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Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elisabeth Eyre
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chacune réagit à sa manière : la belle-sœur se serra contre une
tapisserie de Philémon et Baucis en bredouillant des prières ; la veuve
saisit la chaise avec laquelle Sigismondo avait intercepté Barley, prête à s’en
servir ; la nonne, qui avait arraché le couteau du montant de la fenêtre, attendait
l’occasion de poignarder l’inconnu, qui ne pouvait être qu’un Bandini.
    Les deux adversaires s’aidèrent l’un l’autre à se relever, riant
et s’embrassant comme deux ours qui se retrouvent. Sigismondo récupéra son
poignard et le rengaina. Ils se regardèrent avec des yeux brillants de plaisir.
Leur lutte à mort avait de toute évidence stimulé leur goût de vivre et les
avait mis d’excellente humeur.
    — Qui t’a payé pour me tuer, hein ?
    — Qui a trahi le duc Ludovico ?
    Sigismondo porta une main à son crâne et la fit descendre
jusqu’au bas de sa nuque en fredonnant d’un air songeur.
    — Hum… Hum… c’est donc ce qu’on raconte ?
    Sur quoi il envoya une bourrade dans la poitrine de Barley, laquelle
était capable d’encaisser n’importe quel coup s’il n’était pas porté par l’acier
d’une lame.
    — Tu te souviens de Federico Costa ?
    — Je n’oublie jamais un homme avec qui j’ai combattu. Dieu
ait son âme.
    — Je te présente sa veuve.
    Sigismondo entraîna Barley, devenu soudain gros ours timide,
pour qu’il baise la main de la veuve.
    Celle-ci avait reposé la chaise, non sans un reste de méfiance,
et considéra les deux hommes avec une colère grandissante en raison de la
frayeur qu’ils venaient de lui causer.
    — Expliquez-moi donc ce qui se passe ! Vous venez
tuer mon hôte sous mon propre toit et vous dites que vous étiez l’ami de mon
mari ? Est-ce là un usage courant parmi les hommes d’épée ?
    — Il est anglais.
    Pour Sigismondo, ce fait excusait à lui seul toutes les
excentricités, même commises un poignard à la main. Toute autre explication
était inutile. Mais Barley ne l’entendait pas de cette oreille.
    —  Écossais , mon ami ! Je suis écossais . Chasse ce mot d’anglais de ta bouche. Tu es
toi-même un tel bâtard que tu ne comprends rien à ces choses, ou du moins tu
fais mine de n’y rien comprendre.
    Une bourrade amicale sur la poitrine de son camarade, tout
aussi indestructible que la sienne, ponctua ces paroles. On avait l’impression
qu’il leur fallait se battre encore avant de pouvoir jouir vraiment du plaisir
des retrouvailles.
    — Vous n’êtes pas un Bandini ? Ce ne sont pas eux
qui vous ont engagé ?
    Barley se tourna pour la première fois vers la jeune et
frêle nonne au regard aussi menaçant que le couteau qu’elle tenait, et qu’elle
pointa brusquement vers ses côtes.
    — Je ne suis pas un Bandini, ma sœur, et je n’ai pas reçu
d’argent de leurs mains. Je viens de Rocca, c’est vrai, mais je suis au service
du duc.
    — Vous mentez ! C’est lui qui
travaille pour le duc !
    — Plus maintenant, plus maintenant, précisa Sigismondo
en récupérant avec habileté le couteau des mains de la nonne. Asseyons-nous
tranquillement et, avec votre permission, gente dame, ajouta-t-il en s’inclinant
avec un sourire chaleureux devant la veuve Costa, buvons une coupe de votre
excellent vin.
    Tout en parlant, une sombre pensée lui vint à l’esprit et il
se tourna soudain vers Barley.
    — Es-tu seul ?
    Les deux hommes songèrent à Benno. Barley pensa de surcroît
à Gueule d’ange, qui devait à présent avoir vu arriver à la cuisine un visiteur
venu, à l’instar de Biondello, y chercher bon accueil et nourriture.
    Ensemble ils quittèrent précipitamment la pièce.
    La nonne et la veuve se laissèrent tomber sur des sièges
comme si leurs jambes avaient soudain abdiqué toute volonté. La belle-sœur, plongée
dans une transe catatonique que tout ce qui venait d’être dit n’avait pas réussi
à briser, resta pressée contre la tapisserie et entama un nouveau dizain d’Ave
Maria, sans doute convaincue que si elle s’arrêtait, le ciel, ou du moins le plafond,
s’effondrerait sur elle.
    Une fois qu’il en avait eu terminé avec les chevaux, Benno
avait sifflé Biondello, jeté son sac sur l’épaule et s’était dirigé vers la
cuisine en profitant du soleil printanier. Celui-ci brillait plus généreusement
que ces jours derniers et il avait levé son visage vers lui, se réjouissant d’avance,
comme Biondello, de la bonne nourriture que lui donnerait

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