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Mon frère le vent

Mon frère le vent

Titel: Mon frère le vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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et fouilla dans les crevasses entre les roches qui gardaient les eaux peu profondes de la vaste plage des Chasseurs de Baleines. Elle trouva quelques oursins — pas assez pour rassasier ne serait-ce qu'un enfant — mais quand à son retour elle constata l'absence de Hibou et d'Œuf Moucheté, elle emporta sa pêche au vieil homme qu'elle appela à travers le rideau de sa chambre.
    — Pries-tu ?
    Le vieil homme se racla la gorge.
    — Ma prière est achevée, dit-il en passant le bout du nez par le rideau entrebâillé.
    — J'ai ceci, dit-elle en tendant son panier. Il n'y en a pas beaucoup.
    Le vieillard écarquilla les yeux et sa bouche s'ouvrit en un sourire.
    — Les autres. Hibou et Œuf Moucheté, ils s'en vont?
    — Demain, si le ciel est bon. As-tu besoin d'eau ?
    Le vieil homme lâcha le rideau et revint prestement
    avec une outre vide. Elle lui en apporta une pleine.
    — Préviens-moi quand ils seront partis, ordonna-t-il en lâchant le rideau.
    Kukutux se leva et soupira de soulagement à l'idée de l'ulaq vide. Elle détestait les piles de marchandises qui s'étaient amassées dans la pièce. Bientôt, les commerçants seraient partis, eux aussi, mais elle devait d'abord les nourrir. Elle sortit de la réserve tous les paquets laissés par les deux hommes.
    Elle disposa des baies séchées mêlées d'huile de phoque, de la viande de phoque séchée et du poisson fumé assaisonné de feuilles d'ugyuun pilées.
    Puis, comme les marchands n'étaient toujours pas rentrés, elle se rendit dans leurs chambres et vérifia qu'elle avait bien vidé tout ce qui leur appartenait. De tout ce qu'ils avaient apporté, ne restaient que quelques sacs de nourriture et la canne du vieil homme. Puis elle se rappela les défenses. Elles avaient disparu. Elle sentit la tristesse envahir son cœur. Était-il au courant ? Devait-il l'être ? Et si elles étaient à l'origine de ses pouvoirs ? Était-il juste que les autres hommes les emportent ?
    — Tes défenses ne sont plus là, appela-t-elle. Les marchands les ont-ils emportées ?
    — Elles sont avec moi dans ma chambre, répondit le vieil homme d'une voix étouffée comme s'il avait la bouche pleine.
    Il mange les oursins, se dit Kukutux.
    — Parfait, dit-elle en s'éloignant.
    — Merci pour les oursins, s'écria le vieillard. J'avais faim. As-tu vu mes défenses ? demanda-t-il au bout d'un instant.
    — Tu as dit qu'elles étaient avec toi.
    — Je veux dire, as-tu regardé les sculptures ?
    — J'ai vu qu'il y avait des lignes sur l'une d'elles.
    — Entre voir.
    Kukutux jeta un rapide coup d'œil en direction du sommet de l'ulaq puis se dit que si les hommes la trouvaient dans la chambre du vieillard, c'était sans importance. Elle prétendrait vouloir s'assurer qu'ils n'avaient rien oublié. Elle écarta le rideau, le roula et coinça celui-ci dans l'herbe qui recouvrait les murs. Puis elle rampa près de lui.
    Le vieil homme avait posé la défense sur ses genoux et ses mains la caressaient comme une mère caresse la peau de son bébé. Kukutux regarda autour d'elle, cher-chant paquets ou marchandises, mais la chambre était vide excepté quelques fourrures et nattes d'herbes.
    — Tu vois ?
    Kukutux pencha la tête. Des lignes, creusées profondément dans l'ivoire, s'étendaient depuis la partie large jusqu'au milieu de la défense. Ensemble, elles coulaient comme de l'herbe sous le vent et attiraient l'œil comme la flamme d'une lampe à huile.
    — C'est beau, dit Kukutux.
    — Si je ne possède jamais que ces défenses, c'est assez, dit le vieillard.
    Kukutux s'assit sur ses talons, se souvenant qu'elle pensait la même chose quand elle tenait son fils, nouveau-né dans ses bras, ses cheveux encore humides. C'est tout juste si elle ne sentait pas sa chaleur contre sa poitrine. C'est alors qu'elle entendit la voix de Hibou et d'Œuf Moucheté.
    — Je vais essayer de t'apporter à manger plus tard, murmura-t-elle en s'éloignant.
    Roc Dur les accompagnait. Kukutux servit donc les trois hommes avant de s'installer pour manger dans son coin à paniers.
    Les hommes se restaurèrent sans un mot. Quand ils eurent achevé, Roc Dur commença à évoquer la chasse à la baleine. Il parlait des chasseurs encore vivants et de certains, morts depuis longtemps, dont il ne pouvait prononcer les noms de peur de rappeler leurs esprits au village. Kukutux écoutait ses histoires, profitant d'un rare moment de détente.
    Son récit terminé, Roc Dur dit

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