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Mort à Devil's Acre

Mort à Devil's Acre

Titel: Mort à Devil's Acre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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m’avait prêtées.
    — Certainement, madame. Si vous voulez bien me suivre…
    Il referma très vite la porte pour empêcher le vent glacial
de s’engouffrer dans le vestibule, et la conduisit dans le salon où brûlait un
bon feu.
    Le général devait être dans la bibliothèque, peut-être en
compagnie de sa fille, éventualité que Charlotte n’avait pas prévue. Elle n’avait
aucune envie de parler en présence de Christina. Celle-ci avait l’esprit trop
vif et se montrait très possessive à l’égard de son père. Elle s’arrangerait
pour écourter l’entretien, qui se réduirait à un échange de piques acérées. Charlotte
n’avait plus qu’à espérer la faire fuir en l’ennuyant avec toutes les batailles
de l’histoire qui lui viendraient à l’esprit !
    Quelques minutes plus tard, le valet revint pour la conduire
à la bibliothèque. Dieu merci, Christina ne s’y trouvait plus. Sans doute
jugeait-elle Charlotte et ses lettres trop assommantes pour prendre la peine de
rester.
    Le général était debout devant la cheminée, le visage tendu,
les yeux rivés vers la porte. Il l’attendait. Le valet s’éclipsa discrètement, les
laissant seuls.
    — Charlotte…
    Il hésita à faire un pas dans sa direction. Son émotion
était si visible qu’elle en était gênante, presque inquiétante.
    Elle avait préparé un commentaire un peu confus au sujet des
lettres du soldat, mais il ne serait pas nécessaire ; seule avec lui, elle
pouvait aller droit au but. Pourtant sa bouche était sèche, sa gorge serrée.
    Voyant son embarras, Balantyne vint à son secours.
    — Le valet m’a dit que vous étiez venue me rendre les
lettres. Avez-vous découvert quelque chose d’intéressant ?
    Elle détourna les yeux et regarda le feu.
    Il s’aperçut alors qu’elle grelottait et que le bas de sa
robe était tout mouillé.
    — Venez vite vous réchauffer, murmura-t-il en s’écartant
vivement de la cheminée.
    Charlotte sourit. En d’autres circonstances, une telle
prévenance l’aurait touchée ; elle était habituée à ce que les hommes
prennent toujours la meilleure place devant le feu.
    — Merci.
    Elle s’avança vers l’âtre et sentit la chaleur des flammes
lui picoter agréablement la peau. Bientôt, elle pénétrerait l’épaisseur de sa
robe et de ses bottines humides.
    Elle n’avait aucune raison d’atermoyer.
    — Général, je ne suis pas venue pour parler de ces
lettres…
    Elle continuait à fixer les flammes. Il se tenait derrière, tout
près, mais elle n’osait pas se retourner.
    — … mais des meurtres de Devil’s Acre.
    Il y eut un long silence. Un instant, elle avait oublié la
vraie raison de sa visite. Emily l’ayant présentée sous son nom de jeune fille,
le général avait dû supposer que son mariage avec Pitt avait été un échec. Or
elle ne l’avait jamais détrompé. En y repensant, elle mourait de honte.
    Elle se décida à le regarder. Il la dévorait des yeux, avec
une tendresse qui ne trahissait que trop bien ses sentiments. Comme il semblait
vulnérable ! Pourtant, ne pas lui avouer la vérité tout de suite serait
impardonnable. Chacune de ses visites ne faisait qu’aggraver la situation. Elle
ne pouvait rien faire pour alléger sa peine ; montrer de la honte ou de la
pitié l’humilierait ou l’embarrasserait.
    — Pardonnez-moi, je n’ai aucune excuse, commença-t-elle,
très vite, sans se laisser le temps de se rétracter, mais sachez que je
souhaite par-dessus tout que l’assassin de ces quatre hommes soit enfin démasqué
et que l’on puisse venir à bout de la prostitution…
    — Moi aussi ! l’interrompit-il avec ferveur, puis
lisant dans son regard une indicible souffrance, il ajouta, inquiet : Charlotte,
que se passe-t-il ?
    Sans qu’il ait esquissé le moindre geste, elle eut l’impression
qu’il s’était rapproché, tant son inquiétude était grande.
    — Je vous ai menti, dit-elle, utilisant sciemment le
mot le plus dur.
    Il était lâche de détourner les yeux ; elle affronta
donc son regard, pour se punir.
    — Ma sœur m’a présentée sous le nom de Miss Ellison, parce
qu’elle le jugeait préférable, et je l’ai laissée dire. Comme Max avait
longtemps travaillé au service de votre famille, nous pensions pouvoir
apprendre quelque chose ici.
    Elle se garda de mentionner leurs soupçons au sujet de
Christina.
    Le général sentit sourdre en lui une douleur nouvelle, accompagnée
d’une gêne

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