Montségur et l'enigme cathare
cousins, s’opposèrent violemment
à Simon de Montfort et furent bien entendu excommuniés. On leur confisqua leurs
châteaux, mais curieusement, très peu de temps après, l’excommunication fut
levée et on leur rendit même une partie de leurs domaines. Le château d’Aniort
devait être rasé, mais au dernier moment, Louis IX envoya un messager pour
décommander l’opération. De plus, on sait que Ramon d’Aniort fut reçu à la cour
par Louis IX qui lui manifesta des égards surprenants si l’on considère
que c’était un rebelle et un allié des hérétiques. Des questions se posent, qui
risquent fort de n’être jamais résolues. Mais elles permettent de lancer une
hypothèse qui corrobore une autre hypothèse faite à propos de la mansuétude de
Blanche de Castille à propos de Raymond VII de Toulouse : il est
possible que Ramon d’Aniort ait eu en sa possession, tout au moins savait où se
trouvait un « trésor », en l’occurrence des documents prouvant l’existence
et la survie d’une lignée mérovingienne, dynastie légitime occultée et chassée
par les usurpateurs Carolingiens et par leurs successeurs, les Capétiens. C’est une hypothèse, sans plus . Elle paraît logique,
et elle aurait le mérite d’expliquer l’attitude ambiguë de Louis IX et de
Blanche de Castille à l’égard de certains chefs cathares ou de certains de
leurs alliés, ainsi que leur acharnement à s’emparer des territoires occitans. Cette
hypothèse aurait également le mérite d’expliquer le cas de l’énigmatique abbé Béranger
Saunière, curé de Rennes-le-Château de 1885 à 1917. Voulant restaurer son
église, la paroisse étant très pauvre et lui-même très démuni, il aurait
découvert, dans un pilier, un « trésor » qui lui aurait permis de
mener à bien cette restauration et même d’entreprendre un bien étrange embellissement
du sanctuaire et de ses alentours. Quelle que soit la réalité du « trésor »,
l’abbé Saunière devint subitement très riche, mais ne révéla jamais d’où il
tenait cette fortune [7] . N’aurait-il pas monnayé
certains documents, ou tout au moins promis, contre récompense, de les garder
secrets ? C’est encore une hypothèse qui tient, mais seulement une
hypothèse, la seule certitude étant la fortune de l’abbé Saunière et les
réalisations entreprises par celui-ci.
Quoi qu’il en soit, la famille d’Aniort protégea les
Cathares et les Templiers qui se trouvaient dans le Razès. La famille de Voisins,
que le roi avait établie comme « gardienne » du Razès, fut également
en très bons termes avec les Templiers, et l’un des membres de la famille, lors
de la condamnation des Templiers provoquée par Philippe le Bel, fit en sorte d’en
sauver quelques-uns qui se réfugièrent en Espagne.
Précisément, on retrouve Philippe le Bel dans le Razès en
1283. Il accompagnait son père, le roi Philippe le Hardi, fils de saint Louis, au
cours d’un voyage dans le Languedoc. Le roi s’arrêta chez Pierre de Voisins, seigneur
de Rennes, et qui tenait l’ensemble du Razès pour le compte du royaume. Philippe
le Hardi avait pour but d’obtenir la neutralité des seigneurs locaux, dont
certains étaient vassaux du roi d’Aragon, dans une guerre qu’il préparait
contre l’Aragon. D’où sa visite à Pierre de Voisins. Mais le roi se rendit
également chez Ramon d’Aniort et y fut fort bien reçu, tant par Ramon que par
sa femme Alix de Blanchefort et par son jeune frère Udaut d’Aniort dont
Philippe le Bel aurait aimé faire son compagnon d’armes, mais qui préféra
devenir Templier.
Pourquoi cette visite à une famille suspecte, ô combien ?
Deux des oncles de Ramon étaient des Cathares reconnus et Alix de Blanchefort, la
fille d’un seigneur faidit hérétique, ennemi juré de Simon de Montfort. Il s’agissait
peut-être de conclure un mariage : en effet, par la suite, Pierre III
de Voisins, qui était veuf de sa femme, épousa Jordane d’Aniort, cousine de
Ramon. Ainsi les deux familles se trouvaient-elles alliées. Mais pourquoi ce
mariage, sans aucun doute décidé par le roi, et qui réhabilitait en quelque
sorte les d’Aniort ?
Plus tard, en 1422, l’héritière des Voisins, Marcafava, épousa
Pierre-Raymond d’Hautpoul, héritier d’une des plus anciennes et des plus
illustres familles d’Occitanie. On avait nommé ses fondateurs les « rois
de la Montagne Noire ». Au moment de la Croisade contre les
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