Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Mon frère le vent

Mon frère le vent

Titel: Mon frère le vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
Vom Netzwerk:
silhouette se détachait contre le ciel. Ils levaient la tête en pointant le museau, comme des phoques.
    — Des loups, murmura-t-il.
    — Ils sont grands, nota Premier Flocon.
    — Certains atteignent presque la taille d'un homme, expliqua Kayugh en se tournant vers Samig.
    Samig se souvint alors des récits de son père alors qu'il était encore enfant, les histoires des Chasseurs de Morses, de loups plus avisés que le plus avisé des chasseurs.
    — Pourquoi sont-ils venus ? demanda Premier Flocon.
    — Pour nous montrer où chasser, suggéra Kayugh.
    — Pour nous suivre et prendre une part du caribou que nous avons caché, proposa Longues Dents.
    — Qui peut savoir pourquoi ils sont là ? intervint Samig. Peut-être pour de nombreuses raisons, une raison différente pour chacun de nous.
    Alors, il s'assit sur le toit de son ulaq et observa les loups, écouta leurs cris jusqu'à ce que la lune traverse le ciel et fasse place au premier soleil.
    Etrangement, ce fut Trois Poissons qui les vit. Elle était sur la plage, les autres femmes péchaient en mer et les hommes observaient du haut des ulas le ciel et la mer, se tournant parfois vers les collines où se trouvaient les loups la nuit précédente.
    — Des baleines ! s'écria-t-elle.
    — Quelle folie que ceci, femme ? clama Samig, hors de lui, se levant pour donner plus de poids à ses mots. Il n'y a pas de baleines dans cette baie aux eaux peu profondes.
    Mais lui aussi les vit. Des baleines, trois, des baleines franches, avec leur double jet, une autre légèrement sur le flanc le long d'une bande de gravier au milieu de la baie, peu profonde à cet endroit.
    Il appela les autres hommes tout en courant. Il criait encore en enfilant son chigadax. S'emparant de son
    ikyak sur les claies, il le poussa dans l'eau et grimpa, attachant son chigadax au surbau tandis qu'il pagayait.
    Fouillant parmi les lignes et les flotteurs de varech, il s'embarqua vers la baleine la plus proche. Sa colère s'éleva contre sa main droite, tout juste bonne à tenir sa rame tandis qu'il faisait des nœuds avec sa main gauche et ses dents.
    Bientôt, Kayugh et Petit Couteau se trouvèrent à ses côtés dans leur kayak, observant le moindre geste de Samig qui fixait des flotteurs à ses lignes de harpon.
    — Soyez prêts à virer, ordonna-t-il.
    Il s'arrêta pour ôter la pagaie de sa main droite et la remplacer par sa lance qui tomba à l'eau. Samig faillit chavirer en essayant de la récupérer. Finalement, il lança son harpon à baleine de la main gauche.
    Le jet était trop court. Samig enroula la ligne pour ramener le harpon qu'il posa sur le pont puis il regarda son père et Petit Couteau lancer. Les deux harpons se logèrent dans le flanc de l'animal, mais ils étaient petits et privés de poison. La baleine se retourna mais ne put plonger dans si peu d'eau.
    Samig ôta la pointe d'obsidienne de sa tête de harpon en os de baleine hérissé de piquants, prit une bourse suspendue à son cou et passa du poison d'aconit sous la pointe. Il s'approcha de Kayugh et lui tendit le harpon.
    — Vas-y, fit-il.
    Kayugh fixa l'extrémité du fourreau à sa lance, tira son bras vers l'arrière et lança vigoureusement. L'arme fit mouche juste sous la nageoire.
    — Elle est à nous, commenta Petit Couteau.
    Samig désapprouva vigoureusement les paroles de
    son fils mais s'abstint de toute remarque. Si les baleines étaient offensées, eh bien, tant pis ! Il n'y avait aucun moyen d'effacer la vantardise du garçon.
    Ils s'éloignèrent de l'animal puis Samig entendit Longues Dents crier, vit l'homme pointer sa pagaie vers la deuxième baleine, vit le harpon de Longues Denis fiché dans le flanc de l'animal. Samig porta la main à sa bourse.
    — T'es-tu servi de poison ?
    L'homme désigna le petit sac qu'il avait dans la main.
    Le harpon de Premier Flocon atteignit la troisième baleine. Après cela, les chasseurs se séparèrent et observèrent les animaux à distance.
    — Il y a une chance qu'elles échouent sur notre plage, dit Petit Couteau à Samig.
    Silencieux, celui-ci ne montra pas le moindre signe qu'il avait entendu. Pourquoi déchaîner la colère des esprits de la baleine en leur disant ce qui allait se passer ?
    Puis Kayugh approcha son esquif et appela Samig avec des mots qui exprimaient sa fierté de père.
    — Mon harpon n'a pas touché de baleine, objecta Samig.
    Malgré tout, son cœur était plein de lumière. S'ils avaient assez de viande et

Weitere Kostenlose Bücher