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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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Caulaincourt ou des Ségur... !
    Il a terriblement grossi et si, ce jour-là, il a gravi le chemin à pied, la montée sur les dalles rocheuses, coupées de marches plus hautes au fur et à mesure que l’on approche du but, a dû lui paraître atroce. Enfin, à mi-pente, couronnant un petit bois de châtaigniers dont les fruits, en cette fin de mois d’août, sont d’un vert presque jaune et prêts à éclater, voici l’ermitage.
    Précédé d’une croix de fer, un enclos bordé par un muret entoure quatre gros et vieux châtaigniers, aux troncs noueux, et dont les feuillages épais ombragent la petite église. Le sommet du campanile est crénelé en cette forme palmée si fréquente en Italie, qui permettait aux archers de tirer tout en demeurant protégés. De l’autre côté, face à l’entrée du sanctuaire, en demi-cercle, un mur orné de colonnes doriques sert de cadre à trois masques d’où s’échappe une eau claire et pure. À droite, séparé de la chapelle par un chemin, le Romitorio, une maison basse, tout en longueur, qui existe toujours. Le rez-de-chaussée, étant donné la dénivellation de la montagne, devient, du côté de l’abîme, un premier étage. C’est là, dans les cinq misérables pièces servant habituellement de cellules à des moines, que l’Empereur recevra Marie.
    Afin de tout préparer, il envoie cet ordre au Grand-Maréchal, demeuré à Porto-Ferrajo : « J’ai apporté mes trois lits de fer. J’ordonne qu’on en descende un à Marciana pour Madame Mère. Elle sera bien dans la maison de l’adjoint... elle aura une chambre pour elle et trois pour son personnel. Il y a dans cette maison les gros meubles nécessaires. Je ferai ajouter une commode. Je crois qu’il y a assez d’objets de cuisine, de bougies et de lumières. Envoyez trois rideaux pour sa chambre. Les tringles y sont. Envoyez-nous des feux, des pelles et des pincettes. Je crois que c’est avec raison qu’on dit qu’il faut faire du feu le soir. »
    Deux lits demeuraient à l’Ermitage... Un pour lui, l’autre pour Marie. Mais en attendant sa chère Polonaise, il écrit – le 28 août – à Marie-Louise : « Je suis ici, dans un ermitage à six cents toises au-dessus de la mer, ayant le coup d’oeil de toute la Méditerranée, au milieu d’une forêt de châtaigniers... Ce séjour est très agréable. Ma santé est fort bonne, je passe une partie de la journée à chasser. »
    Il s’en va rêver aussi, assis sur un rocher – l’Affaciatoio – qui, à cinq minutes de l’Ermitage, surplombe la mer. De là, il voit d’abord une partie de son royaume. « L’Ile du Repos », avait-il dit en arrivant ici, une île qui lui avait alors semblé grande, comme elle le paraît à ceux qui en font aujourd’hui le tour. Il y a tant de criques, de caps, de golfes, de pointes, d’îlots – cent quarante-sept kilomètres de côtes – qu’Elbe fait d’abord illusion ! Et puis, on comprend l’exclamation de l’Empereur :
    — Ah ! que mon île est petite !
    Après les Tuileries, les Mulini de Porto-Ferrajo ! Après Fontainebleau, Rambouillet et Trianon : la maison paysanne de San Martino et maintenant le Romitorio de la Madonna del Monte !
    Mais ce n’est pas cette île devenue sa prison qu’il regarde s’étaler à ses pieds, du haut de ce rocher. C’est le rivage et les montagnes de la Corse qu’il contemple durant de longues heures. Cette Corse où il est né, cette Corse que, petit « capitaine instruit », il avait définitivement quittée à la veille du siège de Toulon, pour conquérir le monde ! Les Buonaparte étaient alors traqués par les Paolistes. Sa famille, fugitive, l’accompagnait. Ses soeurs installées à La Valette allaient devoir laver leur linge à la fontaine publique du bourg, alors que Napoleone, ayant tellement tardé à rejoindre son corps, était alors considéré comme un émigré ou un déserteur.
    Il y avait de cela vingt-deux ans !
    Toute l’épopée n’avait duré que vingt-deux années ! En vingt-deux ans il était devenu le plus grand homme de guerre de tous les temps, il avait construit une France de cent trente départements, il était chez lui de Brest à Varsovie et de Hambourg à la pointe de la botte italienne, il avait été couronné par le Pape, il avait donné à la France et à l’Europe leur structure, leurs lois et leur code, il avait créé des royaumes, fondé des États !...
    En vingt-deux années !
    Et maintenant,

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