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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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a
messe de Pâques devait avoir lieu au couvent, mais les bons hommes voulaient aussi se réunir pour prier. Ils étaient si nombreux au château que
l’intendant dut leur laisser une grange.
    La pauvreté de cette remise ne gênait pas les
cathares, puisqu’il ne leur était pas nécessaire de prier dans des lieux
consacrés. D’ailleurs, ils avaient l’habitude d’utiliser granges ou salles de
fermes pour se réunir, partager le pain et entendre les Évangiles.
    Peu après le lever du soleil, chacun se rendit
donc dans le lieu de culte qu’il avait choisi. Raymond de Saint-Gilles, ses
familiers, l’ambassade du roi d’Aragon et les deux troubadours allemands
partirent en cortège à la chapelle du couvent où ils retrouvèrent le grand
vicaire de l’archevêché d’Auch et l’abbé de Grandselve, arrivés la veille. La
chapelle ne pouvant les accueillir tous, beaucoup écoutèrent la messe dehors,
sous un porche de bois, alors que voltigeaient quelques flocons de neige.
    Guilhem accompagna Amicie à la grange des cathares
avant d’aller vérifier qu’on s’était bien occupé de leurs chevaux.
N’envisageant pas d’aller à la chapelle, il resta sur l’esplanade du château,
curieux d’observer l’installation des Valaques.
    Eux non plus n’étaient pas allés prier. Deux
hommes d’armes à l’aspect farouche, couverts de fourrure et coiffés de leur
casque pointu, s’entraînaient sur des cibles en paille, sous les ordres de
l’écuyer de l’ambassadeur de Transylvanie. Ils utilisaient de petits arcs à la
forte courbure, très courts, avec de longues flèches empennées de plumes
noires, et non d’oie grise. Les pointes étaient très larges, en forme de
poignard, serrées contre le bois par une bande de cuir. Guilhem apprécia leur
adresse et leur rapidité de tir, songeant que son ami Robert de Locksley aurait
aimé les défier.
    Il les observait depuis un moment quand il vit
Vladislas de Valachie sortir de la grange où s’étaient réunis les cathares. Le
prêche n’était pourtant pas terminé.
    Guilhem s’avança pour le saluer et il se présenta
en utilisant un mélange de latin populaire et de langue d’oc. Pendant qu’il
parlait, le comte le jaugeait, impassible, mais ses observations durent le
satisfaire car il répondit à son tour dans le même jargon, avec un accent
rugueux.
    — J’admirais l’adresse de vos archers,
seigneur comte, fit Guilhem. Hier, on m’a parlé de votre ambassade. Il est rare
de voir des gens de votre pays dans les terres toulousaines.
    — Pas si rare que ça, répondit pensivement
Vladislas de Valachie. Savez-vous que l’évêque Nicétas de Constantinople est
venu jusqu’ici ?
    — Nous le savons tous ! C’est ainsi que
sont nés les évêchés cathares du Toulousain.
    — En effet, mais savez-vous pourquoi Nicétas
a fait un si long voyage ?
    — À la demande des bons hommes de ce
pays qui voulaient un évêque pour construire leur église, répondit Guilhem.
     
    Trente ans plus tôt, l’évêque Nicétas de
Constantinople était en effet venu dans le Toulousain accompagné de l’évêque de
Lombardie et de plusieurs religieux bogomiles.
    Comme les cathares, les bogomiles étaient des
chrétiens persuadés que le monde était gouverné par deux principes, le Bien et
le Mal. Le monde matériel était l’œuvre du Diable et seule l’âme était l’œuvre
de Dieu.
    Nicétas et ses compagnons avaient d’abord été
reçus à Toulouse avant de rencontrer les plus vénérés diacres cathares. Ceux-ci
s’étaient réunis à Saint-Félix, non loin de Toulouse, en mai 1167. C’est là
qu’avaient été jetées les bases de l’église cathare, sur le modèle des églises
bogomiles. Nicétas en avait ordonné les nouveaux évêques.
    L’Église catholique avait tenté de s’opposer à ce
concile hérétique, mais ni les évêques de Rome ni les comtes n’avaient été
assez forts pour disperser l’assemblée, pourtant tenue en plein jour.
D’ailleurs la plupart des seigneurs du pays seraient accourus à la défense des bons
hommes si on avait tenté d’utiliser la force contre eux.
    Nicétas était resté quelques mois dans le
Toulousain et le comté de Foix, prêchant et ordonnant des Parfaits.
     
    — C’est ce que l’on dit, mais ce n’est pas
entièrement exact. Je suis moi-même bogomile et je connais les vraies raisons
de la venue de Nicétas, déclara le comte Vladislas de Valachie.
    Se souvenant que le Parfait

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