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Mon frère le vent

Mon frère le vent

Titel: Mon frère le vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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rentrée pour trouver Takha exactement comme elle l'avait espéré — vigoureux et joyeux — et Trois Poissons plus sage, plus douce, une vraie sœur. Mais elle avait perdu Shuku. Elle était revenue pour constater que son père avait été banni de sa tribu et voir sa mère, l'heureuse épouse de Longues Dents. Mais voilà que sa mère allait être vendue comme esclave. Quel espoir une vieille femme avait-elle ? Aucun homme n'en voudrait pour épouse. On l'utiliserait pour les tâches les plus rudes et elle aurait peu à manger.
    — Une lune, rien qu'une lune, lui répéta Coquille Bleue en lui tendant les bras.

Elles s'étreignirent. Kiin retint un sanglot. Coquille Bleue se libéra et, contemplant son visage, essuya les larmes de ses joues.
    — Fille, laisse-moi accomplir cela pour toi. Il y a trop de choses que je n'ai pas faites. J'ai laissé ton père te battre...
    A ces mots, elle s'étouffa. Puis, après avoir pris une profonde inspiration, elle poursuivit :
    — J'avais peur. Laisse-moi te prouver mon courage. Laisse-moi me révéler...
    Kiin hocha la tête.
    — Si seulement je pouvais y aller à ta place.
    — Ils te connaissent.
    — Peut-être te reconnaîtront-ils aussi.
    — Non, objecta Coquille Bleue avec un petit sourire. Je ne suis qu'une cheveux-gris. Quelqu'un qui prépare à manger et coud des parkas. Il n'y a aucun danger. Mais je dois partir. J'ai encore cette nuit avec mon époux.
    Coquille Bleue tourna les talons et se dirigea vers le rondin à encoches. Elle regarda en arrière vers sa fille.
    — J'espère seulement que je me montrerai aussi forte que toi.
    Kiin tendit la main. Coquille Bleue en fit autant. Elles étaient chacune à une extrémité de l'ulaq, mais on aurait dit que leurs doigts se touchaient.
    83
    Peuple des Rivières
    Fleuve Kuskokwim, Alaska
    Dyenen se tenait debout et regardait l'ik entreprendre la descente du fleuve. Journée sans difficulté jusqu'à la mer, songea Dyenen. Mais jusqu'au village Morse ? Pas commode pour un homme seul dans un ik. Si Saghani mourait...
    Dyenen songeait avec un certain malaise à tous les stratagèmes dont il avait usé avec cet homme. Saghani ne voyait aucune valeur dans les herbes médecines et les subterfuges ne visaient pas à tromper, mais seulement à convaincre les gens du pouvoir des herbes. Mais Saghani, que ferait-il d'un tel savoir ?
    Naturellement, si les Chasseurs de Morses éprouvaient de l'effroi et non de l'émerveillement, les voix cesseraient d'être porteuses de pouvoir et les tours ne serviraient qu'à amuser les enfants et à faire oublier à leurs parents la dureté de la vie.
    Dyenen pivota sur lui-même et rentra chez lui. Sa nouvelle épouse était là avec Souriceau et Shuku. Il lui avait demandé de sculpter un oiseau qu'il voulait porter en amulette, contre son cœur. Il était vieux. La fin de sa vie approchait. Il avait besoin de quelque chose pour rappeler à son esprit de regarder en l'air, de voler quand il serait libéré de son corps.
    Mais avant que ce temps ne survienne, cette femme lui donnerait un fils. Elle avait des grands pouvoirs, même si ces deux garçons n'étaient pas les siens.
    Une fois chez lui, Dyenen s'installa contre un dossier de branches de saules tressées. Il avait ordonné à ses autres épouses de se tenir à l'écart pendant les jours normalement dévolus à toute nouvelle épouse. Des hommes jeunes pourraient être tentés de trouver un coin tranquille le long de la rivière, mais il était vieux et s'était accoutumé au confort de sa demeure. Il passerait donc les jours ici, en compagnie de Kiin.
    Elle était belle et Dyenen s'aperçut qu'il avait hâte de l'emmener dans son lit. Lorsqu'il entra, elle ne le salua pas et, même à cet instant, elle gardait les yeux rivés à l'ivoire qu'elle tenait entre ses mains.
    — As-tu fini l'oiseau ? s'enquit Dyenen en langue Morse.
    La femme leva sur lui des yeux arrondis, comme s'il l'avait surprise.
    — Tu parles la langue Morse ?
    — Ne le dis pas à Saghani, dit-il avec un sourire.
    La femme sourit à son tour avant de froncer les sourcils en regardant la sculpture.
    — Certaines choses exigent parfois beaucoup de temps.
    — Tu as sculpté ton phoque en une nuit, objecta Dyenen.
    — Un oiseau n'est pas aussi facile — les ailes. Comment sculpterais-tu une aile ?
    Dyenen perçut la nervosité dans sa voix, les larmes qui bloquaient sa gorge. Quittant son dosseret il vint s'asseoir près d'elle.
    — Pose

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