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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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acte – justifié, mais brutal – bascule vers Alexandre. L’alliance sera bientôt signée – le 5 avril 1812 – entre les deux compères, mais en attendant d’intervenir lors de l’hallali final, l’ex-sergent Bellejambe donne, le 24 avril, ce conseil au tsar :
    — Il faut éviter les grandes batailles, travailler les flancs de l’ennemi, l’obliger par là à faire des détachements et le harasser par des marches et des contremarches, ce qui est tout ce qu’il y a de plus fâcheux pour le soldat français et où il donne le plus de prise. Qu’il y ait beaucoup de Cosaques partout !
    Un sentiment de malaise nous envahit en lisant ce texte écrit par un ancien maréchal de France.
    Napoléon essaye encore d’arrêter la machine mise en mouvement. Il fait assurer le tsar que « si la fatalité voulait que les deux plus grandes puissances de la terre se battent pour des peccadilles de demoiselle, il ferait la guerre en galant chevalier, sans aucune haine, sans nulle animosité, et, si les circonstances le permettaient, il lui offrirait même de déjeuner ensemble aux avant-postes ». Il espère que l’on pourra s’entendre « et se dispenser de verser le sang d’une centaine de mille braves parce que, ajoute-t-il, nous ne sommes pas d’accord sur la couleur d’un ruban... »
    Le tsar, avec quelque raison, considérait la mainmise sur le duché d’Oldenbourg – grief majeur – comme un peu plus important qu’un « ruban » ou une « peccadille de demoiselle » ! On n’en continuait pas moins à parlementer.
    — Croyez-vous que nous ayons la guerre ? demandait le roi de Bavière à Bourmont.
    — Je n’en sais rien, mais quand je vois tant de négociations en route, je doute que l’on puisse s’entendre !
    — En effet, soupirait le roi, quatre cent mille négociateurs s’entendent difficilement.
    Pourparlers qui n’empêchent nullement les estafettes de galoper à travers l’Europe : les ordres s’amoncellent et la gigantesque Grande Armée s’organise. Deux cent mille hommes demeurent en Allemagne et dans le grand-duché de Varsovie, tandis que neuf corps d’armée comptant près de quatre cent mille hommes marchent vers la frontière russe : Français, Hollandais, Belges, Allemands, Italiens, Illyriens, Danois, plus les Alliés forcés : vingt mille Prussiens et trente-quatre mille Autrichiens – sans parler d’un régiment espagnol, et des cent trente bataillons occupant encore les dépôts disséminés à travers le vaste Empire. Bien des soldats qui se dirigent vers le Niémen ignorent vers quel but on les conduit. Pour l’un d’entre eux on va se battre « contre le roi des Turques  », tandis qu’un autre précise : « L’Empereur des Français veut que l’empereur de Russie lui donne le passage libre dans les Saingues pour empêcher le commerce avec les Anglais. »
    — Mon absence sera immense, annonce l’Empereur.
    Les bals ne s’en succèdent pas moins aux Tuileries malgré les embarras de l’heure présente. Ces difficultés, cette paix qui le fuit, ce double jeu mené par Alexandre – « ce Grec du Bas-Empire », comme le fustigeait l’Empereur – rendent Napoléon soucieux, et si absorbé que toute la Cour le voit un soir, s’arrêter au centre du salon, croiser les bras, et fixer le parquet à six pieds devant lui. Les rois alors à Paris, les princes, l’Impératrice, s’écartent. Les autres s’avancent et il se forme un cercle silencieux autour de l’Empereur – toujours muet et immobile.
    D’abord les regards se croisent, s’interrogent, puis demeurent baissés. Il n’y a plus qu’à attendre... Au bout de sept à huit minutes, à l’effroi général, on voit Masséna quitter sa place, pénétrer dans le cercle « qu’un malfaisant génie semblait y avoir tracé », et, à pas lents, s’avancer vers l’Empereur. À peine, à voix basse, a-t-il prononcé quelques mots que Napoléon hurle :
    — De quoi vous mêlez-vous ?
    Masséna regagne alors sa place sans répliquer et à reculons. «  Jamais, nous dit un témoin de la scène, le despote ne m’est apparu dans Napoléon avec plus d’arrogance et d’impudence. » Sortant enfin de sa méditation, l’Empereur lève la tête, décroise les bras et sort du salon en entraînant Marie-Louise avec un impérial :
    — Venez, Madame !
    Voyant, selon son expression, que « tout rentrait en problème », constatant que pour atteindre cette paix qui se

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