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Meurtres Sur Le Palatin

Meurtres Sur Le Palatin

Titel: Meurtres Sur Le Palatin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Cristina Rodriguez
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famille fut décimée par une mauvaise fièvre et qu'il fut
recueilli par l'un de ses oncles, dans la campagne circéenne. En grandissant,
il s'en prit tour à tour à ses précepteurs, ses patrons (7), puis toute
personne ayant commis l'erreur de le contrarier ou de se mettre en travers de
sa route.
    Columbus
n'était pas d'un naturel malveillant ni vraiment brutal. Il était juste
incapable de se contrôler lorsqu'un coup de sang lui échauffait la tête.
    "Celui-là,
il finira soit gladiateur, soit mort de faim !" avait coutume de dire sa
tante.
    En
fait... ce fut les deux.
    En
raison de son impétuosité, il perdait l'une après l'autre toute source de
subsistance. Sans parler de ses amis, qui auraient pu l'aider à en trouver de
nouvelles. Columbus se vit donc contraint, comme cela arrivait parfois aux
hommes désespérés, de renoncer volontairement à sa liberté en se vendant
lui-même comme esclave.
    Jeune,
vigoureux, fort comme un boeuf et taillé pour le combat, ce fut à la porte de
Placidus que, contre le remboursement d'une dette de cinq cents deniers, Marcus
Félix dit "Columbus" perdit son statut de citoyen romain libre. Et,
contrairement à ce que l'on pourrait croire, il ne regretta pas sa décision. Le
jeune homme était né pour combattre comme d'autres pour chanter, peindre ou
commander.
    Oui,
pour combattre.
    Non
pour attendre !
    Mais
c'était pourtant ce qu'il faisait en cet instant, tapant impatiemment du
pied...
    Il
risqua un oeil indiscret par l'entrebâillement de la porte derrière laquelle
les gladiateurs armés attendaient qu'on leur fasse signe de pénétrer dans la
cour de la taverne, où auraient lieu les affrontements et où le public se
pressait.
    Des
musiciens venaient de prendre place en bordure de l'aire de combat, et un gai
tintement de sistres, de flûtes et de tambourins s'éleva.
    Un
jeune homme masqué et vêtu d'une tunique aussi courte que transparente entra
dans le cercle, faisant tinter les clochettes de ses chevilles au rythme de ses
entrechats. Un mime grec. L'un de ces artistes populaires, à la fois danseur et
acteur de comédie, dont la plèbe raffolait. Celui-ci, jeune et svelte,
paraissait avoir été cueilli au sommet de la treille et non pas ramassé, comme
la plupart des pauvres histrions que l'on trouvait à Subure, dans la boue de
leur gloire passée, gorgés de vin et pleurant sur leur poitrine grasse les
amants généreux et les admiratrices exaltées de leur jeunesse trop vite
envolée.
    Les
conversations s'éteignirent et Columbus écarquilla les yeux, hypnotisé lui aussi
par la grâce du garçon.
    Une
fois qu'il eut attiré l'attention sur lui, le danseur se raidit et les yeux
aveugles de son masque de théâtre grimaçant parcoururent les rangs des
spectateurs. Lorsqu'il sentit chaque regard courir sur son corps gracile, il s'anima
et alla de l'un à l'autre en sautillant comme une petite fille, suivant les
lignes d'une marelle imaginaire. La ressemblance était saisissante et quelques
rires s'élevèrent.
    Arrivé
devant Marcus, il s'immobilisa et ses membres se mirent en mouvement avec une
grâce féline. Il se frotta à son maître à la manière d'un chat, faisant jaillir
ricanements et bons mots.
    -
Miaou ? susurra le mime avant de se transformer à nouveau, adoptant cette fois
les simagrées d'une courtisane entreprenante qui faisait mine de loucher sur
l'entrejambe d'un homme bedonnant en joignant les mains avec un petit cri.
    L'homme
laissa échapper un rire gras et tendit la main pour pincer le sexe du danseur,
mais celui-ci esquiva adroitement l'attaque.
    -
Ce poireau-là ne t'est pas destiné ! lança-t-il d'une voix suraiguë, et les
spectateurs rirent de plus belle. Va-t'en cueillir tes légumes ailleurs !
    L'interpellé
lui rétorqua par une pique où il était question de labourage, de bêche et de
sillon, qu'il ponctua d'un geste particulièrement grossier, provoquant des
ricanements.
    Contre
toute attente, le mime se pétrifia et s'écarta alors brusquement de l'homme
qu'il taquinait. La musique prit des accents dramatiques et une mélopée
poignante égrena ses notes mélancoliques, figeant l'assemblée. Les rires se
turent et la mélodie coula entre les spectateurs immobiles comme coule la
complainte d'une harpe funèbre entre les sépultures.
    Les
épaules de l'artiste, visiblement mortifié, s'affaissèrent et une main
gracieuse se leva pour défaire les cordons qui retenaient tout à la fois son
masque et sa

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