Montségur et l'enigme cathare
l’emplacement de Limoux.
Quoi qu’il en soit, Charlemagne s’intéressait à la région. Pour
défendre cette Septimanie constamment exposée aux incursions des Sarrasins, il
nomma responsable de cette Marche un personnage du nom de Guilhem de Gellone. Celui-ci,
après avoir accompli un grand nombre d’exploits, alla finir sa vie dans le
monastère de Saint-Guilhem-du-Désert, qu’il avait fondé. Or Guilhem de Gellone
est sans doute un Mérovingien, descendant de Sigisbert IV. De plus, il est
consacré par la légende : il est en effet devenu Guillaume d’Orange, le
héros des Chansons de Geste du cycle dit de Garin de Montglane, valeureux
pourfendeur de Sarrasins et protecteur de Louis le Pieux.
En 813, le comte de Rhedae, Béra IV, fonde l’abbaye d’Alet,
du moins si l’on en croit un acte de donation qui paraît bien être un faux. Tout
ce dont on est sûr, c’est qu’à la fin du X e siècle,
l’abbaye d’Alet, solidement implantée, fait partie d’une sorte de congrégation
dirigée par l’abbé de Saint-Michel de Cuxa. Et, un siècle plus tard, en 1096, le
pape Urbain II séjourne à Alet, ce qui témoigne de l’importance qu’avait
prise l’abbaye. Une période de décadence s’ouvre pour Alet à la fin du XII e siècle, au moment où les Cathares deviennent
de plus en plus nombreux dans le Razès. En 1317, le pape Jean XXII crée le
diocèse de Limoux, mais par suite de querelles à propos de revenus sur Limoux, revenus
tenus par des religieuses, l’évêché est transféré à Alet en 1318 : l’église
abbatiale devient alors cathédrale.
Mais en 870 le comté de Razès était passé à la Maison de
Carcassonne. La ville de Rhedae, quelle qu’elle soit, Limoux ou
Rennes-le-Château, fut l’objet de disputes seigneuriales entre les comtes de
Carcassonne et les comtes de Barcelone, et elle fut rattachée tantôt aux uns, tantôt
aux autres, et cela jusqu’à ce que la comtesse Ermengarde, en 1067, vendît, pour
une somme de mille cent onces d’or, sa souveraineté sur Carcassonne et le Razès
à son parent Raymond-Béranger, comte de Barcelone.
C’est alors le temps des Cathares. Le Razès se trouve sous
la bannière de Raymond-Roger Trencavel, vicomte de Carcassonne et de Béziers, protecteur
reconnu des hérétiques et champion de l’indépendance occitane. Lors de la
Croisade en 1209, Raymond-Roger est fait prisonnier par Simon de Montfort et
meurt dans les cachots de Carcassonne. Son fils avait été confié au comte de
Foix et élevé à sa cour où, ce n’était un mystère pour personne, fourmillaient
les hérétiques de tous bords qui avaient cependant quelque chose en commun :
la haine des Français. Et le jeune Trencavel affirme bien haut que le but de sa
vie est la reconquête de l’héritage dont il a été frustré, c’est-à-dire les
comtés de Carcassonne, d’Albi et de Razès.
Curieux personnage que ce Trencavel. C’est lui qui est l’âme
de la révolte des « faidits » (les seigneurs dépossédés) en 1239 et
1240, en compagnie d’Olivier de Termes, un de ses vassaux qui tient encore les
Corbières, le Termenès et les forteresses de Quéribus et de Peyrepertuse. Trencavel
obtient des succès foudroyants qu’il n’exploite pas, et il semble qu’à ce
moment-là, Raymond VII de Toulouse ne l’ait pas aidé par suite d’une trop
grande hésitation. Olivier de Termes fait sa soumission au roi, après une
vigoureuse contre-offensive française, et, sans doute acheté par les Capétiens,
il trahit la cause de Trencavel. La révolte se termine par un échec, et le
Razès est occupé par les troupes royales qui pourchassent les hérétiques. Ceux-ci,
fort nombreux, comme en témoigne la création, en 1225, d’un diocèse cathare
dans le comté, sont obligés de se réfugier dans des endroits inaccessibles. Et
le Razès n’en manque pas. Trencavel fait officiellement soumission au roi, mais
il ne récupère pas ses domaines, et il se résout à séjourner en Aragon.
Une chose est sûre : Trencavel a tenté désespérément de
reconquérir le Razès qui semble avoir eu pour lui une importance exceptionnelle.
Et de la même façon, Louis IX et Blanche de Castille ont tout fait pour
maintenir leur domination sur le Razès et éliminer Trencavel. C’est cette
double détermination qui a attiré l’attention des historiens et aussi des
commentateurs sur le personnage de Trencavel : connaissait-il un secret
quelconque lié au Razès, ou
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