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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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crains.
    Elle eut un sourire chaleureux et reconnaissant.
    — Devant moi, le carnage se poursuivait,
continua-t-il. Les flèches étaient peu nombreuses, mais chacune faisait mouche.
Seuls les arbalétriers ripostaient. J’ai alors aperçu dame Amicie qui priait,
plus loin, dans le fossé. J’ai rampé jusqu’à elle et l’ai forcée à me suivre.
Nous avons rejoint dame Esclarmonde et je leur ai dit qu’il fallait fuir, car
après les flèches viendraient les hommes achever les survivants. J’ai dû un peu
les houspiller pour qu’elles bougent. On s’est éloignés et je leur ai demandé
de se traîner dans les fourrés du coteau. Ensuite ce fut plus facile, car les
taillis nous protégeaient. Arrivés en haut, on a suivi un sentier au hasard.
Nous étions épuisés et nous nous reposions, ne sachant plus que faire, quand
vous êtes arrivés.
    Avec amertume, Guilhem songeait que les chevaliers
et les arbalétriers n’avaient servi à rien pour protéger la comtesse. C’était
un homme de Dieu, rejetant les armes, qui l’avait sauvée.
    — Vous avez eu de la chance d’avoir le sire
de Salins avec vous, dame Esclarmonde, dit-il. Mais si tous les chevaliers
avaient porté haubert et camail, les flèches auraient été impuissantes contre
eux. Nous resterons donc équipés toute la nuit.
    Chacun s’installa pour quelques heures de sommeil.
Guilhem organisa les tours de garde entre les hommes. Le temps serait évalué
par le passage de la lune décroissante dans le ciel nuageux.
    Alaric prit la première garde et Guilhem resta
éveillé pendant celle-ci, n’ayant toujours pas confiance. Ensuite ce fut
Archéric, puis Wolfram. Guilhem prit la dernière garde. Il était 3 heures
passées. La neige avait cessé, mais une fine couche blanche s’était déposée
partout. En frissonnant, il remit du bois dans les feux puis, ayant pris sa
selle, il s’assit à l’écart, contre un arbre, loin des lueurs pour ne pas être
vu. Le hamois gardé toute la nuit lui pesait. Ses gants de mailles irritaient
sa peau, tout comme le camail. Son casque le faisait transpirer. Mais il ne
pensait pas à son confort, seulement à la bataille qui aurait lieu.
    Finalement les loups ne s’étaient pas approchés
même s’ils avaient hurlé. Peut-être s’étaient-ils attaqués à leurs
poursuivants.
    Guilhem prêtait une oreille attentive aux bruits
de la nuit. Quelques chouettes hululaient. On entendait parfois le glapissement
d’un renard, les bruissements des fouines, des belettes et des martres. Le
couinement d’agonie d’un faisan imprudent. Le grognement d’un sanglier. Il
savait que le bon moment pour attaquer des gens fatigués était juste avant
l’aube. Il songeait aussi à la décision de Sanceline. Malgré sa foi cathare,
elle avait accepté de prendre une arme, de tuer pour sauver sa vie et celles de
ses compagnons. Amicie avait refusé. C’était pourtant une occasion de rompre
ses vœux sans qu’on puisse lui reprocher une infidélité à son serment. Pourquoi
n’en avait-elle pas profité ?
    Un hennissement lointain se fit entendre. Guilhem
se leva, les sens en alerte. Puis retentit un bruit métallique. Une épée qui
heurtait un écu ou une hache.
    Il se précipita dans la hutte et secoua chacun
pour éviter de faire du bruit. Eschenbach, Alaric et Sanceline saisirent leurs
arbalètes et sortirent.
    Guilhem avait expliqué à Sanceline comment tenir
l’arme, lui ayant même fait tirer deux viretons pour qu’elle ne soit pas
surprise par sa puissance.
    À peine s’installaient-ils qu’ils entendirent les
bruissements d’animaux s’approchant dans les taillis. Nul doute qu’il
s’agissait de chevaux. D’ailleurs l’un d’eux hennit, ayant senti des compagnons
proches, et presque aussitôt, ce fut le tumulte d’une cavalcade et le sol
trembla sous le martèlement des sabots.
    Comme Guilhem l’avait prévu, ils chargeaient au
galop, le moyen le plus sûr pour détruire un campement. Arrivés à la hutte, ils
frapperaient avec leurs haches et leurs masses sur tout ce qui bougerait.
    Presque en même temps, ce furent les cris. Leurs
agresseurs n’avaient pu se retenir de hurler sauvagement :
    — À sac ! Tue ! Tue !
Mortaille !
    — À mort ! Pille !
    Mais il faisait encore très sombre. Si, à cause
des feux, les assaillants distinguaient bien la hutte, ils n’avaient pas aperçu
le muret de pierre. Par contre, les chevaux le virent et s’arrêtèrent
brusquement

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