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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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Cependant ses ordres ne concernent plus ses armées ou ses escadres, mais une poignée d’hommes. Cette activité lui est nécessaire. Il n’empêche, comme l’a dit Léon Pélissier, qu’il a créé à Isola Elba une machine de Marly là où suffisait un porteur d’eau. On a le coeur serré en parcourant le registre où sont consignées ses décisions. Les ordres de cet homme qui a mené le monde sont réduits à des préoccupations de maîtresse de maison :
    Ordres concernant ses domestiques.
    22 juin : « Dans les grandes chaleurs, les postillons auront pour faire le service une veste et une culotte de nankin. »
    14 juillet : « J’approuve qu’on fasse une retenue sur les gens de la maison qui vont à l’hôpital pour des maladies vénériennes. »
    23 juillet : « Ma lingerie est dans un état déplorable. »
    3 octobre : «  Faites ôter l’épaulette au Suisse ; elle va mal. »
    Son « armée » :
    24 juin : « Il sera accordé, des magasins, à chaque homme de la Garde, et sans retenue, une once de riz par jour, comme préservatif de maladies pendant les chaleurs. »
    9 août : « J’ai déjà donné l’ordre d’envoyer à l’île de la Pianosa un grenadier de la Garde ; envoyez-y également les grenadiers Renaud, André, Badano, Carpentier, et le lancier Sobolowski, ce qui fait six hommes. »
    Presque chaque jour, il lance des ordres afin d’équilibrer son maigre budget, tant que Louis XVIII ne lui versera pas la rente annuelle de deux millions prévue par le traité de Paris.
    22 juin : « Il ne sera donné au petit cheval corse qu’une demi-ration. »
    28 octobre : « Les dépenses pour la pharmacie doivent être payées par la guerre... »
    9 décembre : «  Les brebis qui pâturent à l’île de la Pianosa devront payer un paoli par tête, pour trois mois. »
    Il y a encore les ordres concernant les travaux effectués aux résidences de l’Imperatore :
    2 juillet : « Faites faire l’épreuve de ce qu’un petit chariot du pays, attelé d’un mulet, pourrait porter de briques ou de chaux. »
    3 juillet : « Vous ferez donner, sur les frais de la bâtisse de Saint-Martin, demi-boisseau d’avoine en gratification aux chevaux qui seront employés au transport des matériaux... On devra préparer d’avance les tringles pour rideaux. »
    20 août : « On fera autour de la maison de Corsi des palis pour empêcher que la basse-cour ne s’échappe dans les vignes... »
    11 septembre : « Les chevaux qui sont ici (à Longone) n’ont ni mangeoires, ni râteliers. »
    15 octobre. Au grand maréchal Bertrand : « Grondez le jardinier de ce qu’il a employé trois jardiniers pendant le mois, pour un jardin grand comme la main. »
    6 novembre. Au grand maréchal Bertrand : « Pour arranger le talus en gazon et différents transports, trente francs ; pour couper le gazon, cinq francs ; pour arracher des arbustes, six francs. »
    Il se consacre tout de même à une activité plus effective : transformer l’île. En un peu plus de dix mois, la physionomie d’Elbe a été si radicalement changée que la marque impériale s’y devine encore aujourd’hui : routes, ponts, irrigation, hygiène, voirie, mise en valeur de la maigre culture à laquelle il ajoute celle des oliviers et des mûriers. Tout ici est son oeuvre. Sans cesse, il arpente son domaine. Le colonel Campbell le voit un jour se promener à pied sous un soleil ardent depuis cinq heures du matin jusqu’à trois heures de l’après-midi, puis après avoir inspecté sa « flotte », il fait trois heures de cheval « pour se défatiguer  », explique-t-il à l’Anglais, stupéfait.
    On a dit avec raison que ce bourdonnement inlassable du roitelet cachait une intense activité secrète. Napoléon a-t-il, dès son arrivée, préparé son évasion et son retour ? Bien que le vol de l’Aigle, au mois de mars 1815, paraisse n’avoir pu se produire sans quelques accords, sans quelques promesses aussi, et même, sans quelques compromissions, il ne semble pas qu’il y ait eu un véritable complot. Si Louis XVIII avait payé la pension prévue par le traité, si Marie-Louise, tenant son fils par la main, était venue rejoindre le proscrit, Napoléon aurait peut-être accepté son exil...
    L’Empereur tient à être exactement renseigné sur les événements. Et pour cela, il emploie autant, sinon plus, d’espions que les Alliés n’en ont engagé pour surveiller leur ancien

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