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Meurtres dans le sanctuaire

Meurtres dans le sanctuaire

Titel: Meurtres dans le sanctuaire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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angle de la salle, et il ajouta :
    — Ils devraient arriver à la deuxième heure. En attendant, Maître Murtagh, sans doute avez-vous d’autres devoirs ?
    Colum pianota sur les accoudoirs de son siège.
    — Je sais, je sais. Oh, il ne s’agit que de questions sans importance qui peuvent être réglées sans moi.
    — Vous êtes le commissaire du roi, fit observer Newington d’un ton mielleux, et membre du tribunal de sa maison. À ce titre, il vous revient de juger ces affaires.
    En guise de réponse, l’Irlandais fit claquer ses lèvres. Il regarda Kathryn. L’excitation qu’elle ressentait avait empourpré ses joues, et s’il en avait eu l’audace, Colum lui aurait dit combien il la trouvait jolie. Il s’étonnait de constater comme elle pouvait changer rapidement. Elle lui était d’abord apparue avenante, certes, et sereine, mais réservée. Puis la fièvre du débat avec les médecins avait ranimé une étincelle en elle, ravivé une passion.
    Colum détourna les yeux, se reprochant ses pensées. Kathryn gagna la porte pour s’assurer qu’elle était bien fermée. Elle alla ensuite se placer au milieu de la salle et annonça :
    — J’ai une information à vous communiquer. Je crois... je crois avoir compris comment le meurtrier choisit ses victimes.
    Les autres la dévisagèrent, ahuris. Kathryn continua plus fermement :
    — Vous avez entendu parler du poète Geoffrey Chaucer ?
    Luberon hocha la tête en souriant. Colum prit aussitôt l’air méfiant tandis que Newington haussait les épaules.
    — Chaucer vivait il y a une centaine d’années, sous le règne de Richard II, poursuivit Kathryn. Mon père, qui l’aimait beaucoup, le citait souvent.
    — Ah oui ! s’exclama alors Newington. Cela me revient. Chaucer a écrit un célèbre poème sur Cantorbéry.
    — En effet, approuva Kathryn, Les Contes de Cantorbéry, qui comptent un prologue et de nombreux personnages : entre autres un chevalier, une nonne, un prieur, un moine et un clerc. Mais, en vérité, tous les métiers sont représentés. Ils quittent l’ Auberge du Tabard, à Southwark, par un matin d’avril, pour se rendre au tombeau de Becket. En chemin, comme le veut la coutume, chaque personnage conte une histoire.
    Colum semblait toujours sur ses gardes.
    — Mon père citait souvent des vers du poète. Ils étaient écrits en couplets rimés et ressemblaient beaucoup à ceux que notre assassin a placardés sur les portes de la cathédrale.
    Elle soupira et laissa tomber les mains le long de ses hanches.
    — Comprenez-vous ce que cela signifie ? Notre meurtrier est un homme instruit. Il a lu Les Contes de Cantorbéry. Ses mauvais vers imitent ceux du poète, et ses victimes exercent les mêmes métiers que les personnages cités dans le prologue du poème de Chaucer.
    — L’explication est un peu tirée par les cheveux, fît observer Newington.
    — Ce n’est pas mon avis, intervint Luberon. Maîtresse Swinbrooke a raison. «  Radix malorum est Cupiditas  » : l’amour de l’argent est la source de tous les maux. C’est une maxime du poème de Chaucer. Il l’a placée dans « Le conte du Pardonneur {2}  ». Or les premiers vers de l’assassin disaient : « Sur la tombe de Becket, poussière et crasse, Radix malorum est Cupiditas. »
    Luberon, très fier de lui, se leva et esquissa presque un pas de danse, son visage rayonnant. Puis il frappa dans ses mains comme un enfant.
    — Fort bien raisonné, Maîtresse Swinbrooke ! s’exclama-t-il, gloussant de satisfaction. Excellente déduction !
    — Qui nous avance à quoi ? demanda Colum avec humeur. Combien ces Contes de Chaucer comptent-ils de personnages ?
    Kathryn fronça les sourcils.
    — Plus de vingt et moins de trente, répondit-elle.
    Newington à son tour fit entendre un ricanement.
    — Dans ce cas, que faire ? Trouver un manuscrit de ces contes, et interdire la ville à tous ceux qui y pratiquent les métiers cités par Chaucer ? C’est impossible ! Nous sommes chargés de pendre un assassin, pas de courir après des livres !
    Luberon le fixa du regard et déclara :
    — Nous n’aurons pas à le chercher, car le cardinal archevêque possède certainement un de ces manuscrits, que nous trouverons à la librairie de la cathédrale.
    Il souleva sa cape pour mieux la draper sur le dos de son siège.
    — Notre séance terminée, il faut que nous allions tous à la cathédrale, Maîtresse Swinbrooke, afin d’y chercher

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