Métronome
d’été ». À La Chapelle, seul le marché de l’Olive (rue de l’Olive) ouvert en 1885, offre un vague écho de ce qui a disparu.
En 978, le comte de Paris s’appelle Hugues Capet. Capet, pour le distinguer de son père Hugues le Grand, qui avait été comte de Paris avant lui. Mais, en réalité, on ignore ce qui lui vaut ce surnom de Capet. Est-ce en raison de sa grosse tête plantée sur un corps chétif (du latin caput, la tête) ? Est-ce parce qu’il porte en permanence un capuchon ? Est-ce parce qu’il possède plusieurs abbayes et devient ainsi un chappet, « celui qui porte la cape » ? Est-ce parce qu’il est abbé laïque de l’abbaye Saint-Martin de Tours et que le surnom est une fine allusion à la cape du saint coupée en deux ? Est-ce parce qu’il brandit au-devant de ses troupes, dit-on, la sainte relique de Martin en protection mystique ?
En tant que comte de Paris, Hugues Capet détient la responsabilité de la défense et de l’organisation de la ville. Il gouverne Paris, mais quel Paris ? Sur les rives, les alentours ont été ravagés par les Vikings et rien n’a été tenté pour relever ce qui a été abattu. Les abbayes sont dévastées, on prend l’habitude de vivre et de prier entre des murs éboulés, des églises calcinées, des monastères saccagés.
Sur l’île de la Cité, le tableau est à peine plus réjouissant. La plupart des maisons sont en bois, elles ont brûlé ou elles ont été atteintes par des projectiles, on les a rafistolées à la hâte, mais les masures de guingois semblent se pencher, s’effondrer presque les unes sur les autres. Au rez-de-chaussée de ces bicoques, on trouve généralement des boutiques obscures ouvertes sur la rue… Mais elles sont sinistres, sentent le moisi et le rance, alors le gros des échanges se fait dans la rue avec les marchands ambulants. Les bottiers font leur tournée en tenant une grande perche sur laquelle les souliers à vendre sont enfilés, les débiteurs de vin promènent leur charrette, les marchands de fruits portent une hotte et les colporteurs de colifichets traînent un gros sac. Et tout ce petit monde crie à s’en époumoner, pour couvrir la voix de l’autre et pour attirer le chaland.
Si la ville a perdu ses plus beaux atours, si Lothaire, petit-fils de Charlemagne et roi de Francie, lui préfère sa résidence de Laon, Paris reste animé et convoité.
Convoité par qui ? Par Othon II, l’empereur germanique.
En cette année 978, en effet, la tension est extrême entre la Francie et la Germanie. Lothaire estime que l’empereur lui a volé la Lorraine, ancienne partie de la Francie médiane que s’arracheront les futurs Français et les futurs Allemands jusqu’au XX e siècle !
Du coup, Lothaire décide de châtier Othon, cet arrogant. Il convoque à Laon les hauts seigneurs du royaume pour leur demander de le soutenir dans une expédition punitive. Hugues Capet et les autres féodaux approuvent, prompts à jeter dans l’opération leurs finances et leurs soldats.
Et c’est ainsi qu’au début de l’été, une armée franque de vingt mille hommes marche sur Aix-la-Chapelle. Tout le monde est content, les chefs qui espèrent par leur fidélité aveugle obtenir quelques avantages au retour, les hommes d’armes réjouis à l’idée de piller de nouvelles terres. Les seuls qui font un peu grise mine sont les paysans, consternés de voir les champs ravagés ; mais enfin, s’il fallait s’inquiéter de l’humeur acariâtre d’une bande de vilains, où irait-on ?
L’armée de Lothaire avance, franchit la Meuse, parvient à Aix et les troupes les plus affermies, glaive à la main, pénètrent dans le palais… désert. L’empereur et sa famille ont quitté leur résidence au dernier moment : sur les tables les plats sont posés et les viandes encore chaudes ! On fait un peu ripaille, mais surtout on dérobe les riches étoffes rangées dans les armoires, on embarque la vaisselle d’or, on emporte les bijoux impériaux. Et puis, satisfaits du travail accompli, les soldats et leur chef s’en retournent tranquillement en Francie. Lothaire retrouve avec volupté la tranquillité de Laon et congédie son armée. C’est fini, on continuera la guerre une autre fois.
Entre-temps, Othon est revenu à Aix. Effaré, il a constaté les dégâts causés à sa résidence… Ce saccage exige des représailles ! L’empereur lève aussitôt une armée de trente mille cavaliers, sans
Weitere Kostenlose Bücher