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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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élevaient oies et porcs à la chair abondante qui
était salée et conservée.
    L’un des garçons d’Aignan se passionnait pour les
plantes médicinales et faisait pousser menthe, romarin, anis, sauge, pavot,
mauve et cerfeuil. La sœur apothicaire de l’abbaye de Bon Lieu l’instruisait
dans leur culture et leur usage. Navets, fèves et choux abondaient dans les
jardins, grâce à l’eau de la rivière, et les figuiers, amandiers et mûriers
donnaient de belles récoltes. Quant à Espes Figueira, avec l’aide de Thomas le
cordonnier qui savait tout faire, il avait construit plusieurs ruches et
installé des essaims dès les premiers jours de l’arrivée d’Amicie. Ces ruches
donnaient maintenant un miel bien plus onctueux que celui du prieuré de
Sainte-Marie ou des autres ruches du fief.
     
    C’est aussi en juillet que la femme de Jehan et la
sœur de Thomas le cordonnier, qui cousait admirablement, taillèrent une robe et
un bliaut dans les tissus de soie et de laine que Jehan avait rapportés d’Auch.
Les vêtements étaient à peine terminés, et tout juste brodés, quand vinrent les
seigneurs de Saint-Quirc et d’Abatut qui engagèrent leur foi envers Amicie dans
l’église templière, en présence des trois chevaliers du fief : Guilhem,
Bartolomeo et Peyre Adhémar.
    Même si elle allait à l’église du Temple où elle
priait chaque jour pour l’âme de son époux, Amicie ne manquait jamais les
prêches des diacres de passage. Sa piété et sa simplicité la faisaient aimer de
tous. Elle était honorée et respectée, comme la véritable dame du château.
    Amicie aidait aussi Aignan dans la tenue des
comptes et des chartes. Certes, l’ancien libraire, et désormais intendant du
château, parlait maintenant assez bien la langue d’oc, mais il n’en maîtrisait
pas toutes les subtilités. Or, les chartes sur les redevances étaient parfois
obscures. Amicie l’éclairait sur certains mots du pays ou dans le détail des
tasques. Ainsi lui apprit-elle qu’une parelhas [16] était une charretée tirée par deux bœufs et non par un seul. Quant aux pamsa
dont il recevait plusieurs setiers, on lui avait fait croire que c’étaient des
glands pour les cochons, alors qu’il s’agissait de raisins secs.
     
    Quelques semaines après son entretien avec Peyre
Adhémar, comme il s’apprêtait à partir pour Auch payer la redevance du fief,
Guilhem reçut la visite d’un vicaire de l’évêché accompagné de deux moines et
de quatre arbalétriers porteurs de lances et de penons.
    Deux mulets transportaient les bagages du vicaire
qui montait lui-même une mule grise aux harnais d’argent et au cou décoré de
clochettes. La selle de cette belle monture était couverte d’une longue
couverture écarlate brodée de croix d’or. Les mêmes croix s’affichaient sur les
penons. C’étaient les armes des barons de Montaut.
    Le vicaire venait transmettre au seigneur de
Lamaguère une invitation pour le festin que donnait son maître l’archevêque à
l’occasion de l’Assomption de la sainte mère de Jésus.
    Guilhem partit le lendemain avec lui.
    À l’archevêché, il se rendit auprès du grand
vicaire pour lui remettre les dix marcs d’argent de la redevance du fief. L’un
des moines qui l’avait accompagné le conduisit ensuite dans la chambre qui lui
avait été préparée, une belle pièce somptueusement meublée, et le prévint que
l’archevêque souhaitait l’avoir près de lui lors du souper qui aurait lieu deux
heures plus tard.
    Guilhem s’interrogeait sur ce traitement de faveur
qu’on lui accordait. Durant le voyage, il avait appris que d’autres seigneurs,
autrement plus importants que lui, seraient présents au banquet de
l’Assomption.
    Dans la grande salle ogivale de l’archevêché,
Guilhem fut effectivement placé non loin de Bernard de Montaut. Comme le prélat
siégeait sur une haute cathèdre, Guilhem eut le loisir de l’observer.
    Bernard de Montaut était un homme d’une taille
ordinaire, aux membres fins et grêles, mais il avait ce maintien altier dont
semblaient être naturellement pourvus les rejetons des familles patriciennes.
Son visage n’était pas beau, avec un nez busqué, de larges pommettes
saillantes, un menton carré, des lèvres épaisses et des sourcils sombres et
fournis, mais il avait un regard à la fois perçant et chaleureux qui séduisait
ses interlocuteurs.
    Entre les chants des troubadours qu’il semblait
apprécier, car sa tête

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