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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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suppliant.
    — Si nous découvrons la pierre, la décision
appartiendra à Wolfram. Il veut réaliser le vœu de Conrad, l’offrir à l’ordre
teutonique. Mais je ne m’illusionne pas, nous savons si peu de chose pour la
trouver ! Le père de Sanceline pourrait nous aider, mais où est-il ?
Néanmoins, quoi qu’il arrive, je vous promets de venir à Foix vous dire si nous
avons réussi, ou échoué.
    — Cette pierre peut changer notre vision du
monde, intervint le Parfait. Je n’ai cessé d’y penser.
    — Il ne faut pas ! le coupa Guilhem.
Quelle qu’elle soit, elle n’est jamais qu’une pierre, comme celle-ci…
    Il désigna un rocher.
    — Ce monde n’a-t-il pas été créé par
Satan ? La pierre comme le reste, fit-il.
    — Non ! intervint Esclarmonde,
l’émeraude est divine !
    — Si vous croyez qu’elle vient de Lucifer,
pourquoi la recherchez-vous ? interrogea le Parfait, piqué au vif.
    Guilhem ne dit rien sur le moment, n’ayant pas de
réponse à l’esprit.
    — Je l’ignore… Peut-être pour comprendre le
sens du monde…, fit-il enfin.
    Sur ces mots énigmatiques, il les abandonna pour
rejoindre Amicie qui chevauchait devant.
    Elle lui sourit tristement quand il plaça sa
monture à côté de la sienne.
    — Cette fille est ta maîtresse ?
s’enquit-elle abruptement, mais sans agressivité.
    — Elle ne l’est plus… comme toi.
    — L’aimes-tu ?
    — Je l’ai aimée, comme toi.
    — Et tu l’as oubliée, comme moi ?
ironisa-t-elle.
    — Non, elle m’a quitté, préférant le Seigneur
Dieu, comme toi.
    Observant qu’Alaric, qui les devançait d’une
centaine de pieds, venait de s’arrêter, il piqua son cheval, n’ayant pas envie
d’une querelle avec elle.
    — Qu’y a-t-il ? lança-t-il.
    Comme changé en statue de pierre, Alaric ne
répondit pas.
    En rejoignant le chemin de Sainte-Gabelle, le
sentier faisait un coude et Guilhem ne voyait pas ce qui avait provoqué la
halte de son serviteur. Mais quoi que ce fût, il avait deviné que ce n’était
pas bon. Il tira son épée et s’approcha avec prudence.
    À l’intersection du sentier et du chemin
s’étendait une sorte de clairière, un peu en retrait. Sur un pieu planté en
terre, un homme couvert de neige était emmanché. La neige n’avait pas atteint
le bas du pieu, noirci de sang séché. Les pieds du supplicié pendaient à
quelques pouces du col et le pieu ressortait par l’épaule droite, au-dessous de
la clavicule. Sur la tête du mort, un corbeau affamé lui déchirait l’oreille.
    Pétrifié par cette vision d’épouvante, Guilhem s’arrêta
aussi. Amicie le rejoignit en pressant sa monture. Découvrant l’horrible
spectacle, elle resta un instant la bouche ouverte avant de se mettre à hurler.
    Au cri, Guilhem reprit ses sens et fit avancer son
cheval vers l’homme empalé. Alaric le suivit. Mécontent d’être interrompu
durant son repas, le corbeau s’envola, croassant des injures.
    C’était Espes Figueira et, chose incroyable,
entendant les cavaliers approcher, le supplicié ouvrit les yeux.
    Le majordome d’Amicie n’était pas encore mort.
    Les autres arrivaient. Esclarmonde affichait un
visage figé par l’horreur tandis qu’Amicie ne pouvait retenir ses sanglots en
découvrant celui qui l’avait aidée à s’évader, pour mieux la tuer. Wolfram
d’Eschenbach considérait la scène avec stupéfaction. Archéric de Salins la
regardait seulement avec tristesse. Il avait connu cette sauvagerie en Orient.
    — Que fait-il là, seigneur, demanda enfin
Alaric, déconcerté.
    — Soif ! gargouilla le mourant.
    Guilhem descendit de cheval, prit sa gourde et en
versa quelques gouttes dans la bouche ensanglantée du malheureux.
    — Qui a fait ça ? demanda-t-il.
    — Comte… Dracul…
    Immédiatement sur ses gardes, Guilhem balaya les
alentours des yeux.
    — Alaric, retourne au chemin ! Regarde
partout ! Dracul et ses gens sont par ici !
    « Pourquoi, pourquoi vous a-t-il fait
ça ? demanda-t-il ensuite au mourant.
    — J’ai volé… dans sa tente… des flèches… un
médaillon… il m’a trouvé… un prêtre…
    Le Parfait s’approcha et commença une patenôtre à
mi-voix.
    — Comment t’ont-ils pris ?
    — J’allais à Saverdun… chercher du renfort…
pour le seigneur Gilabert.
    — Tu as toujours été à son service ?
    — Oui…
    Il aperçut Amicie et ajouta :
    — Pardon… ma dame…
    Les efforts pour parler avaient dû

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