Métronome
siècle, de la « chaussée de Charles le Chauve ». Un pont fut alors inauguré pour remplacer l’antique ouvrage romain, bien délabré, qui sera progressivement abandonné. Ainsi, et pour cinq cents ans, l’axe unique pour traverser Paris ne serait plus en ligne droite mais prendrait la forme d’un arc brisé.
L’axe principal de la rive droite se trouva transféré de la rue Saint-Martin à la rue Saint-Denis, en face de ce nouveau passage pour se rendre du palais de la Cité à la prestigieuse abbaye des rois.
Ce grand pont prit le nom de Pont-au-Change à partir du XII e siècle quand des « courratiers » vinrent s’y installer afin de s’échanger les dettes et créances des différentes communautés agricoles du royaume pour le compte de financiers privés… C’est donc sur ce Pont-au-Change qu’est apparue la première Bourse de Paris !
Quant à la « traversée de Paris », lorsque vous remontez la rue Saint-Denis, vous observez à hauteur des grands boulevards la magnifique porte Saint-Denis voulue par Louis XIV en 1672, sur l’emplacement des anciens remparts de la ville. La comparaison avec la modeste porte Saint-Martin à la même hauteur, deux cents mètres plus à l’est, montre la prédominance de cet axe médiéval sur l’ancien axe antique.
Il est amusant de s’imaginer que, pendant cinq cents ans, Paris ne posséda que deux ponts, un pour chaque rive, et qu’ils n’étaient pas dans le prolongement l’un de l’autre. Il fallut attendre le XV e siècle pour créer un franchissement supplémentaire de la Seine via l’île de la Cité.
Nos quatre ponts actuels sont des reconstructions du XIX e siècle, et sachez que le Pont-Neuf achevé en 1607, n’est pas le neuvième pont de Paris mais le cinquième, et ce n’est pas le plus neuf mais le plus ancien, vous suivez ?
XI e siècle
ARTS ET MÉTIERS
Le mythe de l’an 1000
Elle est bien jolie, la station Arts et Métiers, avec ses allures de sous-marin à la Jules Verne. Toute de cuivre rutilant, elle semble un improbable véhicule surgi du délire d’un savant excentrique. On voudrait s’y embarquer pour un long voyage qui nous emporterait non pas ailleurs, mais ici même, dans un autre temps.
Rêve déçu, le vaisseau souterrain reste immobile. Il faut s’en extraire, l’abandonner, emprunter le vieil Escalator aux lattes de bois pour venir tournoyer autour du Conservatoire national des arts et métiers, rue Saint-Martin.
Jusqu’à la Révolution, se dressait ici le prieuré Saint-Martin-des-Champs… Le petit oratoire élevé à l’endroit où saint Martin avait embrassé et guéri un lépreux avait été transformé en chapelle puis déplacé ici pour devenir un important monastère au XI e siècle. Il se trouvait à l’emplacement actuel des rues Saint-Martin, Vertbois, Montgolfier et Bailly.
Mais revenons à l’an 1000… Date rondelette, mais qui n’a pas ému plus que cela les paroissiens du royaume. Il est vrai que, dans certaines églises de Paris, de sombres abbés annonçaient pour tout de suite l’apparition de l’Antéchrist… Les Paco Rabanne de l’époque, en quelque sorte. Mais les théologiens éclairés opposaient à ces naïves croyances la vérité des textes et l’assurance que nul ne pouvait connaître ni le jour ni l’heure de la fin du monde.
Au fond, l’an 1000 n’a pas été une période enflammée et effrayante digne des Écritures et du Jugement dernier. Le mythe de l’an 1000 a été popularisé en France au XIX e siècle par les romantiques et des historiens comme Jules Michelet, qui voulaient voir dans le christianisme médiéval un temps de ferveur et de passion, une période bouillonnante où l’homme se montrait incapable de contrôler ses émotions.
Avec ou sans la terreur de l’Apocalypse, l’an 1000 fut pourtant une ère de ferveur religieuse éclairée par un renouveau de l’Église. Renforcé par la foi de ses fidèles, le siège pontifical se sentait pousser des ailes pour réformer des pratiques qu’elle condamnait. Jusqu’alors, il faut bien le dire, l’Église était complètement intégrée dans le système féodal : religieux et profane se mêlaient intimement, les préoccupations de l’évêque coïncidaient avec celles de l’aristocratie pour la gestion des terres, le privilège des bénéfices, le partage des impôts… Bref, le spirituel se confondait avec le temporel. Plus grave encore, les charges ecclésiastiques étaient accaparées
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