Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Morgennes

Morgennes

Titel: Morgennes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
Vom Netzwerk:
croie…
    — Il le croira !
    Palamède avait raison. D’ailleurs, Manuel Comnène avait tout intérêt à le croire. Ainsi, après avoir informé Amaury que la petite-nièce qu’il lui avait promise en mariage avait disparu, il l’avait autorisé à conserver par-devers lui la lame de saint Georges. En échange, comme prévu, il avait ordonné à la flotte impériale de gagner les rivages égyptiens et de s’y placer sous le haut commandement d’Amaury. Ensemble, ils reprendraient l’Égypte aux Damascènes. Ensuite, une fois sa petite-nièce retrouvée, Amaury l’épouserait. Enfin, Manuel Comnène recevrait des mains d’Amaury l’une des plus belles pièces qui manquait à sa collection de reliques : Crucifère !
    Mais pour Guillaume de Tyr, cette prétendue Crucifère ne valait guère mieux que le soi-disant rang d’ambassadeur, au service du prêtre Jean, de Palamède. C’était probablement une épée d’apparat, forgée à la hâte dans un souk du Caire, afin d’épater les badauds. Et les rois…
    « Tss-tss », fit Guillaume dans sa barbe. « Je donnerais cher pour connaître la vérité… Et je ne serais pas étonné d’apprendre que Palamède n’est en fait qu’un conspirateur qui a tout intérêt à voir Saladin quitter Le Caire, et qui, après avoir manigancé pour que les Grecs n’interviennent pas, se démène maintenant pour les faire venir… »
    Passant son bâton à tête de dragon d’une main à l’autre, Guillaume regagna les hauteurs de la petite colline au sommet de laquelle Amaury avait fait dresser sa tente. Depuis ce promontoire, on dominait toute la plaine avec, en contrebas, Damiette, au sud, le Nil, à l’est, le désert, et à l’ouest, encore le désert, mais cette fois aux mains des Égyptiens. Et donc de Saladin.
    Guillaume grimpa, le dos plié en deux, une main sur la hanche. Une vive douleur aux genoux lui rappela qu’il vieillissait. « Ces exercices ne sont plus de mon âge. Je ne devrais pas quitter mon scriptorium. »
    Une explosion le fit tressaillir. Une catapulte avait atteint sa cible : une muraille que les Francs visaient sans relâche depuis huit semaines, au grand dam des Byzantins. Ces derniers, menés par Constantin Coloman, voulaient donner l’assaut sans plus attendre : « Nous perdons du temps ! » fulminait Coloman. « Or c’est, après la nourriture, ce dont nous manquons le plus. Il faut frapper ! Maintenant ! »
    Mais le gros des troupes à terre était constitué des fantassins et des cavaliers francs du royaume de Jérusalem. Comme d’habitude, Amaury cherchait à temporiser et s’adonnait à l’un de ses passe-temps favoris : la construction de machines de siège.
    — Donner l’assaut c’est s’exposer à de lourdes p-p-pertes ! Tandis qu’en soumettant cette muraille à d’incessants b-b-bombardements, je puis espérer la faire s’effondrer tout en restant à l’abri. Alors, nos troupes n’auront plus aucune difficulté p-p-pour pénétrer dans la cité.
    — Majesté, disait Coloman, je me permets de vous rappeler que ce côté de la cité est occupé par les coptes.
    Les coptes ! Guillaume apercevait, derrière les hautes murailles à peine endommagées de Damiette, les grandes croix dorées de leurs églises. L’une d’elles, ayant reçu une pierre, était maintenant de travers. Combien de fois les chrétiens de Jérusalem avaient-ils trahi leurs cousins égyptiens depuis qu’Amaury était roi ? Assurément, beaucoup trop.
    D’ailleurs, les coptes avaient rompu tout contact avec les Francs.
    Ceux-ci avaient établi leur camp près du port de Damiette, où Palamède avait promis que les dragons arriveraient. Guillaume eut un sourire. À sa façon, Palamède non plus n’avait pas menti. Seulement, il n’avait pas dit toute la vérité. En fait de dragons, ce furent quatre cents nefs byzantines, des dromons, qui se présentèrent. Soit la quasi-totalité de la flotte impériale. De longs tubes métalliques, auxquels des artisans avaient donné l’apparence d’une gueule de dragon, étaient fixés à la proue des navires. Ils crachaient du feu sur les nefs adverses, vers lesquelles ils voguaient de toute la force de leurs ailes – c’est-à-dire de leurs voiles.
    Il n’y avait là rien de mystérieux. Tout au plus un certain secret : celui de la composition du feu grégeois employé par les Byzantins. De plus, les dragons promis seraient de toute façon arrivés, puisqu’ils étaient la

Weitere Kostenlose Bücher