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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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gouffre.
     
    — Les vautours vont s’en prendre à Bernard,
dit tristement frère Gui, regardant les oiseaux noirs qui tournaient au-dessus
du corps d’Urgio.
    — Allez-vous enfin obéir et descendre ?
lança Castelnau à Brasselas.
    — J’ai déjà perdu trois de mes hommes !
Mon prix n’est plus le même !
    Depuis la mort de Garin, celui envoyé à la
recherche d’Ussel, ils se disputaient. Castelnau exigeait que Brasselas aille
fouiller le corps de Guilhem pour ramener la pierre, tandis que l’ancien
chevalier de Saverdun ne voulait pas s’éloigner, craignant qu’Ussel soit encore
vivant.
    — Vous n’auriez pas perdu Garin si vous
l’aviez accompagné. C’était folie de l’envoyer seul ! intervint frère Gui.
Allez-y avec l’un de vos hommes.
    — Venez donc avec nous ! Pourquoi rester
ici ? C’est une perte de temps. La nuit va tomber.
    — Je vous l’ai dit et répété, je reste devant
ce gouffre tant que je ne suis pas certain que cet Ussel ait remonté la pierre
que je veux. De plus, il faut quelqu’un pour garder les prisonniers.
    — Les prisonniers ? s’exclama Brasselas.
Laissez-moi leur couper la gorge et on n’en parlera plus.
    — Non ! Je ne suis pas venu ici pour
tuer des innocents et n’oubliez pas que c’est moi qui commande et qui vous
paye.
    Plus conciliant, il ajouta :
    — Si vous me rapportez la pierre, je
doublerai vos gages ! Nous irons ensuite mettre Bernard d’Urgio et Garin
en terre consacrée, proposa Castelnau.
    — D’accord ! Je pars avec Guérin
vérifier qu’il est mort et l’achever s’il ne l’est pas, gronda Brasselas. Mais
ne vous en prenez qu’à vous si ceux-là tentent quelque chose pendant que je
serai absent !
    — Ils sont attachés et j’ai une arbalète,
répliqua Castelnau.
    En grommelant, Brasselas s’éloigna.
     
    Du fourré où ils se trouvaient, Guilhem et
Sanceline avaient observé la scène. Depuis que Guilhem s’était jeté dans le
ravin avec le moine, rien n’avait changé. Alaric et Wolfram étaient toujours
agenouillés, entravés. Enguerrand gardait un visage ravagé, marqué de larmes,
et les deux moines, près de la falaise, les surveillaient, regardant par
instants en bas où les premiers vautours venaient de se poser.
    Quant au dernier maraud de Brasselas, il avait
posé son casque, restant appuyé contre l’arbre au pied duquel se tenait
Enguerrand.
    — Il n’en reste qu’un, c’est une chance. Je
peux l’assommer avec la fronde, dit Guilhem à Sanceline. Reste ici.
    — Non ! Le moine à l’arbalète ne te
ratera pas à cette distance.
    Guilhem secoua la tête.
    — C’est un moine, Sanceline ! La
religion lui interdit de faire couler le sang. Ecclesia abhorret a sanguine [57] . Et les frocarts ne
savent pas se servir d’une arbalète.
    Il savait que c’était faux, avant vu bien des
moines couper des gorges dans des batailles. Mais il était persuadé que
l’émeraude préserverait sa vie. Mis à part celui qui ne l’avait qu’égratigné,
les carreaux tirés sur lui ne l’avaient-ils pas manqué ? Wolfram avait dit
que le Graal protégeait durant sept jours.
    Il sortit du bois et fit tourner la fronde. À
courte distance, Guilhem avait choisi une lourde pierre. L’estropiat de
Brasselas la reçut sur la face. Elle lui brisa le nez et il tomba à genoux,
étourdi. Il cria à l’aide, mais déjà Guilhem était sur lui, lui enfonçant son
couteau dans les côtes en perçant la broigne de cuir.
    — Restez où vous êtes ! lança Castelnau,
stupéfait par l’attaque inattendue.
    Guilhem se tourna. L’arbalète était braquée sur
lui.
    — Vous ne pouvez pas me tuer ! dit-il
simplement en écartant les mains.
    — Pourquoi ? demanda frère Gui dont le
visage affichait la terreur.
    — Protégé par le Graal, je ne peux plus
mourir.
    Castelnau parut ébranlé.
    — Dis-lui, Wolfram ! fit Guilhem en
s’adressant au Bavarois. Le Graal ne protège-t-il pas de la mort ?
    Il aurait volontiers lancé le couteau à son ami,
mais, avec les poignets liés dans le dos, l’Allemand n’aurait rien pu faire.
    — La pierre empêche de mourir ceux qui ont le
cœur pur, c’est vrai. Elle est la source de vie, dit Wolfram.
    — On va bien voir, dit Castelnau en
déglutissant.
    Il s’apprêtait à appuyer sur la poignée à bascule
de l’arbalète quand une voix de femme retentit :
    — Et moi, me croirez-vous ?
    C’était Sanceline qui s’avançait.
    Une

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