Mon témoignage devant le monde-Histoire d'un Etat clandestin
chef, auquel étaient soumis les commandants de région et de circonscription : ceux-ci avaient tous les pouvoirs et prérogatives des chefs d’armée vis-à-vis de la population d’une zone de guerre. Ils pouvaient promulguer des décrets et ordonnances militaires, appeler la population à exécuter certains travaux, et réquisitionner des hommes pour les besoins de la guerre. Chaque soldat de cette armée clandestine avait les mêmes droits et devoirs qu’un combattant d’une armée régulière, y compris ceux relatifs au service comptant double pour sa future pension.
Le commandant en chef, bien que cela ne soit pas connu publiquement, avait reçu des pouvoirs spéciaux par décret du président de la République polonaise, l’autorisant notamment à proclamer une mobilisation générale ou partielle des Polonais, au moment où le gouvernement polonais en exil, en accord avec les autres gouvernements alliés, donnerait l’ordre d’un soulèvement général contre les occupants.
La tâche de cette branche armée qui avait pris en 1942 le nom d’Armia Krajowa (Armée de l’Intérieur) était divisée en deux parties : la première comprenait la diversion politique contre l’occupant, la propagande, la préparation du soulèvement général ; à la seconde était dévolue l’action strictement militaire : sabotage (contre l’industrie civile et l’industrie de guerre allemandes), diversion (activité directe contre l’armée allemande, ses communications, son ravitaillement et ses transports), la formation militaire, etc. De plus, elle collaborait avec les unités qui opéraient en territoires incorporés de force au Reich et à l’Union soviétique ciii .
3° La Représentation politique constituait le parlement de la Résistance. Chacun des quatre principaux partis politiques poursuivait, de sa propre initiative, un grand nombre de ses activités dans le cadre de la Résistance. Il avait le droit d’entreprendre une propagande autonome, son propre travail social et politique, et la résistance à l’occupant. Mais les représentants de ces quatre partis constituaient un corps officiel devant lequel était responsable le délégué en chef et le commandant en chef de l’armée civ .
Ce parlement de la Résistance en contrôlait aussi les finances et décidait du nombre de représentants qu’aurait chaque parti dans la Délégation administrative secrète et dans les services du délégué en chef et des délégués régionaux. Ces mêmes partis exerçaient un contrôle sur le gouvernement polonais de London par l’assemblée de leurs représentants.
4° La quatrième branche était appelée le Directoire de la résistance civile. Sa fonction principale était de soutenir la politique de résistance à l’occupant. Ses membres étaient des savants, des juristes, des prêtres et des personnalités engagées dans l’action sociale. Ils devaient débarrasser la Pologne des traîtres et des collaborateurs, juger ceux qui étaient accusés de collaboration, les condamner et veiller à ce que la sentence fût exécutée. Cette branche avait des ramifications régionales qui pouvaient fonctionner en tant que tribunaux.
Ce directoire était habilité à condamner à l’infamie ou à mort. Un Polonais était reconnu coupable d’infamie quand il n’avait pas suivi l’attitude générale de résistance à l’occupant et qu’il était incapable de justifier sa conduite. Cela aboutissait à un ostracisme social déclenché par la publicité de la décision et devait constituer la base des procédures criminelles d’après guerre. On condamnait à mort quiconque avait fourni une aide active à l’ennemi ou était convaincu d’avoir nui à des membres de la Résistance. Ce tribunal avait aussi le pouvoir de condamner à mort tout employeur allemand particulièrement malfaisant. Aucun appel n’était possible des sentences du tribunal et elles étaient invariablement exécutées cv .
5° La cinquième branche s’occupait des centres d’organisation isolés. Elle coordonnait le travail de groupes politiques, économiques, éducatifs et religieux qui agissaient en dehors des quatre premières branches. Certains de ces groupes accomplissaient des tâches importantes comme, par exemple, l’établissement des programmes d’éducation clandestine pour les écoliers, les lycéens ainsi que les étudiants et adultes de niveau universitaire. Ils contribuaient au maintien d’un bon moral et
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