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Morgennes

Morgennes

Titel: Morgennes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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g-g-guerre !
    — Sire, votre frère est mort. Il serait peut-être temps de songer à la paix, et d’accepter la trêve que vous propose le sultan de Damas, Nur al-Din.
    — Tais-toi, Guillaume ! Tu me fatigues. Tu sais ce que j’en fais, de ta t-t-trêve ?
    — Sire, je l’imagine.
    — Et moi je t’interdis de te l’imaginer. Une t-t-trêve ! Du foutre, oui ! Guerre, guerre ! Pas de t-t-trêve, jamais ! La trêve, pour moi, c’est la guerre !
    — Sire, vous voulez tous nous tuer ?
    — Et alors ? Tu as peur ?
    — Non, Sire, répondit Guillaume en voyant le visage d’Amaury disparaître sous les coups de langue de ses bassets. Vous savez combien je vous suis attaché. Je vous suivrai partout. Y compris dans la mort…
    — Par Dieu, Guillaume, j’espère plutôt que tu m’y p-p-précéderas !
    — Ce sera pour vous en préserver, Sire !
    — J’espère bien, parce que moi j’en ai peur !
    Et le roi s’éloigna en direction de ses appartements, où une armée de couturières l’attendait pour finir son costume. Mais avant de disparaître sous une avalanche de tissus, tous plus magnifiques les uns que les autres, il eut le temps de lancer à Guillaume :
    — Va pour un spectacle. Mais pas de c-c-comédie, hein ! Du sang, de la b-b-bidoche !
    « Du sang, de la bidoche ! » répéta Guillaume pour lui-même en redescendant les marches du long escalier qui menait du sommet de la citadelle du roi David à la salle principale. « Le roi est encore un enfant. Il serait temps qu’il grandisse, pour le bien du royaume. » Il s’arrêta un instant sur le perron, puis sortit dans la cour où attendait le Dragon blanc.
    Notre attelage venait d’arriver, et les gardes nous avaient fait entrer quand Thierry d’Alsace s’était montré.
    Nicéphore mena les négociations avec le chanoine Guillaume, et Morgennes n’entendit rien de ce qu’ils se disaient. Tout ce qu’il comprenait, c’était que les deux hommes se mettaient d’accord, et que l’événement était important – vu la grosseur de la bourse que le chanoine laissa tomber dans les mains grandes ouvertes de Nicéphore. Mais, plus que la bourse, ce qui fascinait Morgennes, c’était le lourd bâton avec lequel jouait Guillaume. Tantôt il s’appuyait dessus, tantôt il le prenait dans une main, tantôt dans une autre. C’était un bâton de bois sculpté, dont l’une des extrémités représentait la gueule d’un dragon. Morgennes trouvait aussi curieux de voir un tel objet entre les mains d’un chrétien qu’il aurait trouvé normal de le voir entre les mains d’un musulman. Après tout, le Coran ne parlait-il pas du bâton de Moussa (Moïse), qu’Allah avait changé en dragon pour attaquer les mages de Pharaon ?
    Le prénommé Guillaume avait une étrange façon de sourire, et, de temps à autre, son regard se portait sur Morgennes. On aurait dit qu’il le reconnaissait. Mais les deux hommes ne s’étaient jamais vus. Morgennes en était sûr. Ce qui n’empêcha pas qu’une fois la négociation entre Nicéphore et Guillaume terminée, ce dernier s’approcha de Morgennes pour lui demander :
    — Ne nous sommes-nous pas déjà rencontrés quelque part ?
    — Non, dit Morgennes.
    — Ah ? J’aurais cru…
    — J’ai une excellente mémoire. Je me souviens toujours de tout.
    — Vous avez bien de la chance. Moi, j’ai une très mauvaise mémoire. Mais j’ai parfois des avant-goûts du futur… J’ai dû me tromper, je vous demande pardon.
    — Je vous en prie.
    — Peut-être serons-nous amenés à mieux nous connaître, si vous restez…
    — Malheureusement, je ne pourrai peut-être pas rester… On m’attend à Constantinople, et j’ai promis…
    — Fort bien. Alors adieu, chevalier !
    Guillaume s’éloigna en direction de la ville.
    — Pourquoi m’a-t-il appelé « chevalier » ? me demanda Morgennes.
    — À cause de ton costume, répondis-je en désignant sa tenue.
    Morgennes avait passé son habit de saint Georges, qui comprenait un glaive factice, un bouclier de bois et une armure en tissu.
    — Mais ce n’est qu’un costume, je ne suis pas chevalier !
    — Même pas Chevalier à la Poule ?
    — Si fait…
    — En plus, tu as gardé Galline.
    — Pardi, il faut bien que quelqu’un la protège. Si j’en juge par les regards qu’ils lui jettent, on jurerait que cela fait des lustres qu’ils n’ont pas mangé à leur faim.
    — Morgennes, ce n’est pas

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