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Mon frère le vent

Mon frère le vent

Titel: Mon frère le vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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Si je ne réussis pas, du moins Takha, Nombreuses Baleines et toi serez en sécurité. Petit Couteau chassera pour vous.
    — C'est un homme. Il prendra bientôt une épouse, vivra avec elle, chassera pour son père.
    — Je demanderai au mien de se rendre dans d'autres villages Premiers Hommes pour te ramener un mari qui vivra ici et élèvera nos fils, ajouta Samig qui obligea doucement Trois Poissons à tourner la tête vers lui. Il faut que je me batte. Comment pourrais-je me dérober ?
    Trois Poissons posa un bref regard sur la main droite de Samig puis le regarda de nouveau.
    — Tu es un homme. Qu'il suffise que je te le dise.
    Samig lui sourit comme il l'aurait fait à un enfant.
    — Trois Poissons, je combattrai.
    — Quand?
    — Bientôt. Après avoir jeûné et prié. Elle inclina la tête :
    — Les prières d'une femme seront-elles de quelque secours ?
    — Oui, répondit Samig. Prie.
    74
    Peuple Ugyuun
    Péninsule d'Alaska
    — Combien de temps ? demanda Kiin d'une voix éteinte et brisée.
    — Dix jours.
    — Dix jours !
    — Appeleur d'Âmes dit que ton esprit t'a quittée pour suivre ton fils. Il n'était pas sûr que tu nous reviendrais.
    Kiin eut du mal à fixer son regard sur la femme qui parlait à son côté — quel était son nom ? Petite Plante.
    — Mais je suis ici, assise dans l'ulaq.
    — Tu étais comme une femme qui dort les yeux ouverts, à faire ce que je te demandais sans pour autant comprendre ce qui se passait autour de toi.
    Kiin se hissa lentement sur ses pieds et marcha de droite et de gauche à pas hésitants.
    — Est-ce le matin ?
    — Oui.
    — Me permettrais-tu de prendre ton ik pour les suivre ?
    Petite Plante se leva à son tour et passa un bras autour des épaules de Kiin qu'elle accompagna près de la lampe à huile.
    — Kiin, commença-t-elle avec une extrême douceur. S'il existait la moindre chance de les retrouver, je te laisserais partir. Mais c'est impossible. Tu ne sais pas où ils sont allés.
    — Ils sont rentrés au village Morse.
    — C'est une trop longue route pour une femme seule.
    — J'ai fait tout ce chemin seule.
    — Et tu as failli en mourir, ainsi que ton fils.
    Kiin sentit les larmes envahir sa poitrine et monter de façon irrépressible. Elle s'écroula à genoux et enfouit son visage dans ses mains.
    Petite Plante demeura près d'elle, lui tapotant le dos, lui caressant les cheveux comme à un enfant. Elle mit ses bras autour d'elle, la berça, et fredonna une berceuse Premiers Hommes que Kiin chantait autrefois à Shuku.
    Deux jours durant, Kiin obéit à Petite Plante. Elle déterra des racines, cueillit des baies, attrapa du poisson, ramassa des oursins. Le chagrin en son cœur semblait ralentir son âme, comme si elle marchait dans le brouillard, le gris cachant le soleil, la terre...
    La nuit du deuxième jour, Aigle vint à elle tout en ne cessant de couler des regards vers son épouse, comme si c'était dans les yeux de Petite Plante qu'il trouverait les mots nécessaires.
    Il parla d'abord de chasse, comme si Kiin était un homme, puis de couture, comme s'il était une femme, jusqu'à ce que, malgré sa peine, Kiin ne puisse réprimer un sourire.
    — Je vais t'emmener dans ta famille, dit-il enfin.
    Kiin leva les yeux, entrouvrit les lèvres, mais aucun
    son ne sortit.
    — Je ne sais pas où le commerçant et sa femme ont conduit ton fils, mais je vais te ramener à ton époux sur
    la plage des Commerçants. Peut-être t'aidera-t-il à le retrouver.
    Kiin ouvrit de nouveau la bouche mais ne sut que dire. Au cours de ces deux jours, elle avait souvent songé à retourner auprès de Samig, mais si, en trouvant Shuku, le Corbeau s'était rendu sur la plage des Commerçants, avait trouvé Takha et l'avait emporté lui aussi, ou pis encore, avait trouvé Samig et l'avait tué comme il avait tué Amgigh ?
    Les larmes lui montèrent aux yeux sans qu'elle puisse les refouler. Je ne peux rester ici, se dit-elle. Les Ugyuuns n'ont vraiment pas besoin d'une bouche supplémentaire à nourrir.
    Kiin se lécha les lèvres, déglutit et se frotta la joue sur l'épaule.
    — Quand?
    Aigle haussa les épaules.
    — Demain, si le ciel est propice. Petite Plante, aimerais-tu nous accompagner ? Kiin et toi prendriez l'ik et moi mon ikyak.
    — Oui. Nous irons ensemble trouver le mari de Kiin et son autre fils. Alors tu pleureras des larmes de joie, ajouta-t-elle avec une petite tape affectueuse sur l'épaule de

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