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Mon frère le vent

Mon frère le vent

Titel: Mon frère le vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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bateau.
    Soudain, le nom du plus jeune lui revint.
    — Œuf Moucheté, laisse-moi venir avec vous.
    Les hommes devisèrent en langue Caribou si bien que s'il entendit tout, Waxtal ne comprit rien.
    — Pourquoi ? s'enquit l'aîné.
    — Je veux voir mes frères, les Chasseurs de Baleines.
    — Tu es Chasseur de Baleines ?
    Waxtal sentit le début d'un mensonge dans sa bouche. Il enfla contre sa langue. Mais Waxtal n'était pas un idiot. Quel Chasseur de Baleines le revendiquerait pour frère ?
    — Non. Vous vous rappelez ce que vous a dit Kayugh ? Avant que la montagne Aka ne se fâche, nous habitions une île proche de la leur. Nous troquions souvent ensemble.
    — Ainsi tu connais ce village ?
    — Oui. Et Roc Dur, le chef.
    Les frères se penchèrent l'un vers l'autre pour chuchoter. Hibou leva les yeux vers Waxtal.
    — Tu ne comptes pas obtenir une part de nos marchandises ?
    — Non.
    — Notre nourriture ?
    Waxtal déglutit.
    — Notre village est pauvre. Comment pouvais-je prendre de la nourriture à ma femme pour ce voyage ?
    — Tu as troqué de l'huile contre les défenses objecta le cadet.
    — Et je sculpterai, au moins une statuette contre de l'huile de baleine, beaucoup d'huile de baleine. Après quoi je vous paierai pour ma nourriture. De plus, je suis chasseur. Je vous aiderai en prenant des phoques pendant que vous pagaierez. Il est plus aisé de chasser avec un ikyak qu'avec ça, ajouta-t-il en désignant l'ik au dessus large et ouvert.
    — Tu as les défenses ? s'enquit Hibou.
    — Oui, ici, répondit-il en montrant le fond de sca bateau.
    Les hommes échangèrent un regard, le plus jeune haussa les épaules. L'aîné dit :
    — Bon, tu peux venir. Pars devant et trouve une baie où dresser un camp. Tu vois, fit-il en désignant un mouvement sombre dans les nuages, un orage se prépare.
    Un frisson d'effroi parcourut le dos de Waxtal comme il scrutait le ciel. Il aurait dû remarquer. S'il n'avait pas rejoint les commerçants, il aurait ramé en direction de la tempête. Il ne s'était jamais tellement préoccupé du ciel. Kayugh et Longues Dents étaient meilleurs pour ces choses, tout comme il était meilleur pour sculpter. Ils lui laissaient la sculpture, pourquoi ne pas leur laisser le soin de guetter le ciel ?
    — Quand ? demanda Waxtal en montrant le ciel.
    — Ce soir, répondit Œuf Moucheté.
    Waxtal plongea sa pagaie dans l'eau.
    — Je trouverai un endroit.
    Il ne leur fallut pas longtemps pour arriver à la plage dont se souvenait Waxtal. Elle était abritée par des rochers, si bien qu'en passant la tempête ne fît que gronder autour de leurs bateaux retournés et la pluie goutter sur les roseaux qui protégeaient leurs jambes tandis qu'ils étaient recroquevillés dans leurs chigadax.
    Le lendemain matin, des laisses éparses regorgeaient de morues rejetées par la mer. Les marchands envoyèrent Waxtal ramasser les poissons.
    — Travail de femmes, dit Waxtal afin que les esprits planant au-dessus d'eux soient témoins de la façon dont on le traitait.
    N'empêche, c'était de la nourriture. Ramasser du poisson était encore préférable à crever de faim.
    Waxtal éclata de rire.
    — Samig est persuadé que je suis mort de faim ou noyé, dit-il aux esprits. Il ne comprend pas que vous êtes avec moi. Quand je serai un chaman célèbre pour ses sculptures, je reviendrai. Coquille Bleue me suppliera de la reprendre mais je trouverai une épouse jeune et belle qui me fera des fils et je contraindrai Samig à quitter notre village. Juste retour des choses.
    Il ramassa une morue dont il arracha les yeux à l'aide de son ongle de pouce. Il les goba et les sentit éclater entre ses dents.
    Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas mangé cette gâterie d'ordinaire réservée aux enfants. Cela lui rappela une devinette de Grand-mère :
    « Qu'est-ce qui est meilleur que des yeux de poissons ?
    Tes yeux qui me sourient. »
    — Qu'est-ce qui est meilleur que des yeux de poissons ? demanda-t-il aux esprits.
    Il répondit :
    — Les yeux de Samig, ouverts dans la mort !
    Et il rit de sa propre intelligence.
    DÉBUT DU PRINTEMPS, 7037 AVANT J.-C.
    Baie de Chagvan, Alaska
    Dans un hurlement, Queue de Lemming saisit Kiin par les cheveux. Celle-ci lui tordit les doigts pour se libérer et les enveloppa autour de la corde suspendue aux chevrons de l'abri de naissance.
    — Tire, conseilla-t-elle. Quand la douleur arrive, tire.
    Assise sur ses talons, Queue de Lemming

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