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Morgennes

Morgennes

Titel: Morgennes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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sens, plus excité que jamais. Il haranguait les autres singes, qui venaient tous agripper Morgennes par les braies comme pour l’inviter à les suivre. Morgennes écarta les bras, et dit :
    — C’est bon, c’est bon ! Je vous suis !
    Il se laissa guider par les petits singes, traversa une ville étonnamment déserte, et arriva au pied d’un immense escalier. Bordé de statues de dieux à tête de crocodile, il montait vers une cataracte, frontière entre la ville et la jungle. Les marches étaient si anciennes qu’elles devaient dater de l’époque héroïque où les pharaons venaient se reposer à Crocodilopolis. Mais un détail intriguait Morgennes. De curieux copeaux de bois étaient éparpillés çà et là sur les dalles géantes. Qu’est-ce que c’était ? Il en prit un entre ses doigts, et le reconnut aussitôt.
    — Du bois de gopher !
    Un bois d’une extrême rareté, qu’on ne trouvait que dans la Bible. Il s’agissait du bois avec lequel Noé avait construit son arche. Et ce bois, Morgennes l’avait déjà vu. Où ? Dans le musée de Manuel Comnène, à Byzance. Il se rappelait cette grande salle, et les massues des Nephilim…
    Se tournant vers ses compagnons, il leur dit :
    — Gargano et la Compagnie du Dragon blanc sont passés par ici. Peut-être à bord de l’Arche de Noé…
    — Comment le sais-tu ? demanda Dodin.
    — J’ai mes sources, fit Morgennes.
    Dodin lui jeta un regard mauvais, et la tension monta d’un cran.
    — J’ai peut-être une idée, dit Azyme.
    Tous firent silence pour l’écouter.
    — Savez-vous ce qu’il y a de l’autre côté de cette ville ?
    — Non.
    — Si, dit Morgennes. Un grand vide. Un blanc immense, et peut-être bien le Paradis. D’après Hérodote et Ptolémée, il y a le Nil, plusieurs chutes importantes, des marécages, et puis… Les rares expéditions à s’être aventurées par là-bas ne sont jamais revenues. Mais, d’après Marin de Tyr, l’explorateur qui est allé le plus en amont du Nil, on trouverait de gigantesques montagnes. Et notamment celle de la Lune, dont les dimensions n’auraient rien à envier à celles des monts Caspiens.
    — Les monts Caspiens ? fit Dodin. C’est là que l’Arche de Noé s’est échouée. C’est là aussi, dit la légende, que Ciel et Terre se touchent. On prétend même que les abords de l’Ararat seraient défendus par des myriades de dragons, et qu’à son sommet se trouverait l’une des entrées menant au Paradis.
    Morgennes balaya ces inepties d’un revers de la main, et déclara :
    — Balivernes ! Je le sais, j’y suis allé. Il n’y avait rien de tout cela.
    — Vraiment ? s’enquit Azyme. Alors, pas de dragons ? C’est décevant…
    — Pas de dragons, assura Morgennes. Sinon en peinture.
    — Et pas de Paradis non plus ? demanda Guyane avec un fin sourire.
    — J’ai bien trouvé le Paradis. Mais c’était dans tes bras, fit-il en l’enlaçant.
    — C’est gentil, dit-elle.
    — Vous deux, il va falloir songer à vous marier, dit Azyme.
    Morgennes et Guyane ne répondirent pas, mais les sourires qu’ils échangèrent valaient mieux qu’un consentement. Azyme se voyait déjà célébrer leur union, une bien curieuse union, avec en guise de témoins une demi-douzaine de singes, un acolyte, une femme et un Templier… Mais quand Morgennes et Guyane cherchèrent Dodin, ils ne le virent nulle part. Il avait disparu ! Quelques traces, dans la poussière, laissaient penser qu’il avait dû remonter la piste de Gargano et de la Compagnie du Dragon blanc, et qu’il s’était enfoncé dans la jungle.
    — Qu’est-il parti faire ? demanda Guyane.
    — Patience, ma mie, dit Morgennes. Nous le saurons bien assez tôt, car dès demain matin, à l’aube, nous lui emboîterons le pas. S’il veut nous précéder, grand bien lui fasse. Mais je comprends qu’il ait besoin d’être seul, car il doit faire son deuil…
    — Comme toi de tes devoirs envers ton roi…
    Elle lui caressa le visage, non loin de la petite marque blanche qu’il avait au menton. Morgennes eut subitement la sensation d’être brûlé. Mais c’est à peine s’il tressaillit.
    — J’ai effacé ma dette envers Amaury, dit-il en repensant à la mort de Chirkouh. Je ne lui dois plus rien.
    — De toute façon, dit Azyme à Guyane, il vous croit morte.
    — Morte ?
    — Tout le monde, de Damas au Caire, en passant par Jérusalem, vous croit morte. Il n’y a que nous

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