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Métronome

Métronome

Titel: Métronome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lorànt Deutsch
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Paris, la rue de la Tombe-Issoire garde par son nom la mémoire du lieu de sépulture présumé de l’ennemi tombé.

Durant les huit années qui suivent, Hugues Capet paraît songer davantage à ses ambitions personnelles qu’à sa ville de Paris. Dans une politique complexe et toute en finesse, il prépare son avènement, s’oppose parfois au roi, mais reste pourtant son fidèle vassal. Il va à Rome voir le pape, guerroie contre les ducs de Lorraine, cherche une alliance avec les Germains, revient vers Lothaire… Pendant ce temps, trop occupé, il ne fait rien pour Paris. Dommage, car la ville aurait bien besoin d’être relevée. L’avoir sauvée des griffes d’Othon suffit pour l’heure à la gloire d’Hugues Capet.
    Et puis, les circonstances vont favoriser une gloire plus éclatante encore. En 986 meurt Lothaire, qui transmet la couronne à son jeune fils Louis V, âgé tout juste de vingt ans. Mais l’année suivante, coup de pouce du destin, le jeune roi se tue en tombant de cheval. Après les funérailles, une assemblée de la haute noblesse se réunit à Senlis et offre par acclamations le trône à Hugues Capet, jugé le plus digne de régner. L’affaire est rondement menée, on se rend en vitesse à Noyon où, le 3 juillet 987, Hugues reçoit les insignes de la dignité royale. À genoux, le souverain des Francs prononce son serment solennel.
    — Hugues, près de devenir, par la grâce de Dieu, roi des Francs, je promets devant Dieu et devant ses saints, en ce jour de mon couronnement, de conserver à chacun de vous ses privilèges canoniques, la loi qui le régit, la juridiction qu’il exerce ou dont il relève. Je jure avec l’aide de Dieu, et pour autant qu’il me sera possible, de vous assurer une parfaite sécurité comme un roi le doit dans son royaume à chaque évêque et à chaque église. Enfin, je jure de gouverner le peuple qui va m’être confié sur ses lois et son droit.
    Hugues reçoit l’onction sainte et le voilà « roi des Francs, des Bretons, des Danois, des Aquitains, des Goths, des Espagnols et des Vascons ». Titre ronflant, qui cache une réalité moins plaisante. Les Danois ne sont que les Normands de Neustrie, les Goths, les Espagnols et les Vascons ne représentent que quelques habitants du sud. De plus, les possessions directes du roi se trouvent limitées à un modeste domaine de l’Île-de-France, entre Compiègne et Orléans, mais comprenant Paris il est vrai, dont il fait sa capitale.
    Sur le reste du territoire de la Francie, l’autorité royale, plus lointaine, se diffuse dans le flou et l’hypothétique. Bien sûr, le roi est le maître, seulement comment peut-il s’imposer face à ses puissants vassaux ? Il ne dispose, en fait, que d’une force militaire limitée et de ressources financières médiocres. Heureusement pour son trésor, il bénéficie quand même d’un réseau d’abbayes, qui représentent de puissants appuis économiques et stratégiques, et en particulier, parmi celles-ci, Saint-Germain-des-Prés et Saint-Denis.
    Hugues Capet compte sur ce réseau. Un diplôme accordant des terres à l’abbaye Saint-Maur-des-Fossés, conservé aux Archives nationales, nous offre un magnifique témoignage de l’an 989 et de l’habile stratégie du roi vis-à-vis de l’Église. En effet, il a besoin de la force ecclésiastique, car d’un point de vue purement politique, Hugues apparaît aussi faible que prudent : il n’est pas le souverain des grands changements, il n’est pas l’homme des projets grandioses et des bouleversements définitifs. La seule préoccupation du roi Hugues est de durer, de s’inventer une lignée qui viendrait remplacer les Carolingiens évincés. Et bientôt, son énergie se voit récompensée : six mois seulement après son couronnement, il obtient le droit d’associer au trône son fils unique Robert, très vite sacré à Orléans.
    Si Hugues Capet a travaillé pour l’avenir, il a triomphé. La dynastie des Capétiens régnera de 987 à 1328, puis par branches collatérales de 1328 à 1848, avec les interruptions de la Révolution et de l’Empire. C’est vrai, Hugues n’a pas vraiment transformé Paris, mais ses successeurs vont en faire la Ville lumière.
Où est apparue la première Bourse de Paris ?
    Pour le découvrir, il faut se demander comment on traversait Paris au Moyen Âge. C’est sans doute au fils d’Hugues Capet, Robert le Pieux, qu’on doit la reconstruction, à la fin du X e

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