Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Morgennes

Morgennes

Titel: Morgennes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
Vom Netzwerk:
produit dans le port de Damiette, en face duquel la flotte byzantine avait mouillé l’ancre. Une chaîne, courant d’une extrémité à l’autre de l’entrée du port, empêchait la flotte de pénétrer plus avant dans la ville, et donc de la prendre d’assaut. Cela faisait des mois que le Nil permettait aux Égyptiens de ravitailler Damiette. Des mois qu’ils rigolaient en regardant les Francs et les Byzantins s’épuiser à les conquérir.
    Et maintenant, depuis les murailles du port, les soldats et les marins de Damiette ricanaient en regardant brûler un à un les dromons byzantins. L’un des leurs – un dénommé Taqi – avait réussi à s’introduire à bord d’une des galères grecques, et à retourner son arme contre elle : le feu grégeois ! De prédatrices, les nefs byzantines étaient devenues proies. Les voiles s’étaient embrasées aussi facilement que du papier, et le bleu des eaux du port avait été remplacé par le brun des Byzantins sautant de leurs navires en feu. On ne voyait plus d’eau nulle part, et même les têtes des marins disparaissaient sous les rats, qui eux aussi cherchaient à échapper aux flammes.
    — Majesté ! cria Guillaume. Majesté !
    Amaury sortit comme un fou de sa tente, et n’eut pas besoin de Guillaume pour comprendre ce qui s’était passé. Un incendie était en train de ravager la flotte de ses principaux – de ses uniques ! – alliés. Il fallait les sauver !
    — P-p-passelande ! appela Amaury.
    Un page amena un cheval, tout harnaché.
    — Souhaite-moi bonne chance ! cria Amaury à Guillaume en grimpant en selle.
    Puis il éperonna sa monture et dévala la colline en direction des rives du Nil, où étaient amarrés quelques dromons encore indemnes. Mais pour combien de temps ? Car déjà le vent se levait et portait vers les Francs des odeurs de chair, de bois et de toile brûlés. Perdus. Ils étaient perdus. Des larmes coulèrent sur les joues du roi, qui se sentit soudain très las. « Allons ! Ressaisis-toi ! Pense à ton frère ! Pense à ton père ! »
    Amaury talonna Passelande, et se dit : « Pense à ton fils ! »
    — Pour Baudouin ! Pour Baudouin !
    Il porta la main au côté pour dégainer son épée, et se rappela qu’il l’avait jetée. Dépité, il maintint son triple galop, arriva à proximité d’une des nefs byzantines, et précipita son cheval en direction de la passerelle qui permettait d’accéder à son bord – et par où l’équipage débarquait, affolé.
    Incapables de manœuvrer tant le chenal était encombré de navires, fuyant l’incendie qui s’étendait à tous les bâtiments de la flotte impériale, les marins formaient un flot continu de personnes empêchant les secours d’arriver.
    — Restez à votre p-p-poste ! cria Amaury en leur donnant des coups de pied pour les empêcher de fuir. Et laissez-moi p-p-passer !
    Mais un colosse nordique, répondant au nom de Kunar Sell (l’un des mercenaires formés par Coloman, et qui avait fait partie des gardes de Manuel Comnène), mit sa lourde hache sur son épaule et dit au roi :
    — Majesté, il faut fuir ! La flotte est perdue !
    Sur ce, Constantin Coloman courut vers eux en s’écriant :
    — Majesté ! Kunar Sell ! Suivez-moi, j’ai besoin de braves pour faire la part du feu !
    Amaury et Kunar Sell s’entre-regardèrent, et suivirent Coloman. Aussi à l’aise sur ses nefs que sur terre, Coloman bondissait de pont en pont, jusqu’au centre du foyer.
    — Ces salopards ont incendié le cœur de la flotte. Il faut que vous m’aidiez à rallier le plus de marins possible, afin de saborder les navires au contact des flammes !
    — Ta hache ! ordonna Amaury à Kunar Sell.
    Celui-ci regarda le roi sans avoir l’air de comprendre, mais Coloman cria :
    — Fais ce qu’il te dit ! Donne-lui ta hache !
    Kunar Sell tendit sa lourde hache à Amaury, qui pour la première fois parut content de l’arme qu’il avait.
    — Prends ceci, dit Coloman à Kunar Sell, en lui donnant un sabre d’abordage. C’est ce que j’ai trouvé de mieux.
    Kunar Sell soupesa le sabre, fit quelques passes avec, s’aperçut qu’il était de fort mauvaise qualité, haussa les épaules et fila rejoindre Coloman, qui le hélait :
    — Par ici ! Par ici ! Byzantins, avec moi !
    Amaury, quant à lui, galopa sus aux navires les plus proches du port égyptien et de ses redoutables balistes.
    — À moi, les Francs ! À moi !
    Seule une

Weitere Kostenlose Bücher