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Mon frère le vent

Mon frère le vent

Titel: Mon frère le vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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corps serait-il différent ?
    Dyenen la contempla en souriant. Les yeux de Kiin étaient grands, sa bouche ouverte et, après quelques instants à tout fixer du regard, elle commença à poser maintes questions. Dyenen attendait poliment pendant que Saghani répondait, en se trompant parfois. Mais Dyenen ne l'interrompit pas, se rappelant que Saghani ne savait pas qu'il parlait la langue Morse. Dyenen était heureux d'entendre Kiin parler si bien cette langue. Il ne connaissait que peu de mots de la langue des Premiers Hommes. Il lui demanderait de la lui enseigner au cours des longues soirées d'hiver. C'était la seule façon d'apprendre cette langue puisque les Premiers Hommes n'étaient pas des marchands. La plupart semblaient se contenter de rester sur leur petite île à chasser les animaux marins. Même leurs tailleurs de pierres faisaient des couteaux et des têtes de harpons effilés d'un seul côté, ce qui signifiait qu'ils ne possédaient pas le savoir de chauffer la pierre avant de la travailler, savoir que détenaient les tribus Rivières depuis aussi longtemps que les conteurs pouvaient s'en souvenir.
    Le Corbeau questionna Dyenen, l'arrachant à ses pensées.
    — Combien d'habitants dans ce village ?
    — Vingt fois dix en été, répondit-il, attendant que le Corbeau traduise pour la femme Kiin.
    Elle regarda Dyenen, sans dissimuler ses yeux par timidité ou pudeur, mais en lui souriant. Dyenen sentit la peur en son cœur fondre comme neige au soleil.
    Cette nuit-là, ils mangèrent tous les trois. Le Corbeau observait Queue de Lemming avec attention, l'avertissait des yeux si elle faisait quelque chose considéré comme impoli par le Peuple des Rivières. À un moment, elle faillit marcher entre Dyenen et le feu, mais le Corbeau l'attrapa et l'attira au-dehors par le tunnel étroit, s'adressant en même temps à Dyenen par-dessus son épaule.
    — J'aurais dû lui enseigner les façons de ton peuple. Elles sont différentes des nôtres.
    Une fois dehors, Queue de Lemming se tourna vers lui furieuse.
    — Suis-je une gamine que tu me tires dehors ?
    — Tes manières sont grossières.
    — Tu aurais dû me dire ces choses plus tôt. Je ne suis pas idiote.
    — Aurais-tu écouté ?
    — Oui. Je veux être une bonne épouse pour Dyenen.
    — Alors il n'est pas trop tard. Marcher entre le feu et une personne assise dans une demeure est impoli.
    — Ils devraient installer leurs feux de cuisson à l'extérieur comme les Morses ou les Premiers Hommes.
    — Écoutes-tu ou rouspètes-tu ?
    — J'écoute.
    — Les femmes ne mangent pas de viande d'ours.
    Le Corbeau attendit un commentaire, mais Queue de
    Lemming ne pipa mot.
    — Les femmes ne touchent pas les armes d'un homme.
    — C'est comme chez les Morses.
    — Parfait, alors souviens-t'en. Les femmes mangent une fois que l'homme a fini sauf si elles sont invitées à manger avec lui.
    Queue de Lemming hocha la tête.
    — Les femmes vivent à l'écart dans un logement séparé durant leur temps de sang.
    — Toutes ces choses, les Morses les font.
    — Bien. N'oublie donc pas qu'il fut un temps où Morses et Rivières ne formaient qu'un peuple. Leur différence réside dans la langue et dans les animaux qu'ils chassent. Dans leur cœur, ils sont pareils, ajouta-t-il en posant la main sur sa poitrine.
    Queue de Lemming soupira.
    — Je m'en souviendrai.
    — Parfait. Alors entre et sois polie. Et s'il te demande de sculpter, n'oublie pas ce que je t'ai dit. N'oublie pas non plus ce que nous avons décidé pour le moment où nous lui montrerons les bébés.
    Queue de Lemming releva le menton et lui fit un étrange sourire, auquel il repenserait plus tard dans la nuit.
    Le repas achevé, le Corbeau fit signe à Queue de Lemming de débarrasser.
    — Où sont ses autres épouses, chuchota-t-elle.
    Fronçant les sourcils, le Corbeau lui intima de rester
    calme et, quand elle passa près de lui, il lui prit la cheville et lui enfonça les ongles dans la chair.
    Dyenen et lui parlaient entre hommes mais, ce faisant, le Corbeau surveillait Queue de Lemming du coin de l'œil tandis qu'elle fouinait dans les conteneurs de stockage et les paniers en peau de poisson où l'on gardait les denrées.
    Queue de Lemming finit par s'installer tranquillement dans un coin, les deux petits toujours sous son parka. Elle s'assit d'une façon qui plairait à tout mari, mains jointes, jambes repliées sous elle. Regardant la femme, Dyenen dit au Corbeau

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