Montségur et l'enigme cathare
était-il au courant de la présence d’un immense
trésor dans ce pays ? Il s’en est suivi une multitude d’interprétations
aussi diverses que surprenantes. On est allé jusqu’à affirmer que Trencavel
avait été le modèle de Perceval-Parzival (Antonin Gadal, encore !…) en
ajoutant un argument d’onomastique : Trencavel signifie « Tranche
bien » et Perceval « Perce bien ». Il n’y a pourtant aucun
rapport entre les deux noms, et Perceval peut aussi bien signifier « Perce-Val
« que « Perd-ce-Val », la seconde hypothèse paraissant d’ailleurs
la meilleure dans le contexte. Quant à cette identification, suscitée en grande
partie par la vie de Trencavel, elle est d’une flagrante absurdité : le
jeune Trencavel n’était pas encore né lorsque Chrétien de Troyes, vers 1190, écrivit
son Conte du Graal où il mettait en scène, pour
la première fois dans l’histoire littéraire, le personnage de Perceval. Serait-ce
alors son père, Raymond-Roger ? La victime de Simon de Montfort est morte
en 1209, et l’identification ne tient pas davantage.
Ce qu’il faut signaler, c’est que le Razès était également
très fréquenté par les Templiers qui y avaient établi une commanderie à Bézu. Il
semble bien que ces Templiers aient joué un rôle très ambigu au moment de la
Croisade contre les Albigeois. Ils n’y ont pas
participé , restant apparemment à l’écart de cette affaire. De plus, ils
auraient, en 1209, conclu un accord avec la famille d’Aniort, laquelle
possédait la région de Rennes-le-Château. Cet accord aurait consisté en une
cession fictive aux Templiers de biens appartenant à la famille d’Aniort et
susceptibles d’être saisis par l’autorité royale, en particulier Lavaldieu et
Coume Sourde, ce qui veut dire que les Templiers avaient accepté d’aider les
Cathares du Razès. Ils avaient agi, au siècle précédent, un peu de la même
façon vis-à-vis des Juifs, car un document précise qu’en 1142, ceux des Juifs
du Razès qui possédaient des terres les donnèrent en fermage aux Templiers.
En 1156, Bertrand de Blanchefort est élu Grand Maître de l’Ordre
du Temple [6] . C’est alors que les
Templiers établis à Bézu font venir une véritable colonie de travailleurs
allemands, des fondeurs plus exactement, pour travailler dans les mines des
environs. Ces mines, de plomb, d’argent, de cuivre et d’or, peu importantes à
vrai dire, avaient déjà été exploitées du temps des Romains. Mais ce qui est
étonnant, c’est d’avoir fait venir non pas des mineurs, ce qui paraît logique, mais
des fondeurs . De quel travail s’agissait-il
donc ? De plus, ce n’étaient pas des gens de la région, ni même des
Français : tout se passe comme si on avait voulu utiliser des travailleurs
parlant une langue étrangère et ne pouvant être compris de la population locale.
On comprend alors pourquoi les traditions locales sont nombreuses concernant un
trésor caché dans les environs de Rennes-le-Château. Parfois, il s’agit d’un or
magique gardé par le diable dans une caverne, sous le château de Blanchefort. Parfois,
il s’agit de l’or maudit de Toulouse. Parfois, il s’agit du Trésor du Temple de
Jérusalem. Parfois, il s’agit du Trésor des Templiers. Parfois même, il s’agit
du Graal. Mais surtout, il s’agit du Trésor des Cathares.
Tout cela est évidemment en rapport avec Montségur. Il est
maintenant établi que les tractations entre les Inquisiteurs et les défenseurs
de Montségur, Pierre-Roger de Mirepoix et Ramon de Perella, ont été menées sous
la garantie de Ramon d’Aniort, seigneur de Rennes-le-Château et de Rennes-les-Bains.
On sait aussi qu’après l’évasion des quatre Parfaits chargés de convoyer le « Trésor »
(quel que soit celui-ci), un feu fut allumé sur le sommet de Bidorta pour
avertir les assiégés de Montségur que l’opération avait bien réussi. Or, ce feu
a été allumé par un nommé Escot de Belcaire, envoyé spécial de Ramon d’Aniort. Et
il est très vraisemblable que les quatre évadés furent recueillis et cachés
dans le Razès.
La famille d’Aniort paraît d’ailleurs avoir joué un rôle
discret mais efficace, et singulièrement troublant, dans les affaires
albigeoises. De toute évidence, ils se trouvaient du côté des Cathares lors de
la Croisade de 1209. Les quatre frères d’Aniort, Géraud, Othon, Bertrand et
Ramon, auxquels s’étaient joints deux de leurs
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