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Mort à Devil's Acre

Mort à Devil's Acre

Titel: Mort à Devil's Acre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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là.
Sais-tu qui est chargé de l’enquête ? L’inspecteur Pitt. T’en souviens-tu ?
    Christina tressaillit.
    — À Devil’s Acre, poursuivit Augusta, il y a des maisons
où des femmes riches vont parfois se divertir. Pénétrer dans un monde sordide
et dangereux doit leur procurer des sensations fortes. Peut-être
apprécient-elles mieux par la suite la quiétude huppée de leur quartier ?
    Christina fixa sur sa mère un regard dur et furibond.
    — Je n’en ai pas la moindre idée ! siffla-t-elle
entre ses dents, mâchoires serrées.
    Augusta soupira.
    — Par pitié, ne joue pas à l’innocente, et surtout, ne
me prends pas pour une idiote ! Alan préfère peut-être feindre l’ignorance
– entre nous, je trouve qu’il fait preuve d’une patience admirable à ton égard
–, mais, face au scandale, il sera bien obligé d’ouvrir les yeux. La police va
surveiller de très près les allées et venues dans Devil’s Acre. Ces deux crimes
ont frappé les esprits. Étant donné que Pinchin était un homme relativement
honorable, les gens sont terrorisés. Si tu ne peux contrôler ton penchant à
frayer avec des gens douteux, il faudra aller t’encanailler ailleurs. À mon
avis, il serait encore plus sage de ne plus te montrer dans ces endroits. Londres
n’est pas si grand que tu l’imagines –on n’y reste pas longtemps anonyme. Tes
amies ne fréquentent sans doute pas les maisons de jeu ou les cabarets louches,
mais il est fort possible que leurs maris le fassent. Ce qui pour un homme n’est
que bagatelle représente pour une femme une dangereuse aventure.
    — Hypocrites ! cracha Christina.
    — Ma chère enfant, cesse de te comporter comme une
petite fille. Tu as passé l’âge. La naïveté est excusable à vingt ans, ennuyeuse
à vingt-cinq et ridicule à trente. Tu risques de perdre ta réputation. Réfléchis
bien aux conséquences !
    — Bien au contraire, maman, j’ai beaucoup de succès et
tout le monde me trouve très amusante !
    — Comme les bouffons et les catins ! Désires-tu
devenir l’un ou l’autre ?
    Christina blêmit.
    — Vous vous imaginez que je hante les cabarets de bas
étage ? Mais, maman, je n’y ai jamais mis les pieds et je ne saurais vous
dire ce qui s’y passe ! Il existe quantité de maisons parfaitement
respectables où je pourrais m’adonner au jeu, si je le désirais. Et je n’ai pas
besoin de me chercher un amant – j’ai plus de propositions qu’il ne m’en faut.
    Lady Augusta ne se laissa pas impressionner. Elle
connaissait les réactions de sa fille, quand son amour-propre était blessé.
    — Ah bon ? Tu oses me soutenir que tu n’es jamais
allée à Devil’s Acre ?
    — Je n’ai pas l’intention d’en parler avec vous !
    Le sujet était trop important pour qu’Augusta se permette de
laisser éclater sa colère. Elle préférait ne pas lui dire qu’elle était au
courant de ses incursions dans les bas-fonds proches de Westminster. La vieille
et fidèle domestique qui l’avait renseignée aurait risqué sa place et, plus
grave, Augusta aurait perdu une précieuse source d’information ; au
surplus, Christina était si imprudente qu’il n’y avait, dans ces circonstances,
que sa mère pour la protéger.
    — Je m’en doute, riposta-t-elle sèchement. Voilà
pourquoi il vaut mieux que je sois au courant. On t’a vue là-bas. Tu dois
cesser de fréquenter ces endroits.
    À présent, Christina avait peur. Augusta la connaissait trop
bien pour se laisser tromper par cette pose arrogante, ces épaules bien droites
sous l’épais satin de la robe. Juste ciel ! Christina n’était qu’une
gamine inconsciente qui ne réfléchissait jamais aux conséquences de ses actes. Elle
cherchait sans cesse à obtenir tout ce qu’elle désirait. D’où tenait-elle ce
relâchement ? Certainement pas de son père ! Il n’avait jamais été
prodigue d’émotions, hélas ! Augusta, de son côté, avait toujours fait
preuve d’une discrétion absolue. Elle connaissait la limite entre plaisir et
devoir et s’y aventurait comme une équilibriste sur son fil. Pourquoi Christina
se comportait-elle de façon aussi insensée ?
    — Vraiment, ma fille, tu mets ma patience à rude
épreuve ! fulmina-t-elle. Parfois j’ai l’impression que tu as perdu tout
sens commun !
    — Si vous n’avez jamais été amoureuse pour de bon, j’en
suis désolée pour vous, maman !
    Christina hurlait maintenant, déversant toute sa

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