Meurtres Sur Le Palatin
minois
de souris.
Kaeso
était incapable de dire combien d'hommes il avait tué car beaucoup de corps
s'amoncelaient déjà sur le sol, l'escalier et les tables. Certains même
tombaient de la galerie qui courait le long du corridor du premier étage. Ils
étaient plus nombreux qu'il ne l'avait prévu. Visiblement, Marcus avait ramené
ici une bonne partie de ses troupes de sicaires.
Il
aperçut Donar sur une table, qui faisait face à deux adversaires en même temps,
dont l'immense Gaulois que lui et Matticus avaient suivi. Il avait perdu son
bouclier et son casque. L'autre homme, un lascar avec un hideux bec-de-lièvre,
mordit la poussière. Le prétorien l'acheva d'un coup de glaive et dut se
défendre face à un nouvel attaquant. Le Gaulois profita de la distraction pour
essayer d'atteindre Donar à la cuisse mais celui-ci pivota et lui enfonça entre
les côtes le poignard qu'il tenait à la main gauche. Le regard de Kaeso fut
alors attiré par un minuscule éclair blanc, en haut de la galerie.
-
Donar ! Attention ! hurla-t-il en germain.
En
bon soldat, Donar fit d'abord confiance à ses réflexes plutôt qu'à ses yeux et
se recroquevilla d'instinct, le dos rond. Cela lui sauva la vie et la javeline
passa bien au-dessus de sa tête.
Le
prétorien ne laissa pas le temps au lanceur de comprendre d'où venait
l'avertissement et se précipita vers l'escalier qui menait au premier.
Mais
pas assez vite car ce qu'il avait cru être une lance était en fait une flèche
et, avec une rapidité digne d'éloges, l'homme en avait encoche une seconde...
qu'il pointa droit sur lui.
Au
moment où il pensait l'impact inévitable, un obstacle surgit devant lui : Hod.
Faisant
un rempart entre le prétorien et la flèche, il leva son petit bouclier et la
pointe de la flèche dérapa sur le bronze, déviant de sa trajectoire. Le choc
fut tellement fort qu'il aurait basculé en arrière si le prétorien ne l'avait
pas retenu.
Sur
la galerie, Kaeso vit le tireur tomber mort aux pieds de Matticus, la gorge
tranchée.
Hod
voulut lever le bras pour le remercier mais une brûlure insoutenable lui vrilla
le flanc droit. Sans y croire, il regarda le sang qui maculait ses doigts et
frémit en réalisant qu'il ne s'agissait pas de celui d'un ennemi. La flèche
avait dévié mais l'avait quand même touché. La hampe saillait entre les
écailles de sa cotte comme une écharde.
-
Hod ! s'écrièrent simultanément Donar et Kaeso.
Ils
l'allongèrent sur le sol, à l'abri précaire d'une encoignure.
-
Hod, qu'est-ce qui t'a pris ?
-
Si je ne l'avais pas fait, c'est ta mère qui m'aurait tué ! Allez, file !
Kaeso
acquiesça et bondit au premier, où il entreprit d'ouvrir toutes les portes les
unes après les autres. Toutes les pièces étaient vides.
C'est
alors qu'il vit Marcus, au bout de la galerie désormais presque déserte. Il se
tenait sur le seuil de l'une des chambres en compagnie d'une femme et venait de
tuer un garde germain, qui bascula par-dessus la rambarde, emportant dans sa
chute le glaive de son meurtrier.
En
remarquant Kaeso, il regarda autour de lui, affolé, à la recherche d'une arme,
mais son ancien centurion ne lui en laissa pas le temps et se jeta sur lui
comme un loup enragé. Juste quand le glaive du prétorien allait le transpercer,
Marcus Gallus saisit la femme par le bras et la jeta en avant, en guise de
bouclier. Puis il sauta par-dessus la balustrade sur une table de la salle
commune.
Kaeso
renonça à le suivre car, non sans horreur, il réalisa que la femme s'était
empalée sur son glaive.
-
Oh, non...
Elle
s'agrippa à son plastron et sa palla glissa, dévoilant un visage déformé par la
surprise, la bouche ronde et des yeux exorbités.
-
Kaeso..., murmura-t-elle avant de cracher un flot de sang.
-
Victoria !
Elle
s'effondra et il la retint pour l'allonger doucement sur le sol. C'était la
première fois qu'il tuait une femme et il se sentit sur le point de rendre le
contenu de son estomac.
-
Centurion, ça va ? l'apostropha Matticus en l'aidant à se relever.
-
Tu l'as trouvée ?
-
Non. Nous avons pourtant fouillé la taverne de fond en comble.
-
Et Marcus ?
-
Enfui.
-
Quoi ? hurla Kaeso.
Le
prétorien se pencha à la rambarde. Le spectacle qui s'offrait à son regard
était apocalyptique. Les corps s'amoncelaient çà et là et les gardes germaniques
commençaient déjà à récupérer leurs frères pour leur offrir des sépultures
décentes.
-
Elle aura fini par payer,
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