Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
Vom Netzwerk:
l’a dit Enguerrand, il y a un lac au
fond du gouffre. Pendant que je cherchais l’émeraude, ce lac s’est brusquement
vidé. Je pense que c’est ce qui provoque la brusque sortie des eaux de la
source de l’Orbe. À ce moment-là, j’ai vu un coffre apparaître. Je l’ai tiré.
Il contenait l’émeraude.
    — Je vais réécrire le conte du Graal avec ce
que j’ai appris. Grâce à toi, j’en connais bien plus sur elle que Chrétien de
Troyes ! fit Wolfram avec satisfaction.
    — Tu en sauras encore plus quand je l’aurai
reprise au comte Dracul.
    — Tu veux vraiment le poursuivre ?
s’enquit Sanceline, avec inquiétude.
    Elle se serrait contre Guilhem en lui tenant la
taille.
    — Peu importe cette pierre ! ajouta-t-elle
avec dépit.
    — Dracul m’a volé, Sanceline. Il est parti
avec mes biens, mon haubert, l’épée que m’a offerte le comte de Foix et ma
vielle. Je perdrais mon honneur et ma réputation si je les lui laissais.
    Il n’en dit pas plus, car il savait que ce n’était
pas la véritable raison pour laquelle il pourchasserait le comte. Un silence
contrarié s’installa, tandis qu’ils avançaient dans la neige tourbillonnante.
    S’il n’y avait eu l’émeraude, Guilhem, comme
Lancelot, aurait sans hésiter abandonné ses biens et son honneur pour rester
avec celle qu’il aimait. Mais le Graal était plus fort que ses sentiments. Il
avait l’impression que la pierre exigeait d’être reprise au comte Dracul.
Troublé, il s’interrogeait sur cette fascination qu’elle exerçait sur lui.
     
    Arrivés au gouffre, ils découvrirent Enguerrand
qui les attendait appuyé sur un bâton, grelottant sous la neige.
    — Père, du courage, il faut marcher jusqu’à
Bélesta pour y demander l’hospitalité cette nuit, lui dit sa fille, resserrant
affectueusement son manteau autour de son cou.
    — Nous avons encore quelque chose à faire,
mes amis, dit Guilhem après avoir récupéré son hoqueton posé sur une branche.
    S’approchant du gouffre, il attrapa la corde et la
tira doucement jusqu’à ce qu’il sente une résistance. Ensuite, il la coupa et
la noua à son baudrier. Puis il s’apprêta à descendre en s’aidant de l’autre
morceau de corde encore attachée à un arbre.
    — Que fais-tu ? demanda Sanceline,
étonnée.
    — Au bout de cette corde, j’ai attaché le
coffre dans lequel se trouvait l’émeraude, expliqua Guilhem.
    — Tu veux le garder ? interrogea Wolfram
sans comprendre.
    — Il est en or, mon ami, laissa tomber
Guilhem.
    — En or ? s’exclamèrent presque à
l’unisson ses compagnons.
    — Oui, mais il est aussi très lourd. On
viendra le chercher plus tard. Pour l’instant, je vais seulement attacher la
corde un peu plus bas dans le gouffre de manière à ce que personne ne la
découvre.
    Il descendit de deux toises et noua solidement le
cordage à une racine avant de remonter.
    — Quand tout sera fini, on reviendra,
expliqua-t-il en saisissant la main de Wolfram pour sortir. Mais je vous
préviens, ce sera une rude besogne.
    — Combien pèse-t-il, seigneur ? demanda
Alaric.
    — Au moins soixante livres, l’équivalent de
huit à dix mille pièces d’or.
    Ils restèrent stupéfaits, devant l'énormité de la
somme, n’osant demander à Guilhem ce qu’il ferait d’une telle fortune.
    Ayant ramassé leurs casques, que les valaques
avaient laissés, ils prirent la direction de Bélesta. En chemin, Enguerrand
questionna sa fille sur sa mort. Elle lui parla du tunnel lumineux, de la
musique magnifique et du bonheur qu’elle avait éprouvé. Elle raconta qu’elle
avait revu sa mère et le pauvre homme se mit à pleurer. Elle dit aussi qu’elle
avait aperçu sa propre dépouille quand elle était sortie de son corps, et
comment elle l’avait réintégrée sur ordre de la mystérieuse créature lumineuse.
    Plusieurs d’entre eux restèrent mal à l’aise après
ce récit. Ce qu’avait connu Sanceline lors du grand passage, ce n’était pas ce
que les Églises affirmaient. Enguerrand était bouleversé. Sa fille n’avait pas
reçu le consolamentum , donc elle aurait dû prendre possession d’un
nouveau corps. Peut-être cela serait-il arrivé au bout de cet étrange tunnel,
se rassurait-il, mais pourquoi avait-elle rencontré sa mère ? Pourquoi
cette musique ? Et surtout, pourquoi était-elle revenue ?
    Alaric, lui, jugeait que dame Sanceline avait
ressuscité comme le Seigneur Jésus et il la regardait

Weitere Kostenlose Bücher