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Mort à Devil's Acre

Mort à Devil's Acre

Titel: Mort à Devil's Acre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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ce qu’il avait voulu dire.
    — J’ai entendu beaucoup d’adjectifs appliqués au
meurtre de Bertie Astley, mais jamais encore celui de « raffiné », répliqua-t-il
d’un ton cassant. Le bien-fondé de l’allusion m’échappe, Augusta !
    Cette dernière pâlit ; il avait délibérément fait
semblant de ne pas la comprendre, tout comme elle auparavant.
    — Je n’apprécie pas votre humour, Brandon. Vous n’avez
pas l’esprit assez mordant pour manier le sarcasme avec succès. Bertie Astley a
été la malheureuse victime de je ne sais quel déséquilibré. Personne ne saura
jamais ce qui l’avait amené à Devil’s Acre. D’ailleurs, cela ne nous regarde
pas. Qu’il repose en paix et que l’on laisse sa famille pleurer son souvenir. À
mon avis, un vrai gentleman aurait la délicatesse de ne pas revenir sur les
circonstances de son décès.
    — Alors, il serait grand temps qu’il y ait moins de
gentlemen et davantage de policiers ! rétorqua Balantyne. Car il faudrait
enfin faire avancer les choses ! Je n’ai aucune envie d’apprendre que l’on
a encore retrouvé des cadavres d’hommes mutilés en plein cœur de Londres !
    Augusta lui lança un regard las.
    — Il reste déjà si peu de gentlemen, soupira-t-elle. Personnellement,
je souhaiterais qu’il y en ait beaucoup plus !
    Sur ces paroles, elle lui tourna le dos et s’éloigna, le
laissant avec le désagréable sentiment d’avoir perdu la partie, bien qu’il fût
persuadé d’être dans le vrai.
     
    Le lendemain, Christina vint déjeuner chez ses parents, mais
refusa d’accompagner sa mère dans ses visites. Le général se retrouva donc seul
au salon en sa compagnie. Un grand feu pétillait dans la cheminée ; la
lueur des flammes éclairait la pièce. Il faisait bon ; l’endroit
paraissait familier, hors du temps, comme s’ils étaient revenus vingt ans en
arrière, à une époque où la tendresse filiale n’était pas un vain mot.
    Balantyne se carra dans son fauteuil et observa sa fille, debout
à côté de la table ronde au rebord sculpté. Elle était indéniablement jolie :
des traits fins, une bouche pulpeuse, de grands yeux, des cheveux brillants. Une
silhouette d’adolescente prise dans une toilette du dernier cri, curieux
mélange d’enfant et de femme ; c’était peut-être ce qui faisait son charme.
Elle avait eu de nombreux soupirants avant d’épouser Alan Ross. Et, à en juger
par les réunions mondaines auxquelles il avait assisté en sa compagnie, elle en
avait encore, même si ceux-ci se montraient discrets.
    — Christina ?
    Elle se retourna pour le regarder.
    — Oui, papa ?
    — Tu connaissais Sir Bertram, affirma-t-il, l’empêchant
ainsi de nier.
    Elle baissa les yeux et fixa un bibelot en porcelaine de
Chine posé sur le guéridon.
    — Vaguement, répondit-elle, comme si le sujet ne
revêtait aucun intérêt. On rencontre tellement de gens en société…
    Elle ne lui demanda pas pourquoi il avait posé cette
question.
    — Quel genre d’homme était-ce ?
    — Agréable, pour autant que je puisse en juger, fit-elle
avec un léger sourire. Mais plutôt ordinaire.
    Christina paraissait si sûre d’elle qu’il était bien obligé
de la croire. Pourtant, les gens qu’elle fréquentait n’étaient ni ternes ni
ingénus, loin de là ! Elle-même était bien moins naïve et innocente qu’il
ne l’avait été à son âge – et peut-être même encore aujourd’hui ?
    — Et son frère, Beau Astley ?
    Elle ne répondit pas immédiatement. Avait-il rêvé, ou la
légère rougeur qui colorait ses joues n’était-elle due qu’au reflet des flammes ?
    — Charmant, dit-elle d’une voix neutre. À première vue,
très sympathique. Mais je le connais assez peu. C’est un jugement hâtif. Si
vous vous attendiez à quelques révélations de ma part, je suis désolée de vous
décevoir. J’ignorais que Sir Bertram avait des goûts contre nature. J’étais
persuadée qu’il était épris de cette petite dinde de May Woolmer. Étant donné
le peu d’influence et la maigre fortune de sa famille, j’imaginais qu’il
voulait l’épouser pour des raisons purement… physiques !
    Elle releva vivement les yeux.
    — Désolée si je vous ai choqué, papa. Mais parfois, vous
êtes si guindé !
    Balantyne savait parfaitement ce qu’elle pensait de lui, mais
il était toujours douloureux de se l’entendre dire. Il n’avait pas envie de se
défendre et en même temps s’y

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