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Mort à Devil's Acre

Mort à Devil's Acre

Titel: Mort à Devil's Acre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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lorsque l’on
est en face de gens qui ne peuvent vous rendre la pareille.
    — J’essaierai, madame, dit-il simplement. Mr. Beau
Astley m’a informé que Sir Bertram devait dîner ici hier soir. Est-il bien venu ?
    Elles ne l’invitèrent pas à s’asseoir. Mrs. Woolmer
demeurait debout, sur ses gardes.
    — Oui, il est venu, répondit-elle d’un ton cassant.
    — À quelle heure est-il parti ?
    — Peu après vingt-trois heures. Je ne pourrais être
plus précise.
    — Était-il de bonne humeur ou paraissait-il soucieux ?
    La question n’avait pas de sens. Même si elles s’étaient
querellées avec Bertram Astley, elles ne lui en auraient évidemment rien dit.
    Mrs. Woolmer releva le menton.
    — De très bonne humeur. Sir Bertram était toujours
heureux parmi nous. Il adorait ma fille. En fait, il était venu me voir pour me
demander sa main.
    Elle prit une inspiration ; une ombre d’indécision
passa sur ses traits. Était-ce un mensonge que personne ne pouvait plus réfuter,
désormais ? Non, Beau Astley lui avait dit la même chose. Y avait-il eu
des heurts, un désaccord avec leur hôte, la veille au soir ?
    — Je suis désolé pour vous, madame, répondit-il par
politesse. Sir Bertram vous a-t-il dit où il avait l’intention de se rendre
après vous avoir quittées ?
    Elle haussa les sourcils.
    — Mais… chez lui, je suppose !
    Pour la première fois, May Woolmer prit la parole, d’une
voix douce.
    — Je ne comprends pas. Vraiment je ne comprends pas.
    L’intonation était agréable, plutôt grave.
    — Bien évidemment ! Une personne honnête ne peut
pas comprendre ! fit Mrs. Woolmer d’un ton irrité. Non, je ne vois qu’une
explication : l’enlèvement. Voilà la piste que vous devez suivre, Mr…
    Elle haussa une épaule pour bien montrer le peu d’importance
qu’elle accordait au nom d’un policier.
    — Ce pauvre Sir Bertram a dû être enlevé. Quand ses
agresseurs se sont rendu compte à qui ils avaient affaire, ils ont pris peur et…
    — Bertie s’est peut-être battu avec eux ? suggéra
May, les larmes aux yeux. Comme c’est courageux de sa part ! Oh, je suis
sûre qu’il s’est vaillamment défendu !
    Mrs. Woolmer apprécia l’explication.
    — Oui, les choses se sont certainement passées ainsi. C’est
ignoble ! Pourquoi payons-nous la police si elle permet que de telles
choses arrivent !
    — Sir Bertram n’est pas reparti dans sa propre voiture,
remarqua Pitt, qui avait déjà posé la question au cocher des Astley, pendant le
déjeuner.
    — Je vous demande pardon ? sursauta Mrs. Woolmer
qui s’attendait à ce qu’il s’excuse, à ce qu’il défende l’honneur de sa
corporation, bref à tout, sauf à cette observation saugrenue.
    Sa fille répondit à sa place.
    — Non, il avait renvoyé son coupé. Au moment de partir,
il a demandé à Willis de lui héler un fiacre. Nous lui avons proposé notre
attelage, mais il a refusé. Il était tellement… délicat.
    Elle se tamponna la joue avec son mouchoir.
    — Tellement délicat…
    — Si nous nous étions montrées plus persuasives, il n’aurait
pas été kidnappé !
    Mrs. Woolmer lança cela comme une accusation contre Pitt. Dans
son esprit, la police était fautive ; les gens de la bonne société ne
devaient pas avoir à se protéger des voyous !
    Il était possible, mais fort improbable, que Bertram Astley
ait été kidnappé au beau milieu de la rue. Si ces dames ignoraient qu’il aimait
s’encanailler dans Devil’s Acre, le moment était mal choisi de le leur annoncer.
De toute manière, elles ne le croiraient pas. Et la colère de Mrs. Woolmer
était peut-être une façon de réagir à la douleur ; un tel réflexe est
courant. Quand une personne tombe malade, c’est le médecin impuissant à la
guérir que l’on blâme ; lorsqu’il s’agit d’un crime, c’est le policier.
    Pitt les étudia avec attention : la jeune fille
observait les règles de la bienséance ; son attitude était cependant
dénuée de la gaucherie que confère le vrai chagrin. Ses pieds étaient ramenés
sous elle, côte à côte, sa robe retombait en plis seyants et modestes. Elle
tenait ses jolies mains sagement posées sur ses genoux ; ses traits
sereins dénotaient un parfait sang-froid. Elle aurait pu poser là pour un
peintre néo-classique, si l’on avait enlevé les trois quarts des bibelots et le
piano-forte placé derrière elle.
    Mrs. Woolmer, en revanche, se dressait,

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