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Mon frère le vent

Mon frère le vent

Titel: Mon frère le vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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nourriture et d'un village aux nombreuses demeures.
    Après avoir longtemps marché, Queue de Lemming demandait :
    — C'est encore long ? C'est encore loin ?
    Le Corbeau ne lui répondait pas, s'adressant au contraire à Dyenen. Le Corbeau espérait que celui-ci ne percevait pas la grossièreté du ton de Queue de Lemming. Pendant le voyage de retour de chez les Ugyuuns, elle n'avait posé aucun problème et le Corbeau s'était pris à espérer qu'elle commençait à changer, à apprécier enfin les bonnes choses de la vie.
    Quand ils s'étaient arrêtés au village Morse, le Corbeau était persuadé qu'elle passerait tout son temps avec ses amis, mais il l'avait entendue avec surprise dire qu'elle était fatiguée. Elle voulait dormir parce qu'elle comptait partir dès le lendemain. Elle avait déjà fait ses adieux et ne voulait pas verser deux fois les larmes de la séparation.
    Le Corbeau avait haussé les épaules et l'avait autorisée à demeurer chez eux. Il avait passé son temps à rassembler des provisions et des marchandises de troc, à réparer son ik et à vérifier ses couteaux et ses armes. Son parka étant déchiré, il l'avait tendu à Queue de Lemming pour qu'elle le ravaude, s'attendant à des protestations hargneuses, mais elle avait souri et promis de le recoudre en hâte.
    Malgré tout, ils avaient passé deux jours au village, au cours desquels Queue de Lemming avait demandé que personne ne soit autorisé à entrer avec le Corbeau dans son ulaq. Elle avait trop à faire si elle voulait être prête.
    Ils étaient partis au petit matin et le Corbeau n'avait pas eu à la tirer du lit ni à la houspiller à cause de sa lenteur.
    Ils avaient lancé leur embarcation sans personne pour leur offrir des chants ou des prières bien que, au moment où le Corbeau avait donné les premiers coups de rame, il ait cru voir sur la plage les deux vieillardes, Grand-mère et Tante. Il rit. Pourquoi penser une telle chose ? Elles étaient si vieilles qu'elles quittaient rarement leur demeure.
    Et il était enfin parvenu à destination. Et si Dyenen croyait que Queue de Lemming était Kiin, que les bébés étaient Shuku et Takha, lui, le Corbeau, posséderait tout le pouvoir qu'un homme puisse désirer.
    Comme ils débouchaient dans la clairière du village Rivière, Dyenen entendit Queue de Lemming pousser un long soupir. Tendu, il se retourna pour la regarder, espérant que sa réaction serait de joie et non de désespoir.
    Quand plusieurs chasseurs s'étaient rués au village pour annoncer l'arrivée de Saghani qu'ils avaient aperçu au loin, Dyenen avait revêtu son plus beau parka. Il s'était lavé avec soin et avait enduit d'huile son visage, sa poitrine et ses mains. Sous son parka, il portait un collier de griffes d'ours et d'os de caribou, provenant d'animaux qu'il avait pris dans sa jeunesse. Quoi de mieux qu'un tel collier pour rappeler aux esprits qu'il avait été autrefois un habile chasseur ?
    Pour plaire à Kiin, Dyenen avait demandé à un homme doué pour le dessin et les teintures de peindre sur sa demeure le récit de sa vie. Il avait demandé à plusieurs femmes du village de fabriquer pour elle un beau parka ainsi que des jambières, utilisant pour ce faire des peaux de caribou travaillées jusqu'à ce qu'elles soient si lisses, si douces que les doigts calleux de Dyenen savaient à peine qu'ils les touchaient. Il lui avait fait confectionner une plate-forme de couchage près de la sienne et l'avait jonchée des plus douces fourrures de renard et de lièvre. Il s'était assuré que toute l'huile de sa réserve était fraîche, qu'il y avait beaucoup de viande sur la plate-forme de nourriture qu'il partageait avec deux hommes du village. Et il avait averti ses quatre autres épouses qu'elles devraient accepter cette nouvelle épouse comme chaman, avec tout l'honneur dû à un chaman ; car, même s'il était possible qu'elle ne revendique pas un tel honneur pour elle-même, ses sculptures étaient la preuve de ses pouvoirs.
    Saghani n'avait pas menti. La femme était belle. Ses yeux remontaient légèrement de son petit nez, ses sourcils suivaient le même mouvement, comme des ailes d'oiseau. Ses cheveux étaient longs et lisses, scintillants d'huile. À cause des bébés sous le parka, il ne pouvait deviner sa silhouette, mais même si elle était maigre, peu lui importait du moment qu'elle lui donnait des fils. D'ailleurs, ses mains et ses pieds étaient potelés et bien formés. Son

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