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Mon Enfant De Berlin

Mon Enfant De Berlin

Titel: Mon Enfant De Berlin
Autoren: Anne Wiazemsky
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Mémoires, ma sœur Missie a tenu un journal remarquable jusqu’à son mariage et moi je compte aussi plus tard écrire mes Mémoires. Et je ne vous parle même pas des lettres que nous échangeons entre nous et qui sont très amusantes !
     
    Le soir, au dîner, Claire divertit beaucoup ses amies en imitant les manières de sa cousine par alliance. Elle n’a pas oublié le sentiment d’humiliation qu’elle a éprouvé durant la rencontre au salon de thé, et sait déjà qu’elle ne l’oubliera jamais. Tant pis si Wia s’en trouve peiné.
    — Il ira tout seul la voir dans son château, cette prétentieuse donneuse de leçons !
    Claire a posé machinalement ses mains sur son ventre. Ses amies qui ignorent son état préparent le programme de travail des prochains jours. Et tout à coup, sans l’avoir prévu, Claire se lance :
    — J’ai quelque chose à vous dire, les filles : c’est invraisemblable mais je suis enceinte !

 
    Lettre de Claire :
     
    « 18 octobre 1946
    Cher papa et chère maman,
    Un avion doit partir d’ici quelque temps. Aussi, je m’empresse de vous écrire quelques lignes simplement pour vous dire que j’ai maintenant la certitude et que si tout va bien, je vous donnerai un petit-fils dans sept mois.
    Maintenant que je sais, je suis presque folle de joie et ne pense plus à mon gros ventre futur.
    Si c’est un garçon, il s’appellera François et j’espère, cher papa, que vous voudrez bien être son parrain.
    Voilà, comme il faut que je me dépêche, je ne vous en dirai pas plus aujourd’hui, si ce n’est que Wia est aussi content que moi.
    Je vous embrasse tous les deux de toutes mes forces.
    À très bientôt. »
     
    La chambre que Claire partage maintenant avec Wia ne s’appelle plus la chambre des cocottes mais « la chambre des jeunes mariés ». Des photos de leur voyage de noces glissées dans les coins du miroir ou épinglées sur le mur attendent un prochain encadrement. Aucun vêtement ne traîne plus sur les meubles, Wia est très ordonné. « Et il cire lui-même ses bottes tous les jours ! » répète souvent Claire avec admiration.
    Dans deux semaines, elle doit se rendre à Paris pour des examens médicaux complémentaires, voir sa famille, se reposer. Si elle se sent chez elle à Berlin, sa famille lui manque souvent. Elle a besoin de retrouver son père et sa mère ; de savoir ce que font ses frères ; d’interroger sa sœur sur les aléas de la grossesse : Luce, déjà mère de deux petites filles, est à nouveau enceinte. Claire est certaine que, comme pour elle, ce sera un garçon. « Ils naîtront à deux mois de distance », calcule Claire. Et durant un long moment, elle rêve à ces deux cousins qui se retrouveront lors des vacances d’été à Malagar, qui grandiront ensemble et que la vie jamais ne séparera.

 
    Lettres de Claire :
     
    « Berlin, 2 décembre 1946
    Chère maman,
    Un tout petit mot simplement pour vous dire que nous avons fait bon voyage malgré les six heures de retard et une grosse migraine qui a duré vingt-quatre heures. J’ai aussi cassé mon pot de crème ce qui est très ennuyeux.
    Berlin est exactement comme je l’ai laissé. J’ai retrouvé mes deux chiens avec grand plaisir, mais Kitz tousse toujours.
    Je rentre juste d’un grand déjeuner donné par les Américains du directoire de Wia en l’honneur d’une vieille fête où l’on mange de l’oie. Elle était aussi mauvaise que possible. (Essayez d’imaginer ce que peut donner une oie cuite par les Américains !) On était quinze à table : tous les Français, Américains, Anglais et Russes du directoire.
    C’est invraisemblable, mais les Français sont les enfants chéris et des Américains, et des Anglais, et des Russes. L’un d’eux était un charmant Caucasien qui a trouvé que je ressemblais tellement aux filles de son pays qu’il veut me porter un costume.
    Tout va bien sauf la nourriture d’ici que je ne supporte presque plus. Hier, dans la journée, j’ai eu tellement mal au cœur que j’ai tout rendu. Ce matin, il s’en est fallu de peu que j’en fasse autant.
    Je n’ai pas eu de chance, car la veille de mon arrivée les chaudières ont éclaté. Plus d’eau chaude et plus de chauffage dans ma chambre. L’eau est revenue ce matin, mais je ne serai pas chauffée avant une quinzaine de jours.
    Rosen ne rentre que le 23. J’en suis ennuyée : pas pour lui, mais pour Wia qui a de plus en plus mauvaise mine.
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