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Métronome

Métronome

Titel: Métronome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lorànt Deutsch
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Vieille-Lanterne, sinistre venelle dans laquelle, le 26 janvier 1855, le poète Gérard de Nerval se pendit aux barreaux d’une grille, « le coin le plus sordide qu’il ait pu trouver », dira son ami Charles Baudelaire. La légende veut que l’endroit où il accrocha la corde corresponde exactement au trou du souffleur sous la scène.
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    Au début du IX e siècle, les civilisations et les empires ont oublié Paris. En l’an 820, on pourrait même croire que la ville agonise. Tous les malheurs du Ciel fondent sur les bords de la Seine : famine, inondations, épidémies ravagent la population. Le pain est rare en raison des mauvaises récoltes, le fleuve en crue, l’île de la Cité inondée ; on ne peut se déplacer qu’en bateau, et rien n’enraye la mort qui rôde. Les corps gonflés flottent sur les eaux ou s’entassent sur la rive gauche restée au sec… Ceux-là sont-ils morts noyés, victimes de la faim ou frappés par un mal inconnu ? Nul ne peut le dire, tous les cadavres se ressemblent. Paris est devenu un mouroir.
    Mais bientôt une rumeur d’espoir court dans la ville : les eaux de la Seine ont épargné le lit dans lequel sainte Geneviève a rendu son âme pure au Seigneur, presque trois siècles auparavant. Cette relique adorée est conservée dans un monastère situé à proximité du baptistère Saint-Jean-Baptiste, sur l’île de la Cité. Arrêtant par son lit les eaux sorties de leur lit, la protectrice de Paris manifeste une fois encore son amour pour la ville et ses habitants. Les Parisiens, ayant confiance en la glorieuse Geneviève, se rendent en procession auprès de la couche vénérable pour implorer leur sainte. Et le miracle a lieu. Le fleuve, qui s’est avancé jusque-là, se retire du lit de la bienheureuse et retourne dans son propre lit…

La protection de la révérée Geneviève n’est pas inutile, car la bonne sainte semble bien être la seule à se pencher encore sur le destin de Paris. La seule ? Pas vraiment. Tout à fait au nord de l’Europe, un peuple prépare ses bateaux, s’apprête à descendre la mer Baltique, à débouler sur la Manche et à remonter la Seine…
    Les féroces appétits de la nation nordique sont aiguisés par le joli foutoir dans lequel sont plongés les États de Charlemagne. Après la mort de l’empereur à la barbe fleurie, son fils Louis le Pieux hérite de l’empire franc. C’est compter sans ses propres fils, trop pressés de régner. Les trois rejetons impétueux déposent leur empereur de père en novembre 833 et se partagent le gâteau. Mais les mesquineries et les jalousies déchirent le cœur des princes rebelles, l’empire se divise inexorablement.
    C’est le signal qu’attendaient les guerriers de la Péninsule Scandinave pour venir opérer leurs terribles incursions. Dans un premier temps, ils ne descendent pas trop loin de chez eux, se contentent de piller l’île de Sheppey, au large de l’Angleterre, le port de Dorestad, à l’embouchure du Rhin, et Anvers, petit bourg sur l’Escaut. Les populations terrorisées appellent ces assaillants les « Normands », c’est-à-dire les gens du Nord. On apprend vite à leur donner le nom qu’ils se donnent eux-mêmes : les Vikings.
    À la mort de Louis le Pieux, les trois fils du défunt dépècent l’empire. Un accord survient entre eux, signé près de Verdun en 843. Aux termes de ce traité, l’empire est partagé en trois lambeaux rebaptisés Francie pour l’occasion : la Francie orientale affectée à Louis II le Germanique, la Francie médiane donnée à Lothaire I er avec le titre d’empereur, et la Francie occidentale attribuée à Charles II le Chauve. De la Francie orientale naîtra l’Allemagne et de la Francie occidentale naîtra la France. Quant à la Francie médiane, allant des Flandres à l’Italie du Nord, elle sera largement grignotée par ses deux puissants voisins, mais on peut en partie considérer l’Italie actuelle comme son héritière.
    Charles le Chauve est un zélé serviteur de Dieu, il doit d’ailleurs son surnom à la large tonsure qu’il a taillée dans sa chevelure en signe de soumission à l’Église. Pieux, certes, mais pas très combatif. Quand il apprend que les Vikings remontent la Seine, il envoie quelques troupes à leur rencontre et court lui-même se réfugier à Saint-Denis. Derrière les hauts murs du monastère, le roi espère ne pas être trop ennuyé par ces hordes barbares.
    Pendant ce temps, les

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