues Capet, y seront enterrés, signes de la suprématie locale de l’abbaye. Mais ce ne sera véritablement que sous saint Louis, au XIII e siècle, que Saint-Denis deviendra officiellement le « cimetière aux rois », la nécropole royale où seront regroupés presque tous les régnants et hauts personnages du pouvoir royal.
IX e siècle
CHATELET- LES HALLES
L’heure des comtes
La gare Châtelet-Les Halles du RER forme avec les stations de métro Châtelet et Les Halles un immense réseau qui voit se déverser chaque jour un demi-million de Franciliens venus travailler dans la capitale. Bienvenue dans la plus grande gare souterraine du monde ! Si vous voulez éviter l’affreux Forum des Halles, qui se craquelle comme une vieille ruine trente ans après sa création, sortez à Châtelet. Vous longerez les couloirs interminables à coups de tapis roulants, vous aurez dans l’oreille les sons de la guitare grattée par les musiciens agréés RATP, vous dépasserez les vendeurs de souvenirs parisiens chics et tocs, vous émergerez enfin devant la fontaine de 1808 qui célèbre les campagnes de Napoléon en Italie et en Egypte.
Cette place du Châtelet, située au cœur de Paris, est devenue, avec les travaux du baron Haussmann sous le second Empire, le centre d’une croix traversant la ville de part en part et destinée à rendre Paris plus fluide, plus accessible. C’est pourquoi le boulevard Sébastopol fut percé rive droite vers le nord, et prolongé rive gauche vers le sud par le boulevard Saint-Michel, tandis que la rue de Rivoli file vers l’est et l’ouest.
Ce nouveau tracé entraîna le déplacement de la fontaine du Châtelet et de sa colonne. On poussa le tout de douze mètres vers l’ouest, travail achevé en trente minutes seulement grâce à des rails sur lesquels avaient été hissés les blocs de pierre.
Avec le cher baron et son nouveau Paris, les dernières ruelles tortueuses et incommodes du quartier disparurent au profit de voies plus larges, mais aussi au profit de deux grands théâtres : à ma gauche le Châtelet, où triompha longtemps l’opérette ; à ma droite le Sarah-Bernhardt, dont la grande tragédienne assura un temps la direction. Mais il ne reste aujourd’hui de l’immortelle interprète de L’Aiglon que le nom du café qui fait l’angle, car la salle elle-même, pour des raisons absconses, est devenue théâtre de la Ville. Pourtant, à l’intérieur, en empruntant l’escalier métallique niveau 3, côté impair, vous découvrirez, bien cachée, la loge de la Divine. Baignoire, lavabo, paravent, affiches, photos, tout est là comme si la tragédienne allait revenir dans un instant.
Petit clin d’œil mélancolique : au niveau de ce théâtre passait la rue de la
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