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Morgennes

Morgennes

Titel: Morgennes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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fabuleux spectacle monté par la Compagnie du Dragon blanc, au cours duquel Morgennes – jouant le rôle de saint Georges – avait vaincu un puissant dragon noir. Il s’interrogeait : « Qu’est devenu Morgennes ? A-t-il réussi à se faire oublier ? En tout cas, moi, je l’avais oublié… Le Chevalier à la Poule ! » Il eut un vague sourire, et chercha à se remémorer les dernières paroles d’Amaury à Morgennes… Enfin, les dernières paroles. Non. Sa mémoire n’était pas aussi bonne que cela. Mais il se rappelait fort bien qu’Amaury avait promis à Morgennes de l’adouber s’il parvenait à tuer un dragon… Depuis, on ne l’avait pas revu, sinon au Krak, où il avait fait fort mauvaise impression en se faisant passer pour saint Georges. Cela dit, certains – dont le comte Raymond de Tripoli – disaient que c’était à lui qu’on devait la débandade de l’armée de Nur al-Din. D’autres, à Constantinople, racontaient pour leur part que Morgennes était devenu l’un des plus puissants mercenaires au service de l’empereur, l’une de ses « âmes noires ». Guillaume prit une profonde inspiration, et se jeta à l’eau :
    — Je crois aux Amazones, et j’ai moi-même déjà croisé leur reine…
    L’empereur leva de nouveau la main, et le secrétaire intervint :
    — Au fait !
    — Comme il est dit dans la Bible, ajouta Guillaume : « C’est lui la première des œuvres de Dieu. » Il serait présomptueux de ma part de croire que l’homme les a tous exterminés… Il doit bien y en avoir encore quelques-uns… Ne serait-ce que pour l’Apocalypse…
    — Au fait !
    — Eh bien, se hâta de conclure Guillaume, voici : oui, je le crois. D’autant plus que je crois au Diable, et que ne pas croire aux dragons reviendrait à dire que le Diable n’existe pas, ou a été définitivement vaincu. Puisque draco iste significat diabolum – « ce dragon représente le Diable », comme le dit Isidore de Séville dans les Etymologiae.
    Un pâle sourire éclaira fugitivement le blanc visage de l’empereur, visiblement satisfait de la réponse de Guillaume.
    — Venez, dit le secrétaire de Manuel. Sa Majesté vous emmène célébrer votre accord. Pour ce faire, nous irons dans la salle des dix-neuf lits, où Sa Majesté a l’habitude de recevoir ses hôtes les plus importants.
    L’empereur interrompit son secrétaire, et déclara :
    — Mais avant, j’aimerais vous faire visiter mes jardins, puis vous montrer mes précieuses collections d’objets sacrés et de reliques.
    — Majesté ! Quel honneur ! fit Guillaume.
    Dans un éblouissement de robes de soie cousues d’or et de pierres précieuses, Manuel passa devant Guillaume, suivi de son secrétaire, de son premier Prôtospathaire (son porte-glaive), du Logothète du Drôme (avec qui Guillaume aurait à finaliser les détails de leur accord diplomatique), et de son Maître des Milices – le mégaduc Coloman. Six des douze gardes nordiques qui assuraient à chaque heure du jour et de la nuit la sécurité de l’empereur leur emboîtèrent le pas, et vinrent se ranger trois par trois, de part et d’autre de ces importants personnages.
    Manuel Comnène était monté sur le trône en 1143. Fils, petit-fils et arrière-petit-fils d’empereur, il avait eu la chance, si l’on peut dire, d’hériter d’un empire renforcé, agrandi et stabilisé par l’épée de ses ancêtres. Mais lui, que lèguerait-il à son fils, le jeune Alexis II ? Grossirait-il l’héritage reçu, ou au contraire, le diminuerait-il ? Cette question le mettait d’autant plus au supplice que ses terres étaient continuellement menacées, à l’ouest comme à l’est.
    Le sud, déjà, avait été perdu voici longtemps. Le sud, c’était l’Égypte, qui autrefois servait de grenier à blé à l’Empire. Depuis, Constantinople connaissait d’incessants problèmes de ravitaillement, qui l’obligeaient à se ruiner pour acheter des vivres aux marchands – principalement aux Vénitiens, haïs dans tout l’Empire.
    — Croyez-moi, dit l’empereur à Guillaume, vous n’oublierez pas de sitôt ce que j’ai l’intention de vous montrer.
    Alors, comme il le faisait souvent pour se calmer, s’amuser ou tromper son attente, Guillaume fit passer son long bâton de sa main droite à sa main gauche, et jeta un bref coup d’œil à son extrémité. Celle-ci représentait une tête de dragon. Massada, le marchand qui le lui avait

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