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Mon frère le vent

Mon frère le vent

Titel: Mon frère le vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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pas des commerçants. Pourquoi des marchands braveraient-ils la neige et la glace nouvelle ? Ils possédaient des ikyan, pas des iks, et avaient le port des chasseurs. Ils ne parlaient pas la langue Rivière.
    Le plus âgé était grand et, si on ne prêtait pas attention à son parka, cousu à la manière des Chasseurs de Morses, ou à ses bottes, confectionnées avec des nageoires comme celles des Premiers Hommes, on l'aurait pris pour un Caribou, avec ses longues jambes, sa peau claire et les os pointus de son visage.
    Le plus jeune était d'un peuple inconnu de Dyenen. Il était large d'épaules, court sur pattes, un homme dont le corps évoquait la force, y compris dans sa façon de marcher. Lui aussi portait d'étranges vêtements, mi-Morses, mi-Premiers Hommes.
    Les marchandises qu'ils comptaient échanger étaient de belle qualité mais il y en avait relativement peu, même si le jeune possédait un couteau — une lame d'obsidienne noire et un manche entouré de quelque chose qui ressemblait à des cheveux. Cela, songea Dyenen, il donnerait beaucoup d'huile pour l'avoir.
    Ce serait bien s'ils voulaient des chiens, se dit-il. Il en avait beaucoup, entraînés à porter des paquets, mais si certaines tribus Morses en possédaient, presque tous pensaient que leurs ikyan suffisaient largement.
    — Morse ? s'enquit Dyenen. Tu parles Morse ?
    Le plus vieux ouvrit les mains et s'adressa au plus jeune.
    Dyenen fit de ses mains le signe qui, pour les marchands, correspondait à la tribu Morse. Si ces deux hommes portaient des vêtements Morses, ils devaient parler leur langue. Mais ils ne répondirent pas.
    — Va chercher Queue de Lemming, dit-il à sa troisième épouse, la femme qui rôdait autour d'eux, offrant de la viande, de l'huile et des baies séchées aux hommes assis sur leurs talons dans la demeure de Dyenen.
    La femme baissa la tête en signe d'approbation, posa les récipients à portée de main des hommes et s'en alla.
    Elle revint avec Queue de Lemming qui tenait deux bébés. Les commerçants la regardèrent et le plus jeune tendit la main aux enfants. Quel chasseur s'intéresse aux bébés ? songea Dyenen, désapprobateur.
    — Queue de Lemming, dit-il à son épouse, ces hommes, vois si ta langue est leur langue.
    La femme s'assit, posa les enfants sur ses genoux et parla. Dyenen écoutait les mots qu'elle prononçait. Il agirait avec ces deux hommes comme il l'avait fait avec Saghani. Un homme apprenait plus en écoutant qu'en parlant.
    Le plus âgé dit quelques mots, suffisamment pour que Dyenen comprenne qu'il venait d'un endroit appelé plage des Commerçants, qu'il était des Premiers Hommes et nouveau dans le marchandage. Le jeune qui l'accompagnait était son fils. S'ils ne se ressemblaient pas, Dyenen distinguait en eux les mêmes gestes de la main, le même port de tête. Le plus jeune cachait sa main droite dans la manche de son parka. La seule fois que Dyenen eut l'occasion de la voir, il l'observa atten-tivement, vit la longue cicatrice en travers du poignet, sur le dessus, les doigts recourbés en pince. La cicatrice était mince et claire, comme si la blessure avait été faite au couteau. Dyenen connut soudain la peur. Cet homme était-il un lutteur, quelqu'un qui défiait les hommes ?
    Puis les deux hommes s'exprimèrent en une langue que Dyenen crut être celle des Premiers Hommes. Il écouta et, sans comprendre, perçut les sentiments sous les mots — la colère et le chagrin. Finalement, le plus jeune regarda Dyenen et rencontra son regard, les yeux dans les yeux.
    — Dis-lui de bien regarder, de regarder longuement, dit le père à Queue de Lemming. Dis-lui de me regarder moi aussi et de voir que nous venons sans tromperie. Nous sommes venus demander quelque chose que ton peuple peut refuser de donner. Mais cela nous appartient, car cela nous a été volé.
    Dyenen écouta l'homme et écouta ensuite Queue de Lemming utilisant des mots Rivières — sa connaissance de cette langue était encore imparfaite mais s'améliorait chaque jour — pour traduire ce qui venait d'être dit.
    — Tu parles bien, Queue de Lemming, lui dit Dyenen.
    Elle rit.
    — J'aime parler et tes femmes ici ne connaissent pas la langue Morse. Mais tu devrais converser toi-même avec ces marchands. Tu connais la langue Morse.
    — Pas aussi bien que toi.
    Elle inclina la tête et sourit lentement.
    — Tu ne tiens pas à ce qu'ils sachent que tu les comprends.
    Cette femme était maligne. En

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