Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
Vom Netzwerk:
désormais avec dévotion.
Quant à Wolfram, il songeait à Conrad. Avait-il vécu la même expérience ?
Il s’inquiétait aussi pour son retour en Allemagne. Il s’était souvenu avoir
laissé sa bourse sur son cheval. À moins qu’il ne rattrape les voleurs, il
était désormais pauvre comme un gueux. Mais comment pourrait-il retrouver
Dracul sans cheval, sans épée et sans argent ?
    Sanceline, elle, s’inquiétait, car Guilhem n’avait
posé aucune question et elle se demandait s’il n’allait pas la rejeter. Qui
voudrait d’une épouse morte ?
    Elle se trompait, car si Ussel méditait, c’est
qu’il avait d’autres préoccupations.
     
    Le castelhar de Bélesta était un donjon crénelé de
trois étages, mitoyen d’une grande salle à la charpente de bois couverte de
pierres plates. Cet édifice et les écuries, granges et celliers attenants
étaient protégés par une enceinte fortifiée en contrebas de laquelle se
dressaient une chapelle, quelques masures, les ateliers d’artisans et un
moulin.
    Glacés et affamés, ils passèrent le pont de bois à
la nuit tombée. Il n’y avait plus de garde pour assurer le péage à cette heure.
La neige couvrait maintenant le sol sur près d’un pouce. Quelques chiens se
manifestèrent en jappant, mais personne ne sortit des maisons soigneusement
fermées et rembarrées.
    La porte cloutée de l’enceinte du château était
close, mais une corne pendait à une chaîne. Alaric sonna plusieurs fois jusqu’à
ce qu’un homme les interpelle, du haut d’un merlon.
    Annonçant son état de chevalier, Guilhem demanda
l’hospitalité. L’homme de garde leur répondit qu’il ne pouvait ouvrir à cette
heure et il leur proposa de s’installer dans une des granges à foin du village.
Par l’archère, la sentinelle distinguait quatre ombres à pied, sans armes ni
chevaux. Ce ne pouvait être des chevaliers, mais plutôt des rôdeurs cherchant à
se faire passer pour ce qu’ils n’étaient pas.
    Ce fut Enguerrand qui les sauva.
    — Pierre d’Ornolac m’avait dit que les
Parfaits étaient bien accueillis à Bélesta, que vous étiez tous de bons
hommes , mais je vois qu’il s’était trompé, dit-il. Je n’ai jamais été reçu
ainsi.
    — Êtes-vous un Parfait de notre
religion ? Connaissez-vous le saint homme Ornolac ?
    — Oui, dit Enguerrand, malheureusement il est
mort. C’est pourquoi nous sommes ici.
    — Assez caqueté ! cria Guilhem, qui ne
maîtrisait plus son impatience. Allez prévenir Raymond de Bellissen. Je suis
déjà venu ici avec le comte de Toulouse, quand j’étais son capitaine des
gardes. Je suis au service de la comtesse de l’Isle-Jourdain qui m’a confié son
aumônière. Nous avons été attaqués et volés par des gredins, il y a peu, et
nous demandons un abri pour la nuit et un repas.
    — J’y vais, noble seigneur, répliqua le
garde, désarçonné par ce discours, mais notre seigneur est de méchante humeur
et je crains toujours de le déranger pour rien…
    Il partit et la conversation cessa. Ils
attendirent encore un moment, toujours sous la neige. Guilhem s’apprêtait à
sonner lui-même du cor quand les battants s’écartèrent enfin.
    Ils se trouvèrent face à un groupe d’hommes
farouches, coiffés de casque à nasal, épées, haches, marteaux d’armes et épieux
en mains. Ils étaient en robe ou en surcot recouvert pour les uns de pélichons,
manteau doublé intérieurement de fourrure, et pour les autres de balandras avec
des ouvertures pour passer les bras. Quelques-uns portaient des torches de
résine.
    — Qui êtes-vous ? s’enquit l’un d’eux,
d’un ton menaçant.
    Yeux noirs et méfiants, menton en galoche dans un
visage émacié à la peau cendrée, cheveux aile de corbeau ; Guilhem
reconnut sans peine Raymond de Bellissen, le seigneur du lieu.
    — Guilhem d’Ussel, seigneur de Lamaguère. Je
suis venu chez vous avec le comte de Toulouse, il y a cinq ans. Pour l’heure,
je suis au service de la noble sœur du comte de Foix qui m’a donné son
aumônière comme laissez-passer. Nous sommes tombés dans un guet-apens en nous
rendant à Puivert. Les marauds ont pris nos armes et nos chevaux.
    — Des estropiats, ici ? intervint un
jeune chevalier, incrédule.
    — Pas des pendards ordinaires. Ils avaient
déjà tenté d’assassiner la comtesse de l’Isle-Jourdain.
    — Dame Esclarmonde ? s’exclama un autre
chevalier, celui-là plus âgé que le seigneur de

Weitere Kostenlose Bücher