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Mort à Devil's Acre

Mort à Devil's Acre

Titel: Mort à Devil's Acre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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Astley avaient du goût
et leurs moyens leur permettaient de s’offrir tout ce dont ils avaient envie ;
leur choix était très éclectique.
    Le majordome entra, un homme d’âge mûr, à la mine attristée,
portant un plateau d’argent chargé d’un flacon de cognac et de lourds verres de
cristal français.
    — J’ai cru comprendre, d’après les dires de Frederick, le
valet de pied, que Sir Bertram a trouvé la mort dans un accident ?
    Inutile de lui mentir ; c’était à lui que reviendrait
la tâche difficile de contrôler le personnel et de veiller à ce que, durant les
premiers jours de deuil, le travail quotidien continue à être accompli comme à
l’accoutumée.
    — Navré. Il ne s’agit pas d’un accident. Sir Bertram a
été assassiné.
    — Oh, mon Dieu !
    Hodge posa vivement le plateau sur la table et demeura muet,
ne trouvant plus ses mots. Soudain, la porte s’ouvrit : un homme jeune, en
robe de chambre, s’arrêta un instant sur le seuil pour les observer. Il avait
pris soin de faire une rapide toilette – ses cheveux blonds étaient encore
humides –, mais il n’avait pas eu le temps de se raser. Pitt constata une nette
ressemblance entre ses traits et ceux du défunt : même nez droit, même
grand front. Mais ce visage, en dépit de la tension due à l’anxiété, était
animé ; il avait une bouche expressive et rieuse, de grands yeux bleus.
    — Que se passe-t-il ? s’enquit-il en refermant la
porte.
    Pitt réalisa à quel point sa tâche avait été facile, en
comparaison, avec Mullen et Valeria Pinchin. Bien que maintes fois éprouvée, la
difficulté d’annoncer une telle nouvelle lui causait toujours la même angoisse.
Il lui serait plus aisé et moins cruel d’expliquer tout de suite ce qui s’était
passé, plutôt que de dévider les macabres détails les uns après les autres.
    — J’ai le pénible devoir de vous apprendre, monsieur, commença-t-il
avec douceur, que nous venons de trouver le corps de votre frère, Sir Bertram, à
Devil’s Acre. Selon toute apparence, il a été assassiné, de la même façon que
le Dr Hubert Pinchin, bien qu’il ait été beaucoup moins mutilé…
    Ne voyant rien à ajouter, il s’interrompit et se contenta de
répéter :
    — Je suis vraiment navré.
    Durant plusieurs secondes, Beau Astley demeura immobile, puis
il redressa les épaules et se dirigea vers la table. Hodge lui servit un verre
de brandy, mais il l’ignora.
    — À Devil’s Acre, dites-vous ?
    Pitt se demanda s’il devait le questionner maintenant, pendant
qu’il était encore anéanti par la nouvelle, ou plus tard, une fois le choc
surmonté, faisant place à la douleur inévitable. De toute façon, Pitt devrait
se contenter de sa réponse.
    — Savez-vous ce que faisait Sir Bertram dans ce
quartier ?
    Beau Astley leva les yeux vers lui. Puis il se décida à
prendre le verre que Hodge lui tendait, l’avala en deux gorgées, et s’en versa
aussitôt une rasade supplémentaire.
    — Il ne servirait à rien de vous mentir, inspecteur. Oui,
Bertie jouait parfois – oh, peu d’argent –, en tout cas, il ne perdait jamais.
À vrai dire, il gagnait, la plupart du temps. En général, il se rendait à son
club, ou à un autre, mais à l’occasion, il ne détestait pas aller s’encanailler
à Whitechapel ou à Devil’s Acre. Franchement, j’ignore pourquoi. Ce sont des
endroits tellement répugnants…
    Il s’interrompit, comme si son incapacité à comprendre
pouvait oblitérer cette triste réalité.
    Pitt était surpris de ne déceler aucune condescendance dans
sa voix ; dans l’état de choc où il se trouvait, Beau Astley ne semblait
pas trouver anormale la présence, dans son salon, d’un policier lui posant des
questions intimes sur sa famille.
    — Sir Bertram était-il parti jouer, la nuit dernière ?
    Beau chercha une chaise des yeux et Hodge lui en avança une
aussitôt. Une fois son maître assis, le majordome quitta discrètement la pièce.
    — Non, pas à ma connaissance.
    Beau prit sa tête entre ses mains et fixa la table.
    — Ah ! J’y suis ! Il est parti chez May. Il
était invité à dîner là-bas.
    — May ?
    — Oui, bien sûr, vous ne pouvez pas savoir. Miss
Woolmer. Bertie et May allaient se fiancer, du moins je le crois. Mon Dieu !
Je dois absolument la prévenir. Il ne faudrait surtout pas qu’elle apprenne
cette terrible nouvelle par la police ou par des commérages d’antichambre.

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