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Montségur et l'enigme cathare

Montségur et l'enigme cathare

Titel: Montségur et l'enigme cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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sont
intéressés au problème cathare et à sa signification profonde, on découvre
curieusement, en dehors des Occitans eux-mêmes, parfaitement motivés sur ce
point, un grand nombre de personnes venues du « nord » et liées d’une
façon ou d’une autre avec les grands thèmes de la mythologie nordique. Ce sont
avant tout des intellectuels allemands, mais aussi néerlandais, anglo-saxons ou
scandinaves, et la cohorte habituelle des hermétistes et ésotéristes du nord de
la France, très marqués, semble-t-il, par les milieux symbolistes et décadents
de la fin du XIX e  siècle à Paris, où l’on
retrouve notamment Huysmans, Mallarmé, Rémy de Gourmont, Élimir Bourges, Villiers
de L’Isle-Adam, Maurice Maeterlinck, Claude Debussy, le « sâr »
Péladan, l’étrange Jules Bois – qui fut l’amant en titre d’Emma Calvé, correspondante
et sans doute maîtresse de l’abbé Saunière –, Saint-Yves d’Alveydre, Stanislas
de Guaïta et bien d’autres, parmi lesquels il ne faut pas oublier de citer le
très voltairien Anatole France (beaucoup moins réaliste qu’on ne le pense) et
le romancier Jules Verne que l’on considère à tort comme un auteur d’ouvrages
pour jeunes gens.
    Tous ces nouveaux découvreurs de Cathares appartiennent, à
des courants de pensée très divers, et il serait difficile de voir entre eux
une démarche unitaire. Leur seul point commun serait l’envoûtement exercé sur
eux par l’œuvre de Richard Wagner, même si certains, après l’avoir trop adorée,
comme Debussy, la rejettent catégoriquement. Et l’ombre de Wagner n’est pas
sans importance sur cette redécouverte du catharisme : d’une part, elle
contribuera à alimenter une recherche en profondeur et débouchera souvent sur
des observations originales ; d’autre part, elle faussera complètement les
motivations de cette recherche en cristallisant sur une des formes les plus
discutables de l’ésotérisme allemand les données métaphysiques et mythologiques
d’une hérésie somme toute méditerranéenne.
    Il faut cependant se méfier de l’aspect méditerranéen du catharisme.
Certes, il s’est développé essentiellement en Italie et en Occitanie, et participe
d’un courant attesté dans le Proche-Orient, ayant pour origine précise la Perse.
Mais qu’est-ce que cela veut dire ? C’est l’Italie du nord qui a été
touchée par l’hérésie cathare, et non pas l’Italie du sud : et l’on sait
que l’Italie du nord, surtout au Moyen Âge, est plus que jamais une mosaïque de
peuples qui ne sont pas méridionaux, Celtes de la vallée du Pô, Lombards et
Ostrogoths, Vénitiens et Illyriens de souche plus obscure, le tout pénétré par
des infiltrations slaves à travers les Balkans (les Bogomiles en particulier) et
inféodé au Saint-Empire romain germanique. De la même façon, ce n’est pas toute
l’Occitanie qui a été touchée par le catharisme, mais essentiellement l’ancienne
Septimanie, autrement dit le pays wisigothique, où les envahisseurs germains, originaires
de Suède, s’étaient mêlés à un fonds de population celtique autochtone très peu
atteinte par la romanisation. Ainsi se trouvent mises en lumière des
composantes germaniques dans l’éclosion de l’hérésie
albigeoise.
    De plus, si la coloration du catharisme est chrétienne, et
si la doctrine des Parfaits s’appuie sur certains textes judéo-chrétiens – en
en éliminant certains autres tout aussi importants – il est difficile de le
considérer honnêtement comme une déviance du christianisme. Il s’agit en fait d’une
religion tout à fait à part, et qui n’a de chrétien que son environnement
immédiat. Ce n’est même pas une hérésie, mais l’aboutissement d’un système dit
dualiste qui remonte à la plus haute antiquité, donc à des religions pré-chrétiennes.
Et ce qu’il faut souligner, c’est qu’à la base de tout, le système se révèle
nettement indo-européen, fait normal, les Iraniens étant un rameau de ce
mystérieux peuple qui a essaimé un peu partout et que l’on connaît surtout par
sa langue et par ses structures socioculturelles.
    Certes, il y a eu des mutations. La théorie dualiste ne se reconnaît
plus guère dans la théogonie grecque, pourtant indo-européenne, ni dans la
mythologie celtique, elle aussi de même source. Par contre, elle semble s’être
conservée intacte, dans ses grandes lignes, dans la mythologie
germano-scandinave.
    Précisons :

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