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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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été navrés, étripés, démembrés ou écrasés au marteau et à la masse.
Certains même suppliciés, nez et oreilles détranchés. D’autres avaient été
déchirés par les sabots des chevaux paniqués. Les chairs étaient broyées, les
entrailles puantes sortaient des ventres et les os des poitrines.
    Un arbalétrier avait une flèche dans la gorge.
Guilhem se pencha et arracha le trait empenné de plumes noires. La pointe était
large, en forme de poignard, attachée au bois par une bande de cuir.
    Elle provenait des archers du comte Dracul.
    Alaric avait rejoint le groupe des serviteurs. Un
tas de chairs emmêlées aux visages surpris ou horrifiés, pour ceux qui
n’avaient pas été écrasés.
    Guilhem aperçut Roger, le chevalier qui chantait
si bien, meurtri et ensanglanté. Il poursuivit sa marche entre les corps,
jetant sans cesse des regards attentifs vers les taillis environnants. Il
avançait lentement, autant par prudence que par crainte de ce qu’il allait
découvrir. Il se dirigeait vers le manteau turquoise d’Amicie de Villemur.
    Pourquoi ne l’avait-il pas accompagnée ? En
même temps, il cherchait à se convaincre que s’il l’avait fait, Sanceline ne
serait pas avec lui en ce moment. La présence de l’une devait-elle se payer par
la mort de l’autre ?
    Observant qu’il n’y avait aucun péril, il
descendit de cheval. Avec appréhension et beaucoup de douceur, il souleva le
manteau bleu. Le corps de la femme avait été piétiné et son visage meurtri de
coups de lame.
    Mais ce n’était pas Amicie. C’était Ermessinde.
    Un immense soulagement l’envahit. Avisant une
autre chevelure blonde, il s’approcha, le cœur battant. Mais elle aussi n’était
qu’une servante. Plus loin gisaient les arbalétriers sauvagement hachés et
achevés à la masse. L’un d’eux tenait encore son épée entre ses doigts roidis.
    — Guilhem, la litière est vide ! cria
Wolfram, devant lui avec Sanceline.
    Abandonnant les cadavres qui l’entouraient,
Guilhem se dirigea vers la litière. En chemin, il découvrit l’écuyer Limoux,
une flèche en travers de la gorge. Puis ce fut Jourdain de Salsigne, percé d’un
trait, lui aussi, mais dans le dos. De plus, on lui avait brisé le crâne. Le
chevalier et son écuyer avaient dû être abattus les premiers.
    En haubert, on n’aurait pu les tuer si facilement,
mais il est vrai que personne ne pouvait envisager de tels périls sur la route
de Foix.
    Guilhem aperçut le corps du médecin, loin devant
eux. Près de lui, il reconnut la mule donnée à Amicie remarquable par sa tache
blanche entre les oreilles. Une flèche l’avait atteint au flanc. Les coffres
étaient encore attachés sur ses bâts.
    — Dame Esclarmonde n’est pas ici. Pas plus
qu’Amicie de Villemur, dit-il avec soulagement à Wolfram d’Eschenbach.
    Il remarqua que Sanceline avait légèrement plissé
le front quand il avait prononcé le nom d’Amicie.
    — Ces routiers les auraient enlevées ?
demanda Eschenbach.
    — Ce n’étaient pas des routiers, mon ami.
Regarde les flèches. Je les ai déjà vues à Saint-Gilles. Ce sont celles du
comte Dracul.
    — Vladislas de Valachie ! Mais pourquoi
s’en serait-il pris à la sœur du comte de Foix ?
    — Qui est le comte Dracul ? demanda
Sanceline.
    — Un prince valaque et l’ambassadeur de
Transylvanie. Il séjournait au château durant ces fêtes de Pâques. Ce que je
sais de lui, c’est qu’il serait d’une grande férocité. Il a dû vouloir
s’emparer des bijoux et des bagages de dame Esclarmonde, pour revenir en
Valachie avec un riche butin.
    — On l’aura vite rattrapé, seigneur, observa
Alaric, pressé d’en découdre.
    — Peut-être pas. Il manque des chevaux. Ils
ont dû les prendre et, avec eux, ils pourront galoper jour et nuit. Ces
valaques sont des hommes rudes, résistants à la fatigue.
    — Le comte Dracul était encore au château
mardi, observa Wolfram, et personne ne nous a parlé d’eux en chemin.
    — Ils ont pu prendre un autre chemin,
remonter par l’Ariège, suggéra Guilhem.
    — Mais Dracul ne connaît rien à votre
pays !
    — Le Démon l’a aidé ! murmura Alaric en
se signant.
    — Pourquoi achever les blessés, pourquoi
s’acharner sur eux ainsi ? demanda Sanceline, réprimant ses sanglots.
    — C’est le tempérament de Dracul, jeune dame.
Il nous a avoué aimer faire souffrir, fit Wolfram d’Eschenbach, maintenant
convaincu.
    — Dracul signifie fils

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