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Meurtres Sur Le Palatin

Meurtres Sur Le Palatin

Titel: Meurtres Sur Le Palatin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Cristina Rodriguez
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porte du réfectoire dans une envolée de soieries vertes. Tu laveras l'honneur
de ma fille, Kaeso ! Je te le garantis ! cria-t-elle encore depuis la colonnade
de la cour, faisant se retourner et ricaner tous les prétoriens qui s'y
trouvaient. De gré ou de force !
    Kaeso
claqua la porte et se laissa à nouveau tomber sur l'un des bancs du réfectoire.
    Qu'est-ce
que sa peste de cousine était encore allée inventer ?
    -
Tu ne perds rien pour attendre, Concordia..., murmura-t-il en frottant sa joue
rougie.
    Cette
fois, elle n'y était pas allée de main morte ! Enceinte... Quelle idée !
    S'il
y avait une femme dans tout l'empire à laquelle Kaeso ne se permettrait jamais
de toucher, c'était bien sa cousine ! Et cela malgré le fait que Concordia le
ravissait, comme elle ravissait la plupart des hommes qui la croisaient.
Comment aurait-il pu en être autrement, de toute manière ? La jeune femme avait
tout pour elle !
    Pourtant,
malgré le désir qui lui tordait le ventre chaque fois que sa séduisante cousine
le serrait d'un peu trop près (c'est-à-dire dès qu'elle en avait l'occasion),
il savait qu'il ne céderait jamais à ses pulsions. Non, Kaeso avait d'autres
projets, d'autres envies, d'autres... d'autres quoi, d'ailleurs ? Des rêves
d'adolescent que la mort de son père avait définitivement brisés ?
    Enfant,
il brûlait de ressembler à celui que tous appelaient respectueusement "le
prétorien", comme si lui seul méritait ce titre. Il voulait voir du pays,
voyager bien au-delà des mers et vivre de fabuleuses aventures.
    À
vingt ans, il intégra la garde prétorienne, plein d'espoir, mais, au moment où
il reçut son premier grade, l'empereur Tibère s'enferma à Capri et son père fut
régulièrement envoyé en mission en Germanie et en Gaule.
    La
famille ayant toujours rejeté Hildr et une femme romaine non émancipée
dépendant obligatoirement du chef de famille, le jeune homme dut donc rester en
Italie pour veiller sur elle et sur leurs intérêts.
    Et
lorsque "le prétorien" mourut, victime d'une embuscade en Gaule,
Hildr fit partie intégrante des biens que le père de Kaeso lui légua. Suivant
les lois romaines, Kaeso se retrouva donc avec la plus lourde des chaînes
attachée à sa cheville : sa propre mère.
    À
cette époque, il aurait pourtant pu accepter certaines missions loin de Rome,
postuler à des fonctions dans diverses provinces de l'empire, en Afrique ou en
Asie, mais que serait devenue Hildr sans personne pour la protéger ?
    "Peut-être
plus tard", s'était alors dit Kaeso.
    Il
était encore jeune et ses rêves se réaliseraient bien un jour, quand les choses
iraient mieux.
    Plus
tard.
    Toujours
plus tard...
    À
son âge, trente ans passés, tous les hommes de son rang avaient jeté leur
gourme aux quatre coins de l'empire et se préparaient à une carrière somme
toute confortable.
    Lui,
il était seul, avec sa mère à charge, et il avait perdu une partie de ses
espérances...
    Mais
pas ses rêves.
    Non,
pas encore.
    S'il
y avait totalement renoncé, il ne repousserait pas Concordia avec autant de
hargne malgré le désir qu'elle pouvait inspirer à tout homme normalement
constitué.
    Hélas,
elle était sa cousine, fille unique d'un noble sénateur, petite-fille et
arrière-petite-fille d'anciens consuls et il ne pouvait en aucun cas se
permettre d'en faire seulement sa maîtresse.
    "Avec
elle, c'est le mariage ou rien !" lui serinait son père lorsqu'il le
voyait détailler avec gourmandise le corps de roseau de sa jolie parente.
    Coucher
avec elle une seule fois, c'était se passer le lacet autour du cou et Kaeso ne
voulait à aucun prix d'attaches supplémentaires au cas où l'occasion, certes
improbable, se présenterait de partir découvrir d'autres horizons.
    Un
jour... peut-être.
    -
Centurion ! appela Matticus en entrant dans le réfectoire, le faisant
tressaillir sur son banc. Le gé... Est-ce que ça va, centurion ?
    Kaeso
cligna des paupières, comme au sortir d'un songe. Il était las, soudain. Oui,
très las.
    -
Oui, je... Ça va.
    -
On ne le dirait pas.
    Le
jeune prétorien balaya la remarque d'un revers de la main et fit mine de ne pas
remarquer le sourire goguenard de son second.
    -
Qu'y a-t-il, Matticus ?
    -
Le géant noir est là, centurion.
    -
L'esclave qui est venu nous chercher cette nuit ? Il est rentré d'Ostie ? Déjà
?
    -
Faut croire. Il dit que son maître demande à te voir. Il attend dehors.
    -
Dehors ?
    -
Dans sa litière, centurion. Il t'invite

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