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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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convient-il ? Mon armée est bien suffisante pour amener les Russes et les Prussiens à la raison et votre neutralité est tout ce que je demande.
    Le ministre – pharisien dans l’âme – s’exclame :
    — Oh ! Sire, pourquoi Votre Majesté rentrerait-elle seule dans cette lutte ? Pourquoi ne doublerait-elle pas ses forces ? Il ne tient qu’à vous, Sire, de disposer entièrement des nôtres. Oui, les choses en sont au point que nous ne pouvons plus rester neutres ! Il faut que nous soyons avec vous ou contre vous !
    L’Empereur n’est pas dupe. Il sait fort bien que l’Autriche va se jeter dans les bras de ses ennemis.
    — On parle d’un traité avec une troisième puissance...
    Enfin, il abat ses cartes :
    — Apportez-vous la paix ou la guerre ?
    Il ne laisse pas au ministre autrichien le temps de répondre.
    — Vous voulez donc la guerre ? Eh bien, nous la ferons. J’ai détruit à Liïtzen l’armée prussienne, j’ai abattu les Russes à Bautzen ; vous voulez avoir votre tour, je vous donne rendez-vous à Vienne ; les hommes sont incorrigibles, l’expérience est perdue pour eux. J’ai replacé l’empereur François trois fois sur son trône, je lui ai promis de rester en paix avec lui toute ma vie, j’ai épousé sa fille ; je me suis dit dans le temps que je faisais une sottise, mais je l’ai faite et je m’en repens aujourd’hui.
    Metternich, à qui Berthier a osé dire quelques instants auparavant : « N’oubliez pas que l’Europe a besoin de la paix, la France surtout... », Metternich prononce le mot.
    — Eh bien, qu’entendez-vous par la paix ? s’exclame l’Empereur. Voulez-vous me dépouiller ? Voulez-vous l’Italie, le Brabant, la Lorraine ? Je ne cède pas un pouce de terrain ! Je fais la paix sur le statu quo ante bellum... Je donnerai même une partie du duché de Varsovie à la Russie ; je ne vous donnerai rien parce que vous ne m’avez pas battu ; je ne donnerai rien à la Prusse parce qu’elle m’a trahi ; si vous voulez la Galicie occidentale, si la Prusse veut une partie de ses anciennes possessions, cela peut se faire, mais contre compensations. Il faudra alors que vous indemnisiez mes alliés. L’Illyrie m’a coûté deux cent mille hommes à conquérir ; si vous voulez l’avoir, il faut dépenser un nombre égal d’hommes... selon le mot du tsar.
    — Au fait, reprend l’Empereur, vous voulez l’Italie, la Russie veut la Pologne, la Prusse la Saxe et l’Angleterre veut la Hollande et la Belgique. Vous n’aspirez tous qu’au , démembrement de l’Empire français... Oui ! il me faudrait évacuer l’Europe dont j’occupe encore la moitié, ramener mes légions la crosse en l’air derrière le Rhin, les Alpes et les Pyrénées, m’en remettre, pour un avenir douteux, à la générosité de ceux dont je suis aujourd’hui le vainqueur !... Dans quelle attitude veut-on me mettre devant le peuple français ? L’empereur François s’abuse étrangement s’il croit qu’un trône mutilé puisse être, en France, un refuge pour sa fille et son petit-fils... Ah ! Metternich, combien l’Angleterre vous a-t-elle donné pour vous décider à jouer ce rôle contre moi {25}  ?
    L’Empereur entraîne le ministre devant ses cartes, essayant de lui prouver sa force :
    — Je vous donne un autre rendez-vous à Vienne, en octobre prochain.
    — J’ai vu vos troupes, déclare paisiblement Metternich, il n’y a que des enfants. Vous avez fait périr une génération. Que ferez-vous quand ceux-ci auront disparu ?
    L’Empereur bondit :
    — Monsieur, vous n’êtes pas un soldat. Vous ne savez pas ce qui se passe dans l’âme d’un soldat. J’ai grandi sur les champs de bataille et un homme comme moi se f... de la vie d’un million d’hommes.
    Il jette son chapeau à terre, allant et venant dans la pièce, exaspéré par la froide ironie de Metternich qui regarde le chapeau demeuré sur le parquet. Soudain, Napoléon le ramasse et se rapproche de son interlocuteur :
    — Dites-moi, Metternich, n’ai-je pas été un niais d’épouser une princesse autrichienne ?
    — Eh bien, puisque vous me demandez mon opinion, je dirai que Napoléon, le grand conquérant, a fait une faute.
    — Et l’empereur François chassera donc aussi sa fille du trône de France !
    — Sire, l’empereur d’Autriche ne considère que le bien de son empire et ne se laissera guider que par ses besoins, sans s’arrêter au sort de sa

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