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Mort à Devil's Acre

Mort à Devil's Acre

Titel: Mort à Devil's Acre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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se détendit. Sous le satin de sa robe, ses épaules
se relaxèrent. Mais elle ne reprit pas sa fourchette, comme si elle pouvait
être appelée, à n’importe quel moment, à intervenir pour sauver la situation.
    — Freddie Byers n’est même pas au courant ! ironisa
Brandy. En tout cas, il ignorait encore mardi qu’il était fiancé.
    Christina partit d’un curieux petit rire de gorge.
    — Ça, par exemple ! Y aurait-il un beau petit
scandale en perspective ? De toute façon, je ne peux pas supporter Rose
Summerville. Vous ai-je déjà raconté ce qui est arrivé à ses plumes le jour de
sa présentation à la princesse de Galles ?
    — Ses plumes ? répéta Balantyne, incrédule.
    Christina agita ses jolis doigts où brillaient deux superbes
diamants.
    — Voyons, papa ! Lorsque l’on est présentée à la
Cour on doit porter en diadème les trois plumes symbolisant les armes du prince
de Galles. Il est extrêmement difficile de les garder sur la tête, surtout si l’on
a les cheveux fins, comme cette pauvre Rose.
    Elle entreprit de leur raconter l’histoire des plumes de
manière si comique, que, bien qu’il considérât la présentation des débutantes à
la Cour comme une farce cruelle, Balantyne fut obligé de sourire.
    Il jeta un coup d’œil à Jemima, qui, bien entendu, n’avait
jamais approché la Cour. Mais ses yeux pétillaient, même si sa bouche montrait
une légère indécision, ne sachant trop si elle devait compatir aux malheurs de
ces infortunées jeunes filles rassemblées en troupeau, comme à un comice
agricole, pour être présentées une par une à la famille royale, vêtues de
toilettes qui avaient coûté les yeux de la tête, marquant ainsi leur entrée
dans la société. L’honneur exigeait qu’elles trouvassent un mari convenable
avant la fin de la saison.
    Les assiettes furent desservies et on apporta le plat
suivant, un aspic de poulet.
    « On dirait de la chair morte », songea Balantyne
en examinant sa couleur et sa texture. Le temps d’un éclair, le visage de Max
se superposa à celui du valet qui se penchait pour lui présenter le plat en
argent.
    Il n’avait plus envie de manger. Toute cette nourriture sur
la table, qui pourtant n’était pas plus chargée qu’à l’ordinaire, lorsqu’ils
recevaient des invités, lui parut déplacée. Il revit en pensée le cadavre
allongé sur la table de la morgue. De la viande aussi : une chair d’un
blanc grisâtre, comme celle de la volaille égorgée, tout le sang descendu vers
le dos et les fesses. Pourtant, même émasculé, Max ne lui avait pas semblé
étranger dans la mort, comme la plupart des cadavres qu’il avait vus dans sa
vie. Ce visage lourd était identique, dans sa mémoire, à celui de Max vivant.
    Balantyne sentait le regard de son épouse posé sur lui. Il
ne pouvait décemment pas lui dire à quoi il pensait ! Il lui fallait donc
se forcer à manger, même si le poulet lui restait en travers de la gorge. Il le
ferait passer avec un verre de chablis ; le désagrément qui en résulterait
serait moins pénible que de lui avouer, avec force déglutitions, les pensées
qui l’habitaient.
    — J’aimais bien Miss Ellison, aussi, reprit Brandy à
brûle-pourpoint. J’ai rarement rencontré une femme possédant autant de
personnalité.
    — Miss Ellison ? fit Augusta, perplexe. Je ne
connais pas d’Ellison dans nos relations. Quand nous a-t-elle été présentée ?
    — Sans doute jamais, fit Brandy avec un large sourire. C’était
la jeune femme venue aider papa à mettre de l’ordre dans ses papiers, lorsqu’il
a commencé à écrire l’histoire militaire de la famille.
    Christina lui lança un coup d’œil méprisant.
    — Pour l’amour du ciel, pourquoi parler d’une créature
aussi ordinaire ! Le seul détail dont je me souvienne chez elle était sa
magnifique chevelure. Mais même une simple soubrette peut avoir de beaux
cheveux !
    — Ma chère sœur, une soubrette doit avoir de beaux
cheveux, rétorqua Brandy, tout aussi méprisant. Et le reste à l’avenant… Une
maison qui prétend faire partie de la bonne société choisit ses soubrettes d’après
leur physique. Tu le sais aussi bien que moi.
    — En sommes-nous réduits à discuter de la physionomie
des femmes de chambre ? intervint Augusta, dont les ailes du nez
palpitaient comme si elle avait respiré une mauvaise odeur.
    Balantyne se sentit contraint de défendre Charlotte – ou du
moins le souvenir

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