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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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nu et sans habits,
    Comme
il repousse la justice avec ses dards et ses deux flèches,
    Dont
l’une est d’or fin qui éblouit, et l’autre d’acier, qui blesse,
    Apprends
les ordonnances d’amour, ses privilèges et ses remèdes,
    Comme
il va rapidement,
    Ce
qu’il fait quand il part,
    Les
tromperies qu’il exerce alors.
     
    Les pantomimes et les gesticulations des deux
bateleurs étant de plus en plus comiques, tout le monde se dilatait la rate, y
compris le prince Vladislas de Valachie.
     
    — Lorsque
tu sauras bien tout cela,
    Ne
manque point d’aller vers le jeune roi d’Aragon,
    Car
je ne connais personne qui apprécie mieux les bons exercices.
    Si
tu fais bien ton métier,
    Si
tu te distingues parmi les meilleurs,
    Tu
n’auras point à te plaindre de ses dons. [42]
     
    Guilhem et les deux jongleurs s’inclinèrent alors
devant l’oncle de Pierre  II .
    Amusé, l’ambassadeur d’Aragon se leva pour
remercier Guilhem et les faire applaudir. Il jeta ensuite une bourse aux deux
bateleurs.
    — Je crois qu’ici personne ne pourrait faire
mieux que le seigneur d’Ussel, intervint Raymond de Saint-Gilles.
    Le comte prit un air patelin, qui fit sourire
l’assistance, avant d’ajouter :
    — Personne ? Peut-être pas… Car parmi
nos invités, nous avons les plus grands troubadours d’Allemagne. Les nobles
seigneurs Eschenbach et Tannhäuser…
    Les deux hommes se levèrent pour passer à leur
tour entre les tables où ils saluèrent le public. Wolfram d’Eschenbach salua
cérémonieusement leur hôte, puis Esclarmonde et l’oncle de Pierre II avant
de prendre la parole :
     
    — Ne sont que trois matières à nul home
entendant,
    De France, de Bretagne, et de Rome la grand,
déclara-t-il.
     
    Il rappelait ainsi les matières des récits
chevaleresques : la matière de France, c’était l’histoire des compagnons
de Charlemagne, celle de Bretagne comprenait les aventures fabuleuses d’Arthur
et des preux de la Table ronde, et Rome la grand désignait les légendes
de l’antiquité.
    — J’ai conté hier et avant-hier l’histoire du Chevalier de la charrette , du Maître Chrétien de Troyes. Je vous propose
d’entendre un autre chant de lui, un autre récit de la Bretagne. Il s’agit du
conte du Graal. C’est une histoire très mystérieuse que Chrétien n’a pas eu le
temps de terminer. Depuis que j’en ai eu connaissance, je n’ai eu de cesse d’en
connaître la fin. Comme le récit est long, je vous narrerai seulement ce soir
une partie de ce que Chrétien a écrit. Demain, avec mon ami Conrad de
Tannhäuser, vous aurez la suite, telle que nous l’avons terminée. Une suite qui
vous surprendra…
    Le chevalier teutonique saisit la harpe que lui
donnait un serviteur, tandis que Guilhem, intrigué, retournait à sa place.
    Il lança alors un long regard à Amicie, elle aussi
attentive. Il allait enfin entendre ce récit du conte du Graal dont elle lui
avait parlé. Avait-il un rapport avec Lancelot ?
    — Perceval était le dernier fils d’une veuve
dont le mari et les autres fils avaient péri dans les combats. Sa mère, ne
voulant pas qu’il meure, l’emmena dans un manoir, au fond d’une forêt avant
qu’il ait pu entendre parler de chevalerie.
    « C’est par une belle matinée de printemps,
comme il chassait les daims et les cerfs, qu’il rencontra des chevaliers.
     
    — Ce
fu au tans qu’arbre florissent,
    Fuelles,
boscage, pré verdissent,
    Et
eil oisel, en lor latin,
    Dolcement
chantent au matin,
    Et
tote riens de joie enflame,
    Que
li fils a la veufve dame,
    Fors
del manoir sa mere issi.
     
    — Les chevaliers lui demandèrent s’il avait
vu passer un homme armé. Au lieu de leur répondre, Perceval les accabla de
questions sur les parties de leur armure, choses qu’il n’avait jamais vues. De
retour au manoir, il déclara à sa mère qu’il voulait être chevalier. Pour le
détourner de ce projet, elle lui raconta la mort funeste des siens, mais
Perceval ne se laissa pas fléchir. Alors sa mère surmonta sa douleur, et
rappela à Perceval le souvenir de son père, non pour l’effrayer, mais pour
qu’il reste digne de sa noble origine :
     
    De
ce me puis-je bien vanter,
    Que
vous ne decheez de rien,
    De
son lignage ne du mien.
     
    Perceval quitta donc son foyer et Wolfram
d’Eschenbach raconta comment, en chemin, le valeureux jeune homme délivra une
noble demoiselle assiégée dans son château. Sa réputation de preux

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